Présentant ce 10 janvier au Conseil de sécurité le rapport du Secrétaire général sur l’Afrique de l’Ouest et le Sahel, la Représentante spéciale adjointe pour cette région a constaté une aggravation de l’insécurité, particulièrement au Sahel, mais aussi salué des avancées positives pour les transitions politiques et la bonne gouvernance.
« L’insécurité s’est à nouveau aggravée dans la région en dépit des efforts déployés par les forces de sécurité nationales et leurs partenaires internationaux », a déploré Giovanie Biha devant le Conseil, dénonçant la fermeture forcée dans le Sahel de plus de dix mille écoles et de sept mille centres de santé en raison des attaques de groupes armés, d’extrémistes violents et de réseaux criminels.
Des groupes armés causent une misère indicible aux populations
« Ces groupes armés non étatiques se battent entre eux pour la suprématie et le contrôle des ressources, poussant les États à la marge et causant une misère indicible à des millions de personnes qui ont dû quitter leurs communautés pour se mettre en sécurité », a-t-elle souligné, pour illustrer les défis multi dimensionnels auxquels fait face le Sahel central, en butte à des niveaux sans précédent d’insécurité et de défis humanitaires, à une instabilité sociopolitique aggravée par l’impact du changement climatique, et à une insécurité alimentaire exacerbée par le conflit en Ukraine.
La Représentante spéciale adjointe de l’ONU pour l’Afrique de l’Ouest et le Sahel a appelé le Groupe indépendant de haut niveau sur la sécurité et le développement au Sahel dirigé par l’ancien Président du Niger, Mahamadou Issoufou, à « trouver des solutions plus innovantes » et générer un engagement national, régional et international pour le changement au Sahel.
De même, elle a confirmé que les pays situés le long de la côte du golfe de Guinée ont connu une augmentation du nombre d’attaques contre leur territoire, menaçant les artères de transport vers les pays sans littoral situés plus au nord, une situation qui rend plus nécessaire l’engagement des dirigeants de la région à des efforts collectifs contre l’insécurité comme la création d’une force conjointe dans le cadre de l’Initiative d’Accra.
Giovanie Biha a aussi souligné le travail effectué par le Bureau des Nations Unies pour l’Afrique de l’Ouest et le Sahel (UNOWAS) avec les parties prenantes et les partenaires nationaux pour promouvoir le consensus politique et assurer des conditions équitables avant les élections prévues cette année en Afrique de l’Ouest.
Elle a salué, à cet égard, la signature, au Nigéria, d’un « accord de paix historique » entre les partis politiques obtenus avec l’aide de l’UNOWAS, et l’ouverture dans l’Etat de Kaduna, du premier de six forums réunissant les parties prenantes en vue d’élections pacifiques, non sans rappeler que des élections législatives ont eu lieu au Bénin deux jours plus tôt.
Résolution des conflits aux niveaux régional et local
L’UNOWAS a également travaillé avec la Commission économique des États d’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), les institutions gouvernementales et les communautés pour contribuer à la résolution des conflits aux niveaux régional et local.
La Représentante spéciale adjointe a ainsi évoqué une initiative conjointe entre l’UNOWAS et le Bureau des Nations Unies pour l’Afrique centrale qui a réuni des agriculteurs, des éleveurs et des gouvernements locaux du nord du Bénin avec leurs homologues d’Afrique de l’Ouest et du Centre, afin d’examiner en profondeur les écueils et les opportunités des initiatives d’installation pour les éleveurs.
« Nous avons discuté de solutions qui profitent à toutes les communautés tout en renforçant la collaboration, la confiance et la résilience contre les extrémistes violents qui tentent de s’implanter dans les zones frontalières » a-t-elle souligné.
De plus, elle a mis l’accent sur l’impact des questions environnementales dans la région, rappelant que l’UNOWAS a travaillé avec des groupes de jeunes et de femmes de la région pour promouvoir les meilleures pratiques sensibles aux conflits en matière d’adaptation au changement climatique. Un travail dont les résultats ont été présentés au public lors de la Conférence sur le climat (COP27) à Charm el-Cheikh, en novembre. Ces projets ont contribué à un nouvel engagement de la CEDEAO et de l’Union africaine à accélérer l’initiative de la Grande Muraille Verte contre l’avancée du désert dans la région.
Se concentrer sur les griefs à l’origine des coups d’Etats, et sur l’assistance humanitaire
Giovanie Biha a aussi salué le rôle conjoint des acteurs régionaux, nationaux et internationaux dans les récents accords conclus touchant au calendrier des transitions politiques au Burkina Faso et en Guinée. Elle a appelé par la même le système des Nations Unies à poursuivre le soutien aux pays concernés « en se concentrant sur les griefs qui sont à l’origine des coups d’État » et en répondant aux besoins fondamentaux des communautés par la lutte contre l’insécurité et l’intensification de l’assistance humanitaire, « alors que des millions de civils innocents subissent des attaques continuelles notamment au Mali et au Burkina Faso ».
La Représentante spéciale adjointe a aussi évoqué l’adoption dans plusieurs pays de législations en faveur de la parité dans la participation aux décisions politiques, afin « que la moitié de la population de la région puisse faire entendre sa voix dans les assemblées où les décisions sont prises et les budgets approuvés ».
Elle a aussi salué plusieurs gages de meilleure gouvernance dans la région, tels l’établissement en cours d’un forum des ministres de la justice des pays de la CEDEAO, un outil déterminant face aux allégations récurrentes d’instrumentalisation du système judiciaire dans la région, et le colloque régional sur le renforcement de la démocratie et de la bonne gouvernance en Afrique de l’Ouest organisé par l’UNOWAS en septembre 2022. « Malgré les nombreux défis auxquels les pays sont confrontés, en particulier au Sahel, la région reste une terre d’immenses opportunités », a conclu Giovanie Biha.
Source:news.un.org