WILDAF-AO

La guerre qui fait rage au Soudan et la crise alimentaire catastrophique qu’elle a déclenchée était au centre d’une réunion de haut niveau organisée mercredi 25 Septembre 2024 au siège de l’ONU à New York, en marge du débat général de l’Assemblée générale des Nations Unies.

Près de 18 mois après que des factions armées rivales ont commencé à se battre au Soudan, plus de 10 millions de personnes ont dû fuir, dont la moitié sont des enfants.

La Secrétaire générale adjointe par intérim des Nations Unies aux affaires humanitaires, Joyce Msuya, a déclaré lors de la réunion que malgré les « efforts courageux des organisations humanitaires locales et internationales, nous ne pouvons tout simplement pas fournir un niveau d’assistance adéquat ».

« Ne nous retrouvons pas dans un an à regretter encore 12 mois de morts, de destructions et de souffrances insupportables. Engageons-nous aujourd’hui à prendre des mesures concrètes et urgentes pour protéger et soutenir les civils au Soudan », a-t-elle ajouté.

Avant la réunion, elle avait dénoncé « 17 mois d’enfer », au cours desquels des milliers de civils ont été tués, des communautés entières déplacées et privées de nourriture, des enfants traumatisés, des femmes violées et maltraitées.

Selon Mme Msuya, une action internationale décisive est urgente : « Nous avons besoin d’un accès humanitaire à tous ceux qui en ont besoin, par tous les moyens nécessaires, d’un financement accru pour la réponse, d’engagements fermes pour protéger les civils et, surtout, de mesures réelles et inclusives pour mettre fin à cette guerre ruineuse ».

Des professionnels de santé dans une maternité, à Khartoum, la capitale du Soudan.
© UNFPA Sudan/Sufian Abdul-Mouty
Des professionnels de santé dans une maternité, à Khartoum, la capitale du Soudan.

Une diplomatie difficile

Les avertissements répétés des humanitaires de l’ONU et les appels du Conseil de sécurité à la fin des hostilités n’ont pas mis un terme à la violence, bien que les pourparlers de paix menés en Suisse en août par les États-Unis et les médiateurs de l’Égypte, de l’Arabie saoudite et des Émirats arabes unis aient abouti à des engagements visant à accroître l’accès de l’aide depuis le Tchad voisin à l’ouest et depuis Port Soudan à l’est.

Selon les agences humanitaires de l’ONU, cette situation d’urgence est désormais la plus grave crise alimentaire au monde. Près de 26 millions de personnes souffrent déjà de faim aiguë au Soudan.

« Sans aide d’urgence, des centaines de milliers de personnes pourraient mourir », a déclaré le Programme alimentaire mondial (PAM) lors d’une conférence de presse à Genève mardi.

Le Bureau de coordination de l’aide de l’ONU (OCHA) et l’Agence des Nations Unies pour les réfugiés (HCR) ont noté que la famine a été confirmée dans le camp de Zamzam dans la région du Darfour Nord, mais que « de nombreuses autres zones » sont menacées. Près de cinq millions d’enfants et de femmes enceintes et allaitantes souffrent de malnutrition aiguë, selon les dernières évaluations.

La maladie guette les plus faibles

Les maladies se propagent également rapidement dans les communautés mal nourries dont le système immunitaire est affaibli.

« Les soins de santé et les services de base ont été décimés, le choléra et d’autres maladies sont en hausse et les enfants ne sont pas scolarisés pour la deuxième année consécutive », ont déclaré les agences de l’ONU dans un communiqué. « Cette situation d’urgence est l’une des pires crises de protection de l’histoire récente, avec des niveaux alarmants de violence sexuelle et sexiste qui continuent de terroriser les civils, en particulier les femmes et les filles ».

Les États-Unis promettent une aide supplémentaire

S’exprimant lors de la réunion ministérielle de haut niveau organisée mercredi, l’Ambassadrice des États-Unis auprès de l’ONU, Linda Thomas-Greenfield, a dit ressentir « un sentiment de honte et d’embarras » à l’idée que cette crise dramatique au Soudan « se produise sous nos yeux ».

« Bien sûr, rien de tout cela n’est arrivé par hasard. Cette catastrophe humanitaire est une catastrophe humaine provoquée par une guerre insensée qui a entraîné une violence indescriptible et par des blocus impitoyables de nourriture, d’eau et de médicaments… C’est totalement inadmissible », a-t-elle dit.

Elle a déclaré que la lassitude de compassion ne doit pas l’emporter. « En ce moment, la communauté internationale doit faire tout ce qui est en son pouvoