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Lors de sa visite d’une école du Niger reconstruite et modernisée, Amina Mohammed, Vice-Secrétaire générale de l’ONU, a loué la priorité que revêt l’éducation dans ce pays et applaudi l’approche solidaire et coordonnée du gouvernement et des multiples partenaires pour cette stratégie de grande envergure.  

« Il y a près de deux ans, une tragédie a frappé cette communauté », a rappelé Amina Mohammed, en montrant au public les 21 arbres qui ornent la cour de cette école de Niamey. La Vice-Secrétaire générale de l’ONU, en visite dans la capitale du Niger à l’occasion d’un forum régional sur le développement durable, avait tenu à se rendre à l’Ecole Pays-Bas de la ville, modèle des politiques éducatives du gouvernement nigérien et de l’engagement international pour l’essor de l’apprentissage scolaire dans ce pays, mais aussi le lieu d’un terrible drame survenu le 13 mai 2021.  

Un modèle de coopération 

Les arbres de la cour, plantés depuis lors avec l’aide de l’ONU, honorent chacun la mémoire d’un des 21 enfants de maternelle, 9 garçons et 12 filles, morts ce jour-là dans l’incendie de leur salle de classe en paillotte, à base de paille trop inflammable.  

Si les causes de l’accident, peut-être dû à des fils électriques de la route voisine et à l’extrême chaleur durant cette journée, n’ont pu être clairement élucidées, l’Ecole Pays-Bas a mis en lumière les contraintes de l’essor de l’enseignement dans un pays qui y consacre 20% de son budget, un montant qui dépasse de loin celui de sa défense et rivalise avec celui des infrastructures publiques. 

Alors qu’un demi-million de nouveaux élèves commencent l’école primaire chaque année, les constructions de classes neuves ne peuvent suivre le rythme, et 36.000 salles en paillotte assurent encore l’accueil des enfants, et, comme le rappelle la Vice-Secrétaire générale, ne constituent ni un espace sur ni un environnement propice au développement des compétences nécessaires dans le monde d’aujourd’hui.   

« Le défi du remplacement de ces structures ne peut être relevé par un simple partenaire, a constaté Amina Mohammed, rappelant, devant les nouveaux bâtiments, que l’Ecole Pays-Bas est le modèle de ce qui peut être réalisé lorsque les acteurs clés s’unissent pour aider gouvernement à promouvoir des approches créatives et audacieuses assurant que tous les enfants ont accès à un environnement d’apprentissage sûr qui les prépare pour l’avenir ».  

Un vaste plan de reconstructions d’écoles 

Dans les mois suivant l’incendie, l’UNICEF a construit 21 classes dans l’école Gamkalé voisine et permis la reconstruction de « Pays-Bas » pour quelque 1800 élèves, fournissant près de mille bancs et pupitres, tableaux et bureaux ainsi que 4000 kits scolaires et 2000 cartables, pour un coût total de 600.000 dollars financés par le Thematic Fund for Education de la Norvège. Avec l’aide de l’ONG italienne Coopi, elle a assuré le suivi psychosocial de 60 enseignants et élèves témoins du drame, avant de lancer une campagne nationale avec le gouvernement du Niger et le soutien de la Banque mondiale pour le remplacement des paillottes.   

En novembre 2021, un incendie similaire à eu lieu à Maradi, causant la mort de 20 élèves et de graves blessures à 14 autres. Alors qu’il faudrait construire chaque année 3000 classes en dur pour accueillir le flot des nouveaux élèves, l’UNICEF, avec le gouvernement du Niger et divers partenaires, s’attache à bâtir de nouvelles écoles pragmatiques, écologiques et durables construites de préférence avec des matériaux locaux et à explorer des modes d’enseignement alternatifs adaptés aux réalités du pays. Cet effort s’accompagne d’une formation généralisée du personnel à la sécurité et de la mise en place de la Stratégie Nationale de Réduction de la Vulnérabilité du Système Educatif. 

