Malgré leur potentiel énorme, les technologies, les outils numériques et Internet perpétuent également les disparités entre les genres et soumettent les femmes et les filles à de nouvelles formes d’oppression.
Pour un grand nombre de personnes, le terme « violence basée sur le genre facilitée par la technologie » est certes nouveau, mais ce type de violence n’est pas récent.
La violence basée sur le genre facilitée par la technologie se présente sous de nombreuses formes, notamment des cyberintimidations, du harcèlement en ligne, des discours de haine, la divulgation de données personnelles, l’exploitation d’images intimes, le trolling ou des hypertrucages (deepfakes).
Les femmes, les filles et les personnes de genre non conforme sont davantage exposées au risque d’être ciblées et de subir des conséquences plus graves et plus durables en raison de leur genre. Diverses études dans le monde montrent que 16 à 58 % des femmes et des filles ont été ciblées par des violences en ligne.
Les incidences de ce type de violence dépassent la sphère numérique et creusent les inégalités, représentant une importante menace aux droits et à la sécurité des femmes en ligne et hors ligne.
Quel est l’impact de la numérisation sur la violence à l’égard des femmes et des filles ?
Pour empêcher efficacement la violence en ligne et facilitée par la technologie, il est essentiel d’en comprendre les spécificités et l’impact sur les femmes et les filles.
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La vitesse, l’ampleur et l’impact de la violence en ligne facilitée par la technologie confèrent à cette dernière des caractéristiques uniques qui la distinguent des autres formes de violences basées sur le genre. Étant donné que de tels abus peuvent très vite franchir les frontières, ils sont d’autant plus difficiles à empêcher et à stopper. Du contenu et des images préjudiciables et menaçants sont diffusés et partagés (ou l’on menace de les partager), la violence et les abus sont répétés, et les victimes et personnes qui y survivent subissent un traumatisme supplémentaire.
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Selon une étude menée dans la région des États arabes par ONU Femmes en 2021, 60 % des femmes internautes ont été exposées à des violences en ligne cette année-là. Une étude européenne révèle que les femmes sont 27 fois plus susceptibles de subir du harcèlement en ligne que les hommes, et d’après une autre analyse, 92 % des femmes signalent que la violence en ligne a des répercussions négatives sur leur bien-être.
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Cela a une influence négative sur l’expression des femmes qui évoluent dans la sphère publique. Une étude sur la violence en ligne à l’égard des femmes journalistes révèle que 73 % des femmes journalistes ont fait l’objet de violences en ligne. Selon un rapport reposant sur des entretiens avec des femmes publiques dans 15 pays d’Amérique latine et des Caraïbes, 80 % des personnes interrogées ont limité leur participation en ligne de crainte d’exprimer leurs opinions sur certains sujets ainsi qu’en raison de préoccupations pour leur sécurité physique et leur vie. Une autre étude indique que 46 % des femmes parlementaires en Afrique ont subi des attaques sexistes en ligne.
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Les jeunes femmes, les filles, les personnes LGBTIQ+, les femmes handicapées et les groupes de femmes racialisées, minorisées et migrantes ont plus de risques de subir des formes plus extrêmes et plus fréquentes de violence numérique.
Stratégies de prévention de la violence à l’égard des femmes et des filles dans le monde numérique
Engagement des jeunes
Selon diverses études mondiales, la plupart des femmes signalent qu’elles avaient entre 14 et 16 ans la première fois qu’elles ont été harcelées sur les réseaux sociaux, et une étude indique que 58 % des jeunes femmes et des filles interrogées ont évoqué une forme de harcèlement en ligne. ONU Femmes travaille en étroite collaboration avec les jeunes pour trouver des solutions à ces formes complexes de violence qui les ciblent de façon disproportionnée.
En Asie et dans le Pacifique, la cohorte régionale de jeunes de l’initiative « 30 pour 2030 » a créé une boîte à outils pour les réseaux sociaux en vue de sensibiliser les jeunes, de leur donner les moyens d’agir et de formuler des recommandations sur la prévention de la violence basée sur le genre facilitée par la technologie à l’intention des gouvernements, du secteur privé, des écoles et des organisations dirigées par des femmes et par des jeunes.
En Afrique, une Conférence internationale de la jeunesse, organisée par plusieurs agences des Nations Unies, a permis de faire ressortir des solutions face à la violence facilitée par la technologie à l’égard des femmes et des filles. Les jeunes participants ont appelé à la promulgation de réformes juridiques, à une plus grande représentation des femmes dans les prises de décisions, à une meilleure information et à l’exercice d’une pression accrue sur les fournisseurs de services numériques afin qu’ils renforcent leurs dispositifs de protection.
Appeler à accroître la redevabilité et la représentation des femmes et des filles
Les femmes et les filles demeurent sous-représentées dans la création, l’utilisation et la réglementation des technologies. Seulement 28 % des diplômés en ingénierie, 22 % des travailleurs dans l’intelligence artificielle et moins d’un tiers des employés du secteur des technologies à l’échelle mondiale sont des femmes. Cela limite l’autonomisation numérique des femmes et des filles tout en entravant le potentiel transformateur des technologies.
Un grand nombre de technologies numériques novatrices sont encore largement sous-réglementées. Des mesures efficaces pour relever les défis associés à l’utilisation de ces technologies sont essentielles, particulièrement celles qui sont susceptibles d’avoir des répercussions néfastes sur l’égalité des sexes et l’autonomisation de toutes les femmes et les filles. Lorsqu’ils créent et mettent à jour leurs produits technologiques, les fournisseurs de services en ligne doivent faire preuve de proactivité dans l’atténuation des risques d’utilisation détournée des technologies à l’encontre des femmes et des filles et privilégier l’éthique, la sécurité et la confidentialité au cours de la phase de conception de ces produits.
Campagnes numériques
Des outils numériques innovants peuvent être particulièrement utiles pour s’attaquer à la violence en ligne facilitée par la technologie sur les plateformes où elle est très répandue.
La campagne Fireflies (lucioles) a créé un réseau international de soutien et permis de sensibiliser l’opinion publique mondiale en offrant un espace numérique plus sûr aux femmes et aux filles.
ONU Femmes a également publié une série de vidéos présentant des femmes du monde entier, des animations et des statistiques pour informer et engager divers publics sur les technologies et la violence. On peut notamment citer le court métrage « Amira : un jour dans la vie d’une femme victime de violence en ligne », qui explique ce que signifie la violence en ligne à l’égard des femmes et des filles pour les victimes et comment réagir à de telles attaques.
Partenariats multisectoriels
En 2021, ONU Femmes a lancé Génération Égalité, la plus grande initiative mondiale visant à promouvoir les investissements dans l’égalité des sexes et sa mise en œuvre. Les gouvernements, les organisations de la société civile et les partenaires du secteur privé se sont engagés à élaborer des politiques et des solutions et à prévenir la violence basée sur le genre facilitée par la technologie d’ici à 2026.
ONU Femmes contribue également au Partenariat mondial pour l’action contre le harcèlement et les abus en ligne fondés sur le genre, mis en place en 2022.
Ces efforts visent à donner aux femmes les moyens d’agir, à combler le fossé numérique et à créer un environnement en ligne plus sûr, qui favorise l’égalité des sexes et l’autonomisation.
En savoir plus sur le travail que mène ONU Femmes contre la violence basée sur le genre facilitée par la technologie.
Source:unwomen.org