WILDAF-AO

Près d’un quart des adolescentes âgées de 15 à 19 ans qui ont eu une relation auront subi des violences de la part d’un partenaire intime avant d’atteindre l’âge de 20 ans. C’est l’une des conclusions de la première analyse détaillée de l’Organisation mondiale de la santé sur la violence entre partenaires intimes chez les filles.

Nadine Dreyer, de The Conversation Africa, s’est entretenue avec le chercheur Anthony Ajayi, qui a étudié la violence entre partenaires intimes à l’encontre des jeunes adolescentes en Afrique, pour en savoir plus sur cette forme d’abus.

Quelles sont les conclusions du rapport de l’OMS ?

C’est la première fois que l’OMS publie une analyse détaillée sur la prévalence de la violence entre partenaires intimes à l’encontre des filles âgées de 15 à 19 ans.

L’analyse de l’OMS est basée sur des enquêtes menées auprès de milliers d’adolescentes dans 154 pays et régions.

Elle montre que 24 % de ces adolescentes ont subi au moins une fois des violences de la part d’un partenaire intime, et que 16 % d’entre elles ont rapporté de telles violences au cours de l’année écoulée.

Le rapport s’est penché sur les actes de violence tels que les coups de pied ou de poing, ainsi que sur tout acte sexuel non désiré, tel que le viol ou la tentative de viol.

Les pays où le taux de scolarisation des filles dans l’enseignement secondaire est plus élevé et où les lois sur l’héritage sont plus égalitaires entre les sexes affichent une prévalence plus faible de la violence entre partenaires intimes à l’encontre des adolescentes.

La violence à l’égard des adolescentes était plus fréquente dans les pays et régions à faible revenu, dans les endroits où il y avait moins de filles dans l’enseignement secondaire et où les filles avaient des droits de propriété et d’héritage plus faibles.

Selon les estimations de l’OMS, les régions où la prévalence de la violence entre partenaires intimes est la plus élevée sont l’Océanie (47 %), l’Afrique centrale (40 %) et l’Afrique orientale (31 %), tandis que les taux les plus bas se trouvent en Europe centrale (10 %) et en Asie centrale (11 %).

De nouvelles directives de l’OMS sur la prévention du mariage des enfants devraient être publiées d’ici la fin de l’année 2024.

La tragédie des enfants mariés

L’OMS a identifié le mariage d’enfants comme l’une des principales causes de la violence entre partenaires intimes.

Le mariage d’enfants est défini comme le mariage de filles avant l’âge de 18 ans.

Dans notre propre étude portant sur 16 pays africains, nous avons constaté que les mariages d’enfants augmentaient considérablement les risques de violence entre partenaires intimes, car la différence d’âge entre le mari et la femme crée des déséquilibres de pouvoir, une dépendance économique et un isolement social. La probabilité de violence augmente lorsque les exigences sexuelles ne sont pas satisfaites.

Un nombre stupéfiant de 127 millions de filles et de femmes vivant aujourd’hui en Afrique subsaharienne ont été mariées pendant leur enfance.

Le mariage d’enfants est souvent associé à la pratique de la dot de la mariée, où le futur époux paie la famille pour obtenir la main de la fille. Les familles pauvres, qui ont un accès limité à l’éducation, sont ainsi encouragées à marier leurs filles dès leur jeune âge.

 

Quelles sont les conséquences pour les victimes ?

Les conséquences sont immédiates et peuvent être persistantes, entraînant des blessures, des hospitalisations prolongées, des handicaps et parfois la mort.

Des études ont établi un lien entre la violence exercée par un partenaire intime, les fausses couches, les taux de mortalité infantile, les traumatismes psychologiques et la baisse de l’estime de soi.

Ces effets sont amplifiés par l’abandon précoce de l’école, la grossesse précoce, le rôle de mère adolescente et les responsabilités domestiques, exacerbant ainsi la dépendance économique et sociale et les risques de violence.

Que doivent faire les gouvernements et la société pour protéger les victimes ?

Étant donné que la violence durant ces années de formation critiques peut avoir des répercussions profondes et durables, elle doit être prise plus au sérieux en tant que problème de santé publique. Il faut mettre l’accent sur la prévention et apporter un soutien ciblé à ces jeunes filles.

Les programmes éducatifs pour les garçons et les filles devraient se concentrer sur l’enseignement des relations saines et la prévention de la violence.

Les gouvernements doivent mettre en œuvre des lois et des politiques garantissant la responsabilité des auteurs de violence, promouvoir l’égalité entre les sexes, assurer l’accès à l’éducation secondaire pour tous les enfants, éliminer les pratiques discriminatoires basées sur le sexe et lutter contre les coutumes néfastes telles que le mariage des enfants.

Chacun a une responsabilité dans la lutte contre la violence entre partenaires intimes, et il est important d’utiliser nos plateformes pour plaider en faveur de changements juridiques et politiques.

Source: https://theconversation.com/