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BALTI, République de Moldavie/TAIZZ, Yémen/Port-au-Prince, Haïti/UNFPA, New York – « J’ai pris le dernier train d’évacuation. Le lendemain, la gare était bombardée », a déclaré Katya à l’UNFPA, l’agence des Nations Unies chargée de la santé sexuelle et reproductive.

Enceinte de sept mois et souffrant de calculs rénaux, elle a fui l’Ukraine pour la Moldavie, où elle a bénéficié des services maternels soutenus par l’UNFPA et a accouché de son fils, en l’absence de son mari. « Je rêve du jour où il pourra tenir notre bébé dans ses bras », a confié Katya.

L’histoire de Katya n’est qu’une parmi des millions à travers le monde : des histoires de femmes enceintes et de nouvelles mères nécessitant des soins vitaux, des filles vivant dans des conditions précaires essayant désespérément de ne pas tomber enceintes, des adolescentes échappant à la violence sexuelle, et tant d’autres encore.

L’UNFPA et ses partenaires mondiaux s’efforcent de répondre à ces besoins essentiels. Une étude menée pendant deux ans sur son plan stratégique actuel a révélé qu’entre 2022 et 2023, l’UNFPA a aidé 2,4 millions de femmes, dont Katya, a accouché en toute sécurité dans les pays touchés par des crises humanitaires.

À l’échelle mondiale, l’UNFPA a permis de prévenir 31,2 millions de grossesses non désirées, tandis qu’environ 64 730 décès maternels ont été évités pendant cette période.

Cependant, répondre à ces besoins devient de plus en plus difficile. D’après une récente étude, les années de 2021 à 2023 ont été les trois plus violentes que le monde ait connu depuis 1989. Les répercussions liées au changement climatique, la désinformation, le populisme et la polarisation sont autant de facteurs qui ont aggravé un contexte très incertain.

À travers le monde, les avancées réalisées sur le plan des droits en matière de santé sexuelle et reproductive commencent également à stagner, après des décennies de progrès constants. D’après certains indicateurs, tels que les taux de mortalité maternelle, la situation pourrait même être en train de s’inverser. 

Malgré ces signes alarmants, le financement international en faveur de la santé sexuelle et reproductive et des droits idoines ne suit pas l’évolution des besoins. Après avoir atteint son niveau le plus élevé en 2010, le financement a récemment entamé une baisse (une étude montre que l’investissement par femme est passé de 7,21 $ à 6,84 $ entre 2020 et 2021).

« Le manque de financement et l’aggravation de l’insécurité continuent de mettre la vie de ces femmes et de ces filles en danger », a déclaré aux États membres la Dr Natalia Kanem, Directrice exécutive de l’UNFPA, lors d’une réunion du conseil d’administration au mois de juin. « Leur détresse fait partie de ces nombreuses crises à ne plus faire la une des journaux. »

Un engagement tenu malgré l’incertitude

L’UNFPA poursuit son engagement en faveur de ses trois résultats transformateurs : ses objectifs visent à éliminer les décès maternels évitables, à répondre aux besoins de planification familiale non satisfaits et à mettre fin à la violence sexiste et aux pratiques néfastes.

Au cours des 30 ans qui se sont écoulés depuis la Conférence internationale sur la population et le développement, lors de laquelle les gouvernements réunis au Caire ont accepté de placer les droits des personnes au cœur des efforts de développement, les progrès qui ont été réalisés prouvent que des avancées rapides et étendues en matière de santé sexuelle et reproductive sont possibles.

Depuis 1990, le nombre de femmes ayant recours à des contraceptifs modernes a doublé. Depuis 2000, les décès maternels ont baissé d’un tiers, et la couverture des services de santé essentiels a augmenté de plus de 50 %.

À l’avenir, l’accélération du rythme des avancées passera par des efforts soutenus, particulièrement en contexte humanitaire où les besoins déjà élevés sont en hausse.

De tels efforts sont essentiels pour des personnes comme Judline, une infirmière de Port-au-Prince, la capitale d’Haïti ravagée par la violence des gangs, où dispenser des soins est un combat quotidien. Judline s’est rendue dans des camps de déplacement en 2022 et en 2023 pour le compte de l’UNFPA. « Je me vois comme porteuse d’espoir, prête à entendre les femmes et les filles vulnérables qui crient à l’aide », a-t-elle expliqué à ses collègues.

 

Three aid workers organise buckets with UNFPA logos
Les conflits, le changement climatique et l’instabilité économique entravent la prestation des services de santé sexuelle et reproductive. Des travailleur·euse·s humanitaires en Haïti. © UNFPA/Ralph Tedy Erol

 

Redevable envers les femmes et les filles

Malgré les difficultés, l’étude montre que l’UNFPA parvient à remplir sa mission. De 2022 à 2023, le travail de l’agence a par exemple permis de sauver 273 500 filles de mutilations génitales féminines, et d’éviter 11,5 millions de cas d’infections sexuellement transmissibles.

La Dr Kanem a présenté ces résultats au siège des Nations Unies à New York, soulignant que « mon équipe de direction et moi restons déterminées à poursuivre notre engagement en faveur du respect des normes les plus exigeantes en matière de responsabilisation et de transparence ». Et d’ajouter, « l’UNFPA ne tolère aucune forme d’acte répréhensible ou d’abus, [tout acte de ce genre] va à l’encontre de nos valeurs fondamentales et n’a pas sa place au sein de l’UNFPA ».

Citant la confiance et la crédibilité comme « valeurs essentielles » sous-tendant les résultats de l’UNFPA, l’ambassadeur roumain Cornel Feruţă contribue au soutien continu des donateurs de l’organisation. « Il ne s’agit pas uniquement de chiffres. Chaque élément est relié à un être humain, à une vie humaine », a-t-il conclu.

Cet être humain, c’est par exemple Laila*, l’une des quelque 18 600 femmes et filles souffrant d’une fistule obstétricale ayant bénéficié d’un traitement financé par l’UNFPA en 2022 et 2023.

L’accouchement de Laila a duré plusieurs jours à son domicile de Taizz, au Yémen. Les femmes du village ont tenté d’aider le bébé à sortir, sans succès. Le mari de Laila a fini par l’emmener à l’hôpital local pour une césarienne. Leur bébé a été déclaré mort-né.

 

A women lays on a bed. She is attended to by two other women. All three women are in black burkas
Une femme se rétablit après une chirurgie réparatrice de sa fistule obstétricale à Sanaa, au Yémen. © UNFPA Yémen

 

Le travail prolongé et obstrué a provoqué une fistule obstétricale, laissant Laila incontinente et rejetée par sa communauté.

« La société me voyait comme un animal, pas comme un être humain », a-t-elle témoigné auprès de l’UNFPA, qui lui a permis de bénéficier d’une chirurgie réparatrice complexe pour sa fistule à l’hôpital Al-Sadaqa, financé par l’USAID. Mais depuis son rétablissement, Laila a déclaré « [se sentir] à nouveau vivante ».

* Les noms ont été modifiés pour garantir l’anonymat et la protection des personnes

Source: unfpa.org