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Priver les Afghanes de leur droit à l’éducation secondaire a un effet dévastateur sur l’économie du pays, a alerté lundi 15 Août 2022 le Fonds des Nations Unies pour l’enfance (UNICEF), qui estime les pertes pour le pays à au moins 500 millions de dollars depuis la prise de pouvoir par les Talibans il y a un an.

Le fait de priver les filles de l’enseignement secondaire coûte à l’Afghanistan 2,5 % de son produit intérieur brut (PIB) annuel, selon une nouvelle analyse de l’agence onusienne.

Si les trois millions de filles afghanes concernées étaient en mesure de terminer leurs études secondaires et de participer au marché du travail, elles apporteraient une contribution d’au moins 5,4 milliards de dollars à l’économie afghane.

« La décision du 23 mars de ne pas autoriser les filles à retourner à l’école secondaire est choquante et profondément décevante », a déclaré le représentant de l’UNICEF en Afghanistan, le Dr Mohamed Ayoya. « Non seulement elle viole le droit fondamental des filles à l’éducation, mais elle les expose à une anxiété accrue, et à un plus grand risque d’exploitation et d’abus, y compris la traite des enfants, le mariage précoce et forcé ».

Difficile de regagner le PIB perdu sans respecter le droit à l’éducation des filles

L’analyse indique que l’Afghanistan ne pourra pas regagner le PIB perdu pendant la transition et atteindre son potentiel réel de productivité si l’accès des filles à l’enseignement secondaire n’est pas respecté. « Cette nouvelle analyse expose clairement le terrible impact économique de cette décision sur le PIB du pays », a ajouté M. Ayoya.

Avant même que les Talibans ne prennent le pouvoir le 15 août de l’année dernière, l’Afghanistan était aux prises avec plus de 4,2 millions d’enfants non scolarisés, dont 60 % de filles.

La non-scolarisation des enfants, garçons comme filles, a un coût élevé. Mais celle des filles est particulièrement coûteuse en raison de la relation entre leur niveau d’éducation et leur destin futur. Plus leur niveau d’éducation est élevé, plus les filles retardent leur mariage et leur maternité, plus elles participent à la vie active et font des choix personnels concernant leur avenir, selon l’UNICEF.

L’éducation des enfants, « fondement de la croissance future de l’Afghanistan »

A noter que les estimations de l’UNICEF ne tiennent pas compte des impacts non financiers du refus aux filles d’accéder à l’éducation, tels que les pénuries à venir d’enseignantes, de médecins et d’infirmières, la diminution de la fréquentation de l’école primaire par les filles, ainsi que l’augmentation des coûts de santé liés aux grossesses des adolescentes.

Les estimations ne tiennent pas compte non plus d’avantages plus larges liés à l’éducation, notamment le niveau d’instruction général, la réduction des mariages d’enfants et la diminution de la mortalité infantile.

« L’UNICEF veut que chaque fille et chaque garçon en Afghanistan soit à l’école en train d’apprendre », a fait valoir le Dr Ayoya. « Nous plaiderons sans relâche jusqu’à ce que cet objectif soit atteint. Non seulement l’éducation est un droit pour chaque enfant, mais elle est le fondement même de la croissance future de l’Afghanistan ».

Les conséquences dépassent l’impact économique

Outre le fait que les filles ne puissent pas retourner à l’école secondaire, la malnutrition des enfants augmente également. En juin 2022, 57.000 enfants ont été traités pour malnutrition aiguë sévère en Afghanistan, soit une hausse de 90 % par rapport à la même période l’an passé, précise l’UNICEF.

En juin 2021, 30.000 enfants ont été traités pour malnutrition aiguë sévère dans le pays. Désormais, les enfants sont obligés de travailler pour subvenir aux besoins de leur famille au lieu d’aller à l’école.

Plus largement, l’UNICEF estime que Kaboul se trouve à un moment charnière pour une génération entière d’enfants dont la vie est entachée de privations. « Nous voulons dire au peuple afghan que nous serions impuissants sans sa confiance et son soutien. Nous remercions également nos donateurs et nos partenaires pour leur générosité, mais nous les exhortons à poursuivre leur soutien aux enfants, qui sauve des vies – surtout à l’approche de l’hiver », a conclu le Dr Ayoya.

Source:news.un.org