Le deuxième rapport de suivi de la Stratégie continentale de l’éducation pour l’Afrique (CESA) et de l’Objectif de développement durable 4 (ODD 4), publié conjointement par l’UNESCO, l’UNICEF et l’Union africaine, fournit une évaluation complète des progrès accomplis dans la réalisation des cibles fixées pour l’éducation en Afrique.
Ce rapport, intitulé Transformer l’apprentissage et le développement des compétences en Afrique, souligne l’urgence d’une action coordonnée pour renforcer les systèmes éducatifs et équiper la jeunesse africaine des compétences et des connaissances nécessaires à un avenir durable.
Il a été lancé le 7 avril lors du Forum régional africain sur le développement durable à Kampala, en Ouganda.
Quelles sont les principales conclusions du rapport ?
Le rapport fait état de progrès extrêmement limités. Bien que 75 millions d’enfants africains supplémentaires soient inscrits à l’école aujourd’hui par rapport à 2015, le nombre d’enfants non scolarisés a augmenté de 13,2 millions pour atteindre plus de 100 millions au cours de la même période.
L’absence d’amélioration de la qualité de l’éducation est encore plus alarmante, qu’elle soit mesurée en termes d’infrastructures de base ou de résultats d’apprentissage. Aujourd’hui, l’élève moyen en Afrique a à peu près autant de chances d’avoir un enseignant qualifié et d’avoir accès aux installations de base telles que l’eau et l’électricité que ses pairs d’il y a 10 ans.
En ce qui concerne les résultats d’apprentissage, les données disponibles suggèrent que les niveaux sont très faibles et diminuent plutôt qu’ils n’augmentent. Selon les données actuelles, on estime que quatre enfants sur cinq âgés de 10 ans en Afrique sont incapables de lire et comprendre un texte simple.
Quels sont les principaux défis à relever pour un accès et une rétention équitable en Afrique ?
Le rapport explique l’absence de progrès significatifs par trois facteurs contextuels majeurs : la croissance démographique rapide sur le continent, les crises humanitaires et la fragilité persistante, et le financement inadéquat des systèmes éducatifs.
Plutôt que d’augmenter les investissements dans l’éducation, conformément aux engagements internationaux et à la hauteur de la croissance démographique, les pays africains investissent généralement moins dans l’éducation aujourd’hui qu’en 2015 et en 2020. Le déficit annuel moyen de financement de l’éducation en Afrique s’élève à 77 milliards de dollars des États-Unis.
Les principaux facteurs à l’origine de l’inégalité d’accès sont la localisation et le niveau de richesse. Les enfants et les jeunes des communautés rurales et marginalisées continuent d’être touchés de manière disproportionnée par les inégalités en matière d’éducation. Dans certains pays, les taux d’achèvement de l’enseignement secondaire chez les jeunes ruraux sont jusqu’à 20 points de pourcentage inférieurs à ceux de leurs pairs urbains.
Le manque d’installations scolaires, la pénurie d’enseignants et l’insuffisance des ressources creusent encore l’écart. Par exemple, l’Afrique doit recruter au moins 15 millions d’enseignants supplémentaires pour atteindre les objectifs de l’enseignement primaire et secondaire d’ici 2030.
L’éducation de la petite enfance reste sous-développée dans de nombreuses régions et les taux de transition de l’école primaire à l’école secondaire varient considérablement. Alors que les taux d’achèvement de l’enseignement primaire, du premier cycle et du deuxième cycle du secondaire augmentent, ils augmentent à un rythme très lent – moins d’un pour cent par an en Afrique du Nord et en Afrique subsaharienne. Dans le même temps, le travail des enfants, les mariages précoces et l’insécurité contribuent à des taux élevés d’abandon scolaire, en particulier chez les filles, ce qui ne fait qu’aggraver la crise.
Comment la gouvernance et la gestion du système éducatif peuvent-elles stimuler la transformation ?
