Dans le monde, la réalité des violences basées sur le genre est indéniable. Touchant une femme sur trois à l’échelle mondiale, c’est la violation des droits humains la plus répandue. Une prise de conscience de la gravité du phénomène va amener des activistes a lancé en 1991, l’initiative des 16 jours d’activisme contre la violence basée sur le genre.
Soutenue par de nombreuses organisations internationales et la société civile, la campagne internationale des 16 jours d’activisme contre la violence basée sur le genre offre aux personnes et aux organisations du monde entier, une occasion de mobilisation appelant à la prévention et à l’élimination de la violence à l’égard des femmes et des filles. Elle démarre le 25 novembre, Journée internationale pour l’élimination de la violence à l’égard des femmes, pour prendre fin le 10 décembre, Journée internationale des droits humains.
Pour 2025, le thème se consacre au monde numérique : « Tous UNiS pour mettre fin à la violence numérique contre les femmes et les filles ».
La violence à l’égard des femmes sur les plateformes en ligne est aujourd’hui une menace grave et en pleine expansion. Les espaces numériques et en ligne, au lieu d’être des espaces pour autonomiser les femmes et les filles, constituent de nouveaux canaux par lesquels des millions de femmes et de filles dans le monde subissent harcèlement, abus et contrôle.
La violence dans le monde virtuel revêt des formes abjectes, notamment celle du trafic et de l’exploitation sexuelle basés sur l’image, qui touchent les femmes et les filles de façon disproportionnée. 85 % des femmes qui passent du temps en ligne ont été témoins de violences en ligne, et 38 % d’entre elles en ont été la cible directe. (données hrw.org)
Ce qui peut commencer modestement sur un écran, comme un message, un commentaire ou une publication, peut rapidement dégénérer en un torrent de menaces et de violence dans la vraie vie. Des photos privées sont volées, sans consentement. Des mensonges se répandent en quelques secondes. La localisation d’une femme ou d’une fille est surveillée. L’intelligence articificielle (IA) est utilisée comme une arme pour concevoir des deepfakes ayant pour but de faire honte aux femmes et les réduire au silence.
Des statistiques alarmantes
Selon des données de ONU-FEMMES : 16–58% des femmes sont confrontées à la violence numérique,
90–95% des vidéos deepfake sont des images à caractère sexuel de femmes.
Dans le monde réel, 8% des femmes de 15 ans et plus, soit 263 millions, déclarent en avoir été victimes au moins une fois dans leur vie à l’échelle mondiale.
Plus d’une femme sur huit âgée de 15 à 49 ans a été victime de violences physiques et/ou sexuelles de la part d’un partenaire intime actuel ou ancien au cours des 12 derniers mois dans le monde (rapport ONU-femme /progress-on-the-sustainable-development-goals-the-gender-snapshot-2025).
Chaque année, 4 millions de FILLES subissent des mutilations génitales féminines, dont plus de 2 millions avant l’âge de 5 ans.
Avec les crises, la violence basée sur le genre s’amplifie. Dans un monde touché de plus en plus par les conflits et les catastrophes climatiques, les femmes sont souvent contraintes à fuir leur domicile seules ou avec des enfants, et à entreprendre des voyages périlleux. Les hébergements, quand ils existent, sont généralement temporaires, surpeuplés et dangereux. L’exploitation et les abus sexuels augmentent à mesure que les femmes se voient privées de leurs filets et réseaux de soutien. Certaines en sont réduites à se tourner vers des mécanismes de survie néfastes comme l’offre de services sexuels en échange de nourriture ou d’argent.
Un crime sous -déclaré
Par ailleurs, la violence basée sur le genre exercée par une personne autre que le partenaire est un crime largement sous-déclaré. Plusieurs facteurs expliquent cela : l’anonymat des agresseurs, la difficulté de prouver les faits, le sentiment de honte ou de culpabilité des victimes, et le manque de clarté des politiques des plateformes. Ces éléments font que de nombreuses victimes hésitent à signaler les incidents, rendant difficile l’appréciation exacte de l’ampleur du problème et la mise en œuvre de sanctions appropriées. Quand il est signalé, les enquêtes sont très insuffisantes, à cause d’un cycle d’impunité dont profitent les agresseurs.
Au plan virtuel, un seul acte (contenu viral) peut se propager rapidement, atteignant un large public et ayant le même impact qu’une campagne de harcèlement répétée, ce qui peut être difficile à gérer. Tout ceci crée un environnement de crainte et de stigmatisation, qui entrave la guérison des survivantes et nie leur droit à la justice et au soutien.
L’urgence d’agir
Face à ce fléau qui s‘intensifie au fil des années, le thème 2025 appelle le monde à se mobiliser mais également à mobiliser les gouvernements, les entreprises technologiques et le grand public pour mettre fin à ces violences, y compris leurs liens avec les violences hors ligne.
Il faut agir pour :
- Obliger les coupables à répondre de leurs actesen améliorant la législation et son application ;
- Faire en sorte que les entreprises technologiques prennent des mesuresen embauchant davantage de femmes pour créer des espaces en ligne plus sûrs, en supprimant rapidement les contenus préjudiciables et en répondant aux signalements d’abus ;
- Soutenir les survivantes avec de vraies ressourcesen finançant des organisations et des mouvements de défense des droits des femmes ;
- Investir dans la prévention et le changement de culturepar le biais de formations à la culture numérique et à la sécurité en ligne pour les femmes et les filles et par la mise en place de programmes qui remettent en question les cultures toxiques en ligne.
Il est temps de se réapproprier nos espaces numériques et d’exiger un avenir dans lequel la technologie est au service de l’égalité.
Les violences à l’égard des femmes constituent une violation des droits humains.
L’heure est à l’engagement et à l’action.
Service Communication
WiLDAF-AO