WILDAF-AO

SITUATION DES FEMMES EN CÔTE D’IVOIRE

Situation des femmes en Côte d’Ivoire

Mis à jour février 2014

ORIENTATIONS POLITIQUES ET STRATEGIQUES GENERALES

La Côte d’Ivoire a participé à la 4ème conférence Mondiale sur les femmes à Beijing en 1995 et s’est engagée à mettre en œuvre les recommandations de ladite conférence et d’en assurer le suivi. Conformément à la déclaration du millénaire et à ses objectifs en matière de développement, le Gouvernement a pris des mesures d’ordre politique, législatif et administratif pour assurer la promotion de l’égalité entre les sexes.
Aussi au plan international, la Côte d’Ivoire a-t-il souscrit à ou ratifié différentes conventions des Nations Unies dont :

La charte des Nations Unies qui réaffirme la foi dans les droits fondamentaux de l’homme dans la dignité et la valeur de la personne humaine et dans l’égalité des droits de l’homme et de la femme.

La déclaration universelle des droits de l’homme qui affirme le principe de la non-discrimination et proclame que tous les êtres humains naissent libres et égaux en dignité et en droit, et que chacun peut se prévaloir de tous les droits et de toutes les libertés, sans discrimination aucune, notamment de sexe.

  • Les textes issus de la Vingt troisième Session extraordinaire de l’Assemblée Générale (2000),
  • La Convention relative à l’Elimination de toutes Formes de Discriminations à l’Egard des Femmes (CEDEF 1995),
  • Le Protocole à la charte africaine des droits de l’homme et des peuples relatif aux droits de la femme signé non encore ratifié
  • La Charte Africaine des Droits de l’Homme et des peuples
  • La convention sur les droits politiques de la femme (adhésion le 6 septembre 1995 par la Côte d’Ivoire).
  • Le protocole facultatif à la CEDEF qui donne le droit de présenter des plaintes au titre de la convention.
  • Les Objectifs du Millénaire pour le Développement (2000).

Au plan national :

• Le principe d’égalité entre homme et femme consacré dans la première Constitution du pays est réitéré et renforcé dans la Constitution du 23 juillet 2000 qui interdit toute forme de torture et de violence physique et morale, de mutilations et d’avilissement.
• le Ministère de la famille, de la Femme et des Affaires sociales assure la mise en œuvre et le suivi de la politique du Gouvernement en matière de protection de la famille, de la femme, de l’enfant et des affaires sociales. Ce Ministère est donc l’instrument du Gouvernement chargé de veiller à l’égalité entre les sexes et à la démarginalisation des femmes.
• Plusieurs Plans d’Action National ont été élaborés, notamment :

 le Plan National d’Action de la Femme (PNAF, 2003-2007), adopté en 2002, ce plan vise à contribuer à instaurer les changements nécessaires à la réduction des disparités entre les hommes et les femmes et à favoriser l’accès de ces dernières à plus d’équité et d’égalité, tout en améliorant leurs conditions de vie ;
 le Plan National d’Action de la Population (2002-2006) qui comporte un sous-programme visant, entre autres, le renforcement du pouvoir économique des femmes ;
• la création d’une Direction chargée de légalité et de la promotion du genre au sein du Ministère de la Famille, de la Femme et des Affaire sociales
• Le document de Politique Nationale de l’égalité des chances, de l’équité et le genre proposé par le Ministère de la famille, de la Femme et des Affaires sociales a été adopté en Conseil des Ministres le jeudi 23 avril 2009. L’objectif visé par cette politique nationale est d’œuvrer pour que l’environnement national soit favorable à la prise en compte du genre dans les secteurs de la vie publique et privée en vue d’un développement équitable et durable profitable à chaque habitant de la Côte d’Ivoire.
-les reformes du code de la famille relatives à l’égalité des sexes dans le mariage adopté en 2012, ces reformes respectent l’article 6 du protocole à la charte africaine des droits de l’homme et des peuples relatif aux droits de la femme en Afrique
Pour ce faire, quatre axes ont été retenus et portent sur :
– la gouvernance et les droits de l’homme ;
– le cadrage macro-économique et le processus d’élaboration du budget de l’Etat ;
– la reconstruction et les services sociaux de base ;
– et le renforcement des capacités et des mécanismes institutionnels de suivi et évaluation.