La numéro 2 de l'ONU parlant avec des jeunes filles à l'Ecole Pays-Bas de Niamey
© UNECA/Daniel Getachew

 

La numéro 2 de l’ONU parlant avec des jeunes filles à l’Ecole Pays-Bas de Niamey

Un centre numérique et de formation 

« La mobilisation des soutiens a également été l’occasion d’apporter des solutions innovantes à cette école, a ajouté Amina Mohammed, rappelant que grâce à l’approche ‘One UN’, l’ONU et le PNUD en partenariat avec l’Agence nationale pour la société de l’information (ANSI), ont mis en place en 2022 un centre communautaire numérique, un hotspot Internet accessible à la communauté locale, doublé d’un centre d’apprentissage à la bureautique, l’infographie, la gestion des médias sociaux, la cybersécurité, la maintenance informatique et l’impression en 3D. L’école assure aussi la formation à l’informatique de 40 enseignants, 36 femmes et 4 hommes, qui à leur tour assureront l’initiation des élèves. Ce projet mené par le gouvernement vise à installer progressivement ces solutions innovantes dans tout le pays, une vision inspirante qui, rappelle Amina Mohammed « nécessitera des ressources et un soutien sans faille de partenaires ». 

« La réalisation des objectifs en matière d’éducation, pour tous les garçons et toutes les filles, nécessite une approche holistique allant au-delà des infrastructures et des équipements », a rappelé la Vice-Secrétaire générale. Cela nécessite des programmes améliorés, un nombre suffisant d’enseignants ayant des compétences accrues, la santé scolaire et la nutrition dans les écoles, y compris les repas scolaires. Il faut également augmenter l’échelle des programmes intégrés et efficaces de résilience et de réduction de la pauvreté. Et veiller à ce que la génération d’élèves ne soit pas exclue de l’éducation dans les zones fragiles ». Au Niger, dans les quatre régions Diffa, Maradi, Tahoua, Tillabéry, 768 écoles au total ont été fermées en raison de l’insécurité, privant plus de 64.300 élèves, dont près de 31.300 filles, d’éducation. 

Des enfants avec leurs tablettes dans le  village de Safi au Niger
© UNICEF/ Frank Dejongh

 

Des enfants avec leurs tablettes dans le village de Safi au Niger

Protection de filles et problème démographique 

Amina Mohammed a poursuivi sa visite par un dialogue avec de jeunes filles nigériennes pour aborder les problèmes cruciaux des femmes du pays. 

Près de la moitié (52%) de la population nigérienne (23,6 millions en 2021) a moins de 15 ans. Les indicateurs liés aux Objectifs de développement durable sont parmi les plus alarmants au monde et sont bien pires dans les zones rurales où vit environ 80% de la population.  

Alors que le monde s’est engagé à mettre fin au mariage des enfants d’ici 2030, la situation reste préoccupante même si la proportion de jeunes femmes mariées avant l’âge de 18 ans est passée de 76% en 2012 à 62% en 2021. 

Le pays connait le taux de grossesses chez les adolescentes le plus élevé au monde (204/1000 femmes âgées de 15 à 19 ans, 2017). Parmi les femmes âgées de 20 à 24 ans, 48% ont accouché avant l’âge de 18 ans. Bien qu’en baisse, le taux de mortalité maternelle reste élevé à 520/100.000 naissances vivantes (2015). Quant au taux de mortalité néonatale (26 décès en moyenne pour 1.000 naissances vivantes) est plus élevé chez les enfants de mères de moins de 20 ans pauvres, sans instruction et vivant dans les zones rurales.  

Le taux de fécondité reste très élevé dans le pays (7,6 en 2012, 6,2 en 2021) et, combiné à une baisse du taux de mortalité, induit une forte dynamique démographique avec une croissance de 3,8% en 2019 et un taux de dépendance difficilement soutenable. Pour 100 actifs, le pays compte 109 personnes dépendantes, de moins de 14 ans ou de plus de 65 ans. 

Pour faire face à cette situation, le gouvernement nigérien a prévu de mettre en œuvre le projet d’internat ouvert aux jeunes filles des zones rurales et nomades en raison de leur plus grande vulnérabilité. Il s’inscrit dans un plan de transition de l’éducation nationale avec une stratégie globale d’amélioration de la qualité de l’éducation au Niger, dont le budget éducation devrait augmenter de 25% avant 2026.  

« A la suite du Sommet sur la transformation de l’éducation, nous avons fixé des objectifs ambitieux pour l’éducation, a assuré la Vice-Secrétaire générale, parce que nous reconnaissons que lorsque les jeunes sont dotés de compétences et de connaissances pertinentes, ils peuvent devenir des agents de changement pour eux-mêmes, leurs familles et leurs communautés, ainsi que des acteurs du développement durable de leur pays ».