WILDAF-AO

Ça fait débat avec Wathi, de retour comme chaque dimanche sur RFI. Cette semaine avec Marième Cissé, chargée de recherche à Wathi, pour parler des impacts des multiples crises au Sahel sur le bien-être des femmes et des filles. Marième a organisé un dialogue virtuel sur ce sujet (il y a quelques mois)…

Des femmes dans un camp de réfugiés à Ouallam, au Niger, le 3 mai 2022. (Image d'illustration)

Ce dialogue virtuel, qui a été organisé dans le cadre de notre collaboration avec le club du Sahel et de l’Afrique de l’Ouest, en mars 2024, a été l’occasion d’avoir un regard sur la manière dont ces multiples crises affectent le quotidien et les possibilités d’épanouissement des femmes et des filles dans la région. 

Le constant est qu’elles sont confrontées à des risques plus accrus de violence sexuelle et basée sur le genre, de mariages précoces et forcés et d’exploitation. En outre, l’insécurité et la violence déplacent des millions de personnes. Selon les chiffres du Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés, en 2021 les femmes et les enfants représentaient 78 % des réfugiés et des demandeurs d’asile dans l’ensemble de la région. Ces déplacements forcés perturbent leur accès à l’éducation, aux services essentiels de base, tout en renforçant les rôles traditionnels qui limitent leurs opportunités ; augmentant ainsi leur vulnérabilité. 

Votre invitée lors de ce dialogue, Zeinaba Narabene – Présidente du Réseaux des jeunes sahéliens pour le climat au Mali, est revenue spécifiquement sur le cas du Mali…

Pour notre invitée, il faut d’abord noter qu’au Mali, les facteurs qui sont liés aux crises interagissent avec des facteurs plus anciens, il s’agit notamment des réalités sociales et culturelles concernant le rôle des femmes qui sont profondément conservatrices. 

Ainsi, les violences sexuelles en temps de crise sont une réalité tragique pour de nombreuses femmes et filles au Mali. Elles sont confrontées à des viols, à l’exploitation sexuelle, aux mariages forcés et aux mutilations génitales féminines. Ces violences infligent des traumatismes profonds, affectant non seulement les victimes directes mais aussi leurs familles et communautés. Les femmes et les filles rencontrent aussi des obstacles considérables pour accéder aux soins de santé, y compris les soins de santé maternelle et reproductive.

L’éducation des filles est également gravement affectée. Au Mali, 1726 écoles ont été fermées et 517 800 enfants non scolarisés à la fin de l’année 2022. Le risque de violence à l’école et sur le chemin de l’école dissuade de nombreuses filles. La fréquentation scolaire chez les filles a également diminué, car les ménages souffrant d’insécurité́ alimentaire prennent des mesures pour compléter leurs revenus. Bien que certaines écoles aient commencé à rouvrir, de nombreuses filles ont vu leur éducation complètement arrêtée. 

Ensuite, les femmes et les filles en milieu rural sont particulièrement touchées par les effets directs des changements climatiques sur leur vie quotidienne. Les femmes dans les zones rurales, sont au cœur de l’activité agricole. Elles sont responsables de la culture et de la sécurité alimentaire des familles. Par conséquent, les changements climatiques ont des effets directs et sévères sur leur quotidien et leur bien-être.

Quelles sont les principales recommandations qui sont ressorties de cette discussion ?

La première est l’urgence d’accorder la priorité́ à des réponses sensibles au genre et d’améliorer l’accès des femmes à l’éducation et aux ressources économiques, afin de renforcer leur résilience face à ces situations de crises multiples.

Il est aussi crucial de soutenir leur participation active et de les intégrer pleinement dans les efforts visant à résoudre les crises et à promouvoir le bien-être des communautés. La participation des femmes est indispensable pour apporter des réponses durables aux défis actuels. Elles peuvent offrir des perspectives nouvelles et des solutions innovantes.

Malgré ces difficultés, les femmes continuent de faire preuve d’une force et d’une résilience remarquables pour reconstruire leur vie. Leur participation et leur leadership sont essentiels pour créer un avenir plus sûr et plus prospère.

► Pour aller plus loin :

Dialogue virtuel : crises multiples au Sahel et Bien être des femmes et des filles

Source:https://www.rfi.fr/fr