LA PARTICIPATION DES FEMMES A LA VIE ECONOMIQUE

Source : Participation des femmes à la vie publique, UNESCO, version 2002
Secteur primaire (agriculture, élevage)

Les femmes représentent 60 à 70 % de la population active dans ce secteur. Cependant, elles ne bénéficient ni du fruit de leur travail (production, transport, distribution), ni même du pouvoir de contrôle et de gestion qui devraient leur revenir.
Signalons toutefois que progressivement les femmes rurales en Côte d’Ivoire, même si le nombre est insignifiant, accèdent à la propriété foncière et gèrent des exploitations agricoles de taille relativement importante (plus de 10 ha) pour les produits les plus divers : café, cacao, ananas, bananes, hévéa, palmier à huile, manioc, maïs, ignames, légumes.
Dans les zones urbaines, elles pratiquent les cultures maraîchères.
Les femmes se tournent également vers les activités telles que la pisciculture, l’élevage de bovins, d’ovins, de volailles et de porcins. L’on a enregistré quelques femmes lauréates de la « Coupe nationale du progrès ». Cette coupe avait été instituée pour encourager la production agro-pastorale. Chaque année, elle récompense les lauréats ayant fait un chiffre d’affaires de plusieurs dizaines de millions. On note donc que les secteurs informels et traditionnels sont les domaines de prédilection des femmes.

Pour permettre aux femmes d’être plus efficaces et compétitives, le gouvernement les a incitées à s’organiser en groupements à vocation coopérative (G.V.C) susceptibles de leur accorder plus d’importance et de poids dans leurs rapports avec les opérateurs économiques intéressés par leurs productions.
Secteur secondaire (petites et moyennes industries (PMI) et entreprises (PME)
Les difficultés économiques ayant forcé bon nombre de grosses entreprises et usines à fermer, c’est vers le développement des PME et PMI que les pouvoirs publics se sont tournés. Aussi le secteur des PMI commence-t-il a être occupé par une forte proportion de femmes. Les femmes entreprennent dans des secteurs variés tels que : l’immobilier, la papeterie, la fabrique de produits laitiers, la vente de produits alimentaires et cosmétiques, le textile avec des chiffres d’affaires de plusieurs centaines de millions. Les emplois dans le secteur secondaire représentent 16,7 % de la population nationale active. Les femmes représentent 3,5 % d’entre eux.
Les femmes jouent un rôle important dans le développement touristique de la Côte d’Ivoire, surtout au niveau de la restauration.
Secteur tertiaire (commerce, services, administration)
En 1991, les femmes représentaient 22 % de la population active travaillant dans ce secteur dont :
– 47 % dans l’éducation
– 11 % dans la santé
– 18 % dans l’administration générale.
En 2001, elles représentent 33 % de la population active travaillant dans ce secteur.
En conclusion partielle, les femmes ivoiriennes ont accompli des progrès considérables, surtout durant les deux dernières décennies où elles sont massivement sorties de leur foyer pour y apporter des revenus et contribuer à l’édification du patrimoine familial, elles sont nombreuses celles qui offrent des services tels que : le petit commerce, la cafétéria, la couture, la coiffure, secrétaires ambulantes, tenancières de restaurants » africains » communément appelés » maquis » etc….

Le commerce des vivriers, des produits de pêche, des vêtements, constitue le domaine de prédilection des Ivoiriennes. Ce sont en effet les femmes qui assurent l’approvisionnement des marchés en denrées alimentaires.
Les hommes qui ont perdu leur emploi avec la crise socio-économique, ont par la même occasion observé leurs épouses analphabètes ou non jouer discrètement le double rôle de chef de ménage et de mère de famille.

LES VIOLENCES FAITES AUX FEMMES

Selon une enquête à indicateurs multiples (MICS) de 2006, les violences à l’égard des femmes demeurent courantes et préoccupantes. Les violences sexuelles et physiques se sont accrues avec la crise. Le taux des femmes victimes de violences sexuelles s’élève à : Man 41 %, Duekoué 35 % et Korhogo 26 %.
Mutilations génitales féminines
En règle générale, les mutilations génitales féminines sont réprimées au regard de la loi Nº 98/757 du 23 décembre 1998 portant répression de certaines formes de violences à l’égard des femmes. Cependant, en raison de l’absence de plaintes de la part des victimes et de leurs familles, due aux contingences culturelles les Cours et Tribunaux ivoiriens connaissent très rarement des affaires relatives aux mutilations génitales féminines.
Les mutilations génitales féminines, notamment les excisions, continuent de s’opérer sur l’ensemble du territoire. Elles affectent aussi bien les filles d’un an que celles d’un âge avancé. Selon l’ARK, entre 60 et 70% des femmes habitant la partie nord du pays ont subi une excision. Le 23 septembre 2006, dans un village proche de Bouaké, 27 filles ont été excisées. D’autres cas ont été répertoriés à Korhogo, notamment dans les villages de Koni (50 cas) et Lataha (40 cas) et dans plusieurs autres villages dans la région d’Odienné. Pourtant, les exciseuses n’ont jamais été inquiétées. (7e Rapport de l’ONUCI sur la situation des droits de l’homme en Côte d’Ivoire -Septembre – Octobre – Novembre – Décembre 2006).
Les mutilations génitales féminines, réprimées par la loi N°98-757 du 23 Décembre 1998, continuent d’être pratiquées malgré leurs conséquences sur la santé de la femme. Cette pratique touche environ 36% des femmes de 15-49 ans.
Répartition (en %) des femmes par département selon la pratique de l’excision Sources : Crise et violences basées sur le genre en Côte d’Ivoire : résultats des études et principaux défis, MFAS/ UNFPA/UNICEF/UNIFEM/PNUD, Octobre 2008