Une gouvernance et une gestion efficaces sont essentielles à la transformation des systèmes éducatifs en Afrique. De nombreux pays du continent sont confrontés à des défis importants en matière de planification, de financement et de mise en œuvre de politiques fondées sur des données probantes. Le manque d’investissements dans l’éducation, en particulier dans les pays à faible revenu, limite la capacité à élargir l’accès, à améliorer les infrastructures et à fournir un apprentissage de qualité pour tous.
Plusieurs pays améliorent leurs stratégies de financement de l’éducation, renforcent la responsabilité dans la gestion des écoles et adoptent des politiques fondées sur des données afin d’améliorer l’efficacité du système. Le renforcement des plans nationaux d’éducation, l’augmentation des financements nationaux et internationaux et la promotion de la collaboration régionale sont des étapes essentielles vers une réforme durable de l’éducation.
Quelles sont les principales recommandations du rapport continental ?
Le rapport identifie cinq recommandations principales pour que l’éducation en Afrique prospère :
- Optimiser l’utilisation des ressources existantes – le principe est de tirer parti des ressources limitées disponibles, telles que les infrastructures physiques, les technologies de faible technicité, les programmes d’alimentation scolaire locaux, les pédagogies prometteuses, etc.
- Optimiser l’utilisation des données et des preuves – la plupart des interventions et des orientations en matière d’éducation nécessitent des données plus nombreuses et de meilleure qualité, ainsi que des plans et des décisions fondés sur des données probantes.
- Renforcer l’implication des communautés locales – les éducateurs, les parents et les acteurs locaux doivent jouer un rôle essentiel afin de garantir que les systèmes éducatifs tiennent mieux compte des réalités et des besoins locaux.
- Améliorer la coordination et la collaboration – des niveaux élevés de coordination et de collaboration sont souvent cités comme les principaux facteurs de changement et de réussite.
- Amplifier les interventions prometteuses en matière d’éducation et les adapter aux contextes spécifiques – les solutions efficaces doivent s’alignent sur les priorités locales, être réalisables en termes de ressources et être accompagnées d’une solide stratégie de mise à l’échelle.
Ce nouveau rapport continental conjoint est le deuxième d’une série visant à faire le point sur l’éducation en Afrique. Le premier rapport continental, L’éducation en Afrique : placer l’équité au cœur des politiques, a été publié en 2023 par l’UNESCO et l’Union africaine.
L’UNESCO est en première ligne pour faire progresser l’éducation en Afrique, portée par son engagement à garantir une éducation inclusive, de qualité et équitable pour tous. En collaboration avec les États membres africains, l’Organisation met en œuvre des initiatives à grande échelle visant à améliorer l’accès à l’éducation, à renforcer la qualité de l’enseignement et à promouvoir les opportunités d’apprentissage tout au long de la vie.
Source:https://www.unesco.org/fr/articles/ce-quil-faut-savoir-sur-letat-de-leducation-en-afrique?hub=343
Comment les pays africains améliorent-ils la qualité de l’éducation et le développement des compétences ?
Au-delà de l’accès, la garantie d’une éducation de qualité pour les élèves reste un obstacle important. De nombreux apprenants continuent de lutter contre des déficits d’apprentissages fondamentaux, ne parvenant pas à acquérir les compétences de base en lecture, écriture et calcul. Des programmes dépassés, une formation insuffisante des enseignants et un manque de matériel pédagogique pertinent entravent les résultats de l’éducation à tous les niveaux.
En réponse à ces défis, plusieurs pays africains réforment leurs programmes d’études, introduisent l’apprentissage par compétences et renforcent les programmes de développement professionnel des enseignants. L’accent est également mis de plus en plus sur l’enseignement et la formation techniques et professionnels (EFTP), conçus pour doter les étudiants de compétences pratiques correspondant aux besoins du marché du travail. Toutefois, pour garantir le succès à long terme, il est essentiel de maintenir des investissements soutenus dans la qualité de l’enseignement, de disposer de ressources d’apprentissage modernes et de renforcer les liens entre l’éducation et l’emploi.