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Investir dans les femmes est à la fois un impératif économique et une question qui relève des droits humains. C’est une question qui touche aux droits humains parce que les systèmes économiques et financiers mondiaux perpétuent, de manière complice, les inégalités entre les femmes et les hommes. Dans le même temps, des ressources financières sont nécessaires pour résoudre ce problème et construire un monde qui permette à toutes les femmes d’exercer leurs droits.  Le fait d’investir dans les femmes leur permet de réussir et ainsi de contribuer à la prospérité – laquelle peut être mesurée en termes financiers.

Nos systèmes financiers et économiques ne favorisent pas l’égalité entre les femmes et les hommes

Le monde poursuit sa croissance au détriment de la santé et du bien-être des personnes et de la planète. Le système financier actuel est mu par le profit, et souvent aux dépens des femmes lorsque les intérêts des investisseurs ne répondent pas aux besoins et priorités des femmes. Le changement climatique est une conséquence de la consommation illimitée des combustibles fossiles, sans prise en compte de ses coûts sociaux et environnementaux. Et il est possible d’observer les impacts disproportionnés que la crise climatique a sur les femmes et les filles car elles subissent plus durement les effets néfastes du changement climatique.

Les marchés interconnectés à l’échelle mondiale et les institutions façonnent les expériences et les opportunités des femmes d’une manière qui n’est pas toujours équitable.  Par exemple, en raison des normes patriarcales et des attitudes à l’égard des femmes dans le monde du travail, ce sont elles qui encore assument davantage de tâches domestiques et de soins non rémunérées, ce qui restreint leur capacité d’action économique, leur autonomie et leur bien-être.  Les femmes effectuent trois fois plus de tâches domestiques non rémunérées que les hommes ; or cette valeur ajoutée économique n’est pas comptabilisée parce qu’elle est invisible dans les indices tels que le Produit intérieur brut (PIB). De plus, une part démesurée de ce travail incombe aux femmes appartenant à des segments démographiques à faible revenu – groupes de migrants ou marginalisés en raison de leur race –, ce qui souligne le fait que les femmes sont discriminées en raison de facteurs tels que le genre, la race, le handicap, la nationalité et la sexualité.

Les femmes ne jouissent que de 77 % des droits légalement accordés aux hommes et les inégalités profondément enracinées freinent leurs opportunités économiques. Les femmes continuent d’être surreprésentées dans les emplois et les secteurs les moins bien rémunérés, et sous-représentées dans ceux où il est possible de mieux gagner sa vie. Ce n’est là qu’un facteur parmi d’autres à l’origine des disparités salariales entre les hommes et les femmes. Plus de la moitié des femmes qui travaillent sont plongées dans l’économie informelle, ce qui traduit souvent une situation précaire et vulnérable, et une part plus grande encore (environ 90 %) vit dans les pays en développement.  À l’échelle mondiale, les femmes actives rémunérée gagnent en moyenne 20 % de moins que les hommes, un écart qui atteint 35 % dans certains pays.  Les inégalités sont également frappantes dans le monde des affaires. Par exemple, la brèche de genre est palpable en ce qui concerne le nombre d’entreprises établies par des hommes ou des femmes (32 %), ou encore celles qui ne font que démarrer (20 %). L’inégalité des chances au sein des économies s’aggrave d’une génération à l’autre, enfermant les femmes dans la pauvreté et les empêchant de bénéficier à parts égales de la croissance économique.

Des moyens financiers sont nécessaires pour que les femmes puissent exercer leurs droits

En raison des difficultés que le système financier pose aux femmes, il faut investir dans la lutte contre les inégalités entre les sexes, ce qui requiert des moyens financiers. Le déficit annuel calculé pour atteindre les objectifs mondiaux en matière d’égalité hommes-femmes est de 360 milliards de dollars US.  Et les faits montrent qu’au rythme actuel des progrès, plus de 342,2 millions de femmes et de filles continueront de vivre dans l’extrême pauvreté d’ici 2030.

L’un des domaines d’investissement les plus importants en faveur de l’égalité des sexes est la protection sociale, qui est cruciale pour réduire la pauvreté et la vulnérabilité. Cependant, seulement 26,5 % des femmes sont couvertes par un système complet de protection sociale.

Outre des financements, les femmes ont besoin d’accéder à la terre, à l’information, à la technologie et aux ressources naturelles. En 2022, 2,7 milliards de personnes n’avaient toujours pas accès à Internet, ce qui constitue un obstacle majeur à leur capacité à trouver un emploi ou à créer une entreprise.  Les femmes sont également moins susceptibles que les hommes d’être propriétaires ou de posséder des droits fonciers sur des terres agricoles, et ce dans 87 % des pays où des données sont disponibles.

Des femmes prospères pour des économies prospères

La réalisation de l’égalité des sexes et de l’autonomisation des femmes ne nécessite pas l’élaboration d’un plan d’affaires, car il s’agit de droits fondamentaux de la personne et par définition, ils n’ont pas de prix. Nous savons certes que les femmes contribuent directement à l’économie par leur participation à des activités économiques – que ce soit par le travail formel ou l’entrepreneuriat –, et indirectement par d’autres biais, notamment en assumant une part disproportionnée des tâches de soins non rémunérées. Les études montrent qu’en refermant la brèche entre les sexes, le PIB par habitant pourrait augmenter de 20 %.

Investir dans les femmes peut être une opportunité. Il est estimé que le fait de combler les manques au niveau des services de soins et de développer l’emploi décent permettrait de créer près de 300 millions de postes de travail d’ici l’année 2035.  Des études montrent également que l’investissement dans le secteur des soins pourrait aider à créer près de trois fois plus d’emplois que le même investissement dans le secteur de la construction et produire 30 % de moins d’émissions de gaz à effet de serre. Un tel investissement permettrait aussi aux femmes de disposer de plus de temps pour exercer les activités de leur choix, qu’il s’agisse d’activités économiques, de formation ou de loisirs. Pourtant, même si l’effet de tels investissements paraît évident, les femmes continuent d’être laissées pour compte sur le plan économique.

Le fait de reconnaître que l’avancée des droits des femmes est une question d’investissement est essentiel pour créer des solutions transformatrices qui leur permettent d’échapper à la spirale de la pauvreté et de s’épanouir véritablement.

Investir dans les femmes est la pierre angulaire de la construction de sociétés inclusives. Le progrès en faveur des femmes profite à tous.

Source:unwomen.org