Quinze ans plus tard, les victimes méritent d’obtenir justice
(Bruxelles) – Le 31 juillet 2024, un tribunal national guinéen devrait rendre un verdict, notamment sur les demandes de réparation faites dans le cadre du procès historique de 11 hommes accusés d’être responsables de l’horrible massacre perpétré dans un stade en 2009, a déclaré aujourd’hui Human Rights Watch, qui a publié un document de questions réponses mis à jour sur les audiences.
Le matin du 28 septembre 2009, plusieurs centaines de membres des forces de sécurité guinéennes ont fait irruption dans un stade de la capitale, Conakry, et ouvert le feu sur des dizaines de milliers de partisans de l’opposition rassemblés pacifiquement. En fin d’après-midi, au moins 150 Guinéens avaient été tués ou étaient en train de mourir à l’intérieur du stade ou dans son périmètre, tandis que des dizaines de femmes présentes ont subi des violences sexuelles brutales de la part des forces de sécurité. Les forces de sécurité se sont ensuite lancées dans une opération de dissimulation, inhumant les corps dans des fosses communes.
« Ce verdict constitue un moment de vérité tant attendu pour les victimes et leurs familles qui ont appelé à plusieurs reprises à établir les responsabilités du massacre du stade de 2009 », a déclaré Tamara Aburamadan, conseillère juridique auprès du programme Justice internationale. « Quinze ans plus tard, les victimes et les survivants méritent d’obtenir justice. »
Le questions réponses détaille les éléments suivants :
- Le contexte du procès ;
- L’identité des 11 accusés et leurs droits dans le cadre de ce procès ;
- Le contexte politique actuel de la Guinée ;
- Les principaux défis soulevés au cours de la procédure et préoccupations concernant les retards, la sécurité, les ressources et la demande du parquet de requalifier les accusations en crimes contre l’humanité ;
- Le rôle des victimes et des survivants dans le procès et leur droit à des réparations ;
- Les recommandations aux autorités guinéennes et aux entités internationales pour continuer à soutenir les efforts judiciaires.
Une annexe au document fournit un résumé détaillé récapitulant les 18 mois de procès, qui s’appuie sur le travail de Human Rights Watch en tant qu’observateur et sur la couverture médiatique.
Ce procès est le premier à se tenir à l’encontre de responsables guinéens de haut rang accusés de s’être livrés à des atrocités de grande ampleur dans le pays. Les audiences ont été suivies et discutées à travers toute la Guinée.
Le jour où sera prononcé le verdict devrait susciter beaucoup d’attention, comme cela avait été le cas pour l’ouverture du procès le 28 septembre 2022. La salle d’audience était remplie de victimes, de membres de leurs familles et de journalistes, tandis que le procès était retransmis en direct à la télévision guinéenne et sur YouTube.
Les médias guinéens et internationaux ainsi que les observateurs peuvent suivre la retransmission en direct du verdict et demander également une accréditation pour assister à l’audience à Conakry.
Ce procès mérite de recevoir une attention internationale en raison de la gravité des crimes jugés mais aussi parce qu’il démontre que les tribunaux nationaux sont essentiels dans la lutte contre l’impunité. Les leçons tirées de l’expérience guinéenne pourraient jouer un rôle important en encourageant les meilleurs pratiques dans le pays et à l’échelle internationale, a déclaré Human Rights Watch.
Source:hrw.org