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Pour réduire la pauvreté en Afrique, il faut se concentrer sur l’enjeu de l’éducation et des compétences – WILDAF-AO

WILDAF-AO

Années de scolarisation ajustées à l’apprentissage (Learning-adjusted years of schooling) autour de 2020 et PIB par habitant en Afrique subsaharienne en 2022.

Comme l’a dit Nelson Mandela, « l’éducation est l’arme la plus puissante que l’on puisse utiliser pour changer le monde ». Et c’est d’autant plus vrai lorsqu’il s’agit d’œuvrer pour un monde sans extrême pauvreté. 

Aux quatre coins du globe, les personnes ayant un niveau d’études plus élevé sont moins susceptibles d’être pauvres. Un cinquième des personnes âgées de 15 ans ou plus qui n’ont pas bénéficié d’une formation scolaire vivent dans l’extrême pauvreté, contre 3 % seulement des personnes ayant fait des études supérieures, selon le Poverty, Prosperity and Planet Report 2024 (a). En Afrique subsaharienne, les proportions sont plus élevées, mais les tendances similaires.

Le nouveau rapport Africa’s Pulse, publication semestrielle consacrée aux défis économiques du continent, dresse un état des lieux de l’éducation en tant qu’enjeu déterminant pour l’avenir économique régional. Dans cette édition, intitulée « Transformer l’éducation pour une croissance inclusive », nous montrons qu’en garantissant l’accès à une éducation de base universelle, qui se traduise par l’acquisition d’apprentissages fondamentaux solides, l’Afrique pourrait engranger des gains de productivité et multiplier par deux son PIB par habitant d’ici 2050. En Afrique subsaharienne, une année d’études supplémentaire augmente les revenus d’un individu de 12,4 %, contre 10 % en moyenne à l’échelle mondiale. Les gains sont encore plus importants pour les femmes, avec une hausse des revenus de 14,5 %.

Or, l’Afrique subsaharienne est aux prises avec une crise de l’éducation : sept enfants sur dix ne bénéficient pas d’un enseignement préprimaire et près de neuf sur dix sont incapables de lire et comprendre un texte simple à l’âge de 10 ans, contre une moyenne de 70 % dans les autres pays à revenu faible ou intermédiaire. Environ un tiers des enfants abandonnent l’école primaire en raison des pressions économiques qui pèsent sur leurs familles, de mariages précoces et des carences des installations scolaires. En Afrique subsaharienne, environ 60 % des adolescents les plus pauvres ne sont pas scolarisés.

Les écoles manquent encore souvent de ressources aussi essentielles que des manuels, du matériel pédagogique et des supports technologiques ou, quand elles en disposent, ne les exploitent pas efficacement. Malgré des augmentations récentes, les niveaux actuels des dépenses d’éducation ne sont pas suffisants pour atteindre les objectifs nationaux et mondiaux en la matière : en 2021, dans 29 pays à faible revenu, situés pour la plupart en Afrique, les dépenses d’éducation (a) se sont élevées en moyenne à 54 dollars par élève — à titre de comparaison, les pays à revenu élevé dépensent environ 8 500 dollars par élève. Quand elle fêtera son 18e anniversaire, une fille qui grandit aujourd’hui en Afrique subsaharienne aura fréquenté l’école pendant huit ans, contre une scolarité de 13 années chez les filles des pays à revenu élevé. Au cours de cette période, l’État aura dépensé environ 1 900 dollars pour assurer son instruction, la quasi-totalité de ces ressources étant consacrée aux salaires. Dans un pays à revenu élevé, ce montant atteindra quelque 117 000 dollars — soit 60 fois plus — avec une proportion importante des dépenses allouée à des ressources destinées à accompagner les enseignants et les apprenants, en plus de la rémunération du personnel.

En raison de l’ampleur de cette crise des apprentissages, la région enregistre l’un des plus faibles indices de capital humain du monde : un enfant né aujourd’hui n’atteindra à l’âge adulte que 40 % du potentiel productif escompté dans des conditions optimales d’éducation, de nutrition et de santé. 

Alors que la population en âge de travailler devrait doubler d’ici 2050, l’Afrique subsaharienne se trouve face à une occasion unique de transformer ses résultats en matière d’éducation, de renforcer les compétences de sa main-d’œuvre, d’accroître le PIB à hauteur de 11-15 % d’ici à 2030 et de sortir 40 à 60 millions de personnes de la pauvreté. Il est tout aussi urgent de doter les jeunes de compétences techniques, professionnelles et supérieures pour qu’ils puissent adopter les nouvelles technologies et les insuffler dans l’économie régionale.

Par conséquent, que faudrait-il faire concrètement ?

Dans le dernier rapport Africa’s Pulse, nous recommandons d’articuler les efforts et les investissements en faveur de la transformation des systèmes éducatifs d’Afrique subsaharienne autour de trois axes prioritaires :

  • Investir dans les apprentissages fondamentaux, à commencer par la généralisation de l’éducation de la petite enfance et la maîtrise de la lecture, de l’écriture et du calcul, et favoriser la poursuite de la scolarité chez les élèves vulnérables, et en particulier les adolescentes.
  • Veiller à la variété et à la pertinence des programmes d’éducation et de formation, en faisant en sorte qu’ils répondent aux besoins économiques locaux.
  • Accompagner les jeunes dans leur transition de l’école à un emploi rémunérateur.

Ces mesures exigent des gouvernements et de leurs partenaires de développement qu’ils augmentent leurs dépenses et surtout qu’ils en fassent un usage plus efficace. Avec une population en âge de travailler en plein essor, l’Afrique dispose d’un immense potentiel, mais la fenêtre de tir pour en tirer pleinement les bénéfices économiques ne durera pas indéfiniment. C’est maintenant qu’il faut s’y atteler et investir intelligemment.

Source:https://blogs.worldbank.org