CONCLUSION
Malgré l’existence d’une égalité de droit, le partage des pouvoirs et des responsabilités entre femmes et hommes ainsi que l’accès aux ressources économiques, sociales et culturelles demeurent très inégalitaires en raison de la persistance de modèles traditionnels de répartition des rôles. Il existe encore des pesanteurs à la promotion de la Femme.

On peut citer :
 La pauvreté, les femmes sont particulièrement affectées par la pauvreté du fait de leur situation déjà précaire :
– Analphabétisme (67 %)
– Salaire inférieur à celui des hommes
– Difficile accès aux crédits formels dû aux procédures bancaires, aux garanties, à l’aval ainsi qu’à la faible mobilisation de l’épargne des femmes et aux facteurs de production (terre, intrants….)
– Grand nombre d’activités non rémunérées (travaux agricoles, domestiques).
 Le manque d’informations sur les opportunités d’accès au crédit, sur les secteurs porteurs de l’économie, sur les politiques de commercialisation (OPA – Organisation professionnelle agricole).
 La faible représentation des femmes aux postes de prises de décision dans les domaines politiques, financiers, fiscaux, commerciaux, industriels…
 La non-prise en compte des préoccupations des femmes dans les chambres de métiers.
 L’accès difficile à la propriété foncière dû aux droits post-coloniaux et aux droits coutumiers.
 La crise économique qui affecte le secteur moderne et les effets pervers de l’ajustement structurel.
 Beaucoup de jeunes filles scolarisées n’achèvent pas leur cursus scolaire
 Le manque de formation qualifiante pour maîtriser les techniques de production, de transformation, de commercialisation et de conservation.
 La hiérarchisation des structures sociales traditionnelles et modernes fortement guidée par la légitimation et la domination masculine et la subordination féminine
 Le grand nombre d’obligations et de charges familiales qui pèsent sur la femme et qui la tiennent éloignées de la vie publique
 Le mode de fonctionnement social fortement inspiré des stéréotypes sexistes négatifs
 Les pratiques coutumières et religieuses qui freinent les possibilités d’accès des femmes aux moyens de production
 Les violences faites aux femmes
 la non-application des lois en faveur de la femme
 La persistance des lois discriminatoires à l’égard de la femme (la femme paie plus d’impôts que l’homme)
 Les nombreuses maternités qui, par l’indisponibilité qu’elles engendrent, constituent un frein à la promotion de la femme.
Le WiLDAF en Côte : Présentation et activités

Brochure de présentation du WiLDAF-CI

Réforme du Code de la famille en Côte d’ivoire
Le projet de loi portant sur l’abrogation de l’article 53 et modifiant les articles 58, 59, 60, 67 de la loi N°64-375 du 07 octobre 1964 relative au mariage telle que modifiée par la loi N°83-800 du 02 août 1983 a été adopté le mercredi 21 novembre 2012 par l’Assemblée Nationale.
Sur 229 députés présents (l’Assemblée comprend 240) :
– 06 ont voté contre
– 06 se sont abstenu
– 217 ont voté pour

L’Article 58 nouveau dispose : « La famille est gérée conjointement par les époux dans l’intérêt du menage et des enfants »
Le nouveau code est en conformité avec l’Article 6 du Protocole à la Charte Africaine des Droits de l’Homme et des Peuples relatif aux Droits de la Femme en Afrique qui dispose que « Les Etats veillent à ce que l’homme et la femme jouissent de droits égaux dans le mariage. A cet égard les Etats adoptent des mesures législatives appropriées pour le garantir » … « la femme et l’homme contribuent conjointement à la sauvegarde des intérêts de la famille, à la protection et à l’éducation de leurs enfants ».
Cliquez sur l’icone pour lire le Nouveau code.