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Le Sénégal progresse en nombre d’habitants, mais sa natalité baisse. Ce sont les conclusions du dernier recensement de l’Agence nationale de la statistique et de la démographie publié cette semaine. En 2002, la population atteignait un peu moins de 10 millions. Aujourd’hui, on dénombre 18 millions d’habitants. L’espérance de vie a, elle, bondi de 4 ans en 10 ans, passant à 68,9 ans en 2023. En revanche, la natalité continue à baisser régulièrement depuis 30 ans. 

Les femmes du Sénégal avaient 6,4 enfants en moyenne en 1986, 5,3 en 2002 et plus que 4,2 en 2023. Le premier facteur qui entre en jeu est le taux de scolarisation des filles qui est en constante augmentation.

Djiby Diakhaté est professeur de sociologie à l’université Cheikh-Anta-Diop (UCAD) et membre d’un groupe de travail sur le contrôle de la natalité. « Beaucoup de jeunes femmes, une fois arrivées au mariage, se disent au fond qu’elles ne peuvent pas se permettre d’avoir beaucoup d’enfants. Elles pensent à une carrière professionnelle, elles pensent à leur santé. Elles pensent aussi à la stabilité de la famille. »

Les gouvernements successifs se sont saisis de cette question du contrôle des naissances avec différentes actions de communication, comme des messages à la télévision. Un travail de sensibilisation est également fait depuis une dizaine d’années avec les « bajenu gox », les tantes communautaires. C’est ce qu’explique le professeur Djiby Diakhaté : « Les tantes de la communauté, ce sont de grandes dames qui ont acquis une solide expérience au sein des ménages et qui accompagnent les femmes entrées récemment dans le mariage, en termes de conseils. Elles attirent ainsi leur attention sur la nécessité de maintenir l’équilibre de la famille, par une maternité, elle aussi, équilibrée et maitrisée. »

L’âge légal du mariage pourrait accentuer cette tendance à la baisse. Pour l’instant, il est à 16 ans pour les filles, mais les récentes assises de la justice ont proposé de le faire passer à 18 ans pour tous.