WILDAF-AO

Du 24 au 27 février 2025, le WiLDAF-AO organise à Lomé au Togo, deux activités successives sur la problématique de l’accès des femmes aux ressources financières dans le cadre du projet « Justice Économique pour les Femmes en milieu Rural en Afrique de l’Ouest ». Il s’agit d’un atelier d’échanges et de partage entre bénéficiaires du projet qui sera suivi d’un dialogue politique sous régional sur le thème « La problématique de l’accès des femmes du secteur agricole aux ressources financières en Afrique de l’ouest »

Pourquoi cette problématique mérite-elle une attention particulière ?

L’accès des femmes aux ressources financières constitue un droit humain fondamental des femmes, reconnu aux plans international et régional.  A ce titre, la Convention sur l’Elimination de toutes les formes de Discrimination à l’égard des Femmes (CEDEF) dans son article 14 dispose « les Etats parties tiennent compte des problèmes particuliers qui se posent aux femmes rurales et du rôle important que ces femmes jouent dans la survie économique de leurs familles ». L’alinéa 2 de la même convention fait obligation aux Etats parties, de prendre  toutes les mesures appropriées pour éliminer la discrimination à l’égard des femmes dans les zones rurales afin d’assurer, sur la base de l’égalité de l’homme et de la femme, leur participation au développement rural et à ses avantages et, en particulier, leur fait obligation d’assurer à ces femmes le droit d’avoir accès au crédit et aux prêts agricoles, ainsi qu’aux services de commercialisation et aux technologies appropriées, et de recevoir un traitement égal dans les réformes foncières et agraires et dans les projets d’aménagement rural.

Quant au Protocole de Maputo, document de référence en matière de droits des femmes africaines, en son art 19, il garantit aux femmes en milieu rural, la pleine jouissance de leur droit à un développement durable. A cet égard, il demande entre autres aux États de promouvoir l’accès et le contrôle par les femmes des ressources productives, telles que la terre et de leur garantir l’accès des femmes aux crédits, à la formation, au développement des compétences et aux services de vulgarisation en milieu rural.

L’accès des femmes agricultrices aux ressources financières est donc un droit. Il représente en outre un enjeu de justice économique en même temps qu’il est un levier puissant pour le développement économique et durable.

L’accès des femmes aux ressources financières a en effet, un impact sur la productivité agricole et la sécurité alimentaire. De plus la capacité de ces actrices économiques de premier plan, d’accéder à des ressources financières adéquate a un impact considérable sur le développement des communautés rurales et de l’ensemble du système agricole.

Pourtant ces dernières n’ont pas comme l’exigent les instruments internationaux et régionaux, le même accès aux ressources financières que les hommes principalement en raison de facteurs socio-culturelles.

Selon le FMI, l’accès au crédit reste un défi majeur pour les femmes en Afrique de l’Ouest. Seulement 5,1% des femmes y ont accès dans cette région où moins de 37 % d’entre elles ont un compte bancaire indique un article de BBC de juillet 2024 https://www.bbc.com/afrique/articles/cg3e0xp3gp4o

Dans un rapport publié en 2015, la Banque africaine de développement rapporte également que : alors que les femmes sont propriétaires d’environ 48% de toutes les entreprises en Afrique, elles ne représentent que 20% de la population ayant accès à un compte bancaire. Environ quatre femmes sur cinq sur le continent n’ont pas accès à un compte dans une institution financière formelle, comparativement à environ un homme sur quatre. (BAD 2015). Ce qui réduit leur chance d’accès au crédit.

Pour contourner les difficultés liées à l’accès au crédit dans les banques commerciales classiques, les femmes font souvent recours aux microcrédits, pour des prêts, souvent d’un montant modeste, contractés à titre individuel ou par la voie de groupements.

Même dans ce secteur des microfinances, une étude du African Scientific Journal met le doigt sur les inégalités entre les hommes et les femmes dans les pays de l’UEMOA, en révélant qu’en 2023, la clientèle masculine des institutions de microfinance a bénéficié de 51,4% des crédits octroyés, tandis que les femmes et les groupements ont respectivement représenté 20,6% et 28,0% des concours accordés. (Scientific Journal ISSN : 2658-9311 Vol : 03, Numéro 26, Octobre 2024 intitulé : Analyse des déterminants de l’accès aux micro crédits des femmes dans l’UEMOA).

Face à ces difficultés, les femmes n’ont pas baissé les bras. Elles ont trouvé elles-mêmes des solutions à leurs besoins de ressources financières comme le montre la création d’associations villageoises d’épargne et de crédit communément appelées AVEC. A travers la multiplication des AVEC, leur fonctionnement exemplaire et l’importance des ressources qu’elles drainent, les femmes ont démonté tous les préjugés et démontré qu’elles constituent une force économique et financière incontournable, une clientèle financière fiables sur laquelle les institutions financières classiques peuvent compter, pour peu qu’elles soient disposées à adapter leurs conditions d’accès au crédit aux contraintes socioculturelles auxquelles ces femmes restent confrontées.

En tout état de cause, face aux inégalités et au regard des capacités des femmes qui font d’elles une clientèle aussi fiable que les hommes pour les institutions financières, il devient nécessaire de s’interroger sur l’existence d’une justice économique réelle pour les femmes. Il apparait urgent de prendre des mesures pour renforcer l’accès des femmes aux facteurs de production que constituent les ressources financières, et ce faisant, de leur permettre de jouir d’un de leur droit fondamental au même titre que les hommes.

C’est dans cette optique que s’inscrit l’action du WiLDAF-AO qui veut à travers le projet « Justice Économique pour les Femmes en milieu Rural en Afrique de l’Ouest » financé par le Fonds Africain pour le Développement de la Femme (AWDF), contribuer à une plus grande justice économique pour les femmes agricultrices et membres des groupements Associations Villageoises d’Epargne et de Crédit (AVEC) en Afrique de l’Ouest.

Le WiLDAF-AO ambitionne à travers le dialogue politique régional qui va se tenir les 26 et 27 février à Lomé, de créer un cadre de discussion entre les principales parties prenantes, notamment les acteurs étatiques, ceux du secteur des finances, les femmes du secteur agricole elles-mêmes et celles des organisations de droits des femmes, leur permettant de trouver des solutions idoines et de prendre des engagements pour aller vers un accès égal des hommes et des femmes tous deux acteurs économiques, aux ressources financières dont elles ont besoin pour le développement de leurs activités économiques.

C’est l’occasion pour le réseau de renouveler ses remerciements au Fonds Africain pour le Développement de la Femme (AWDF) qui a permis la mise en œuvre dudit projet.

Service Communication

WiLDAF-AO

 

 

 

 

 

 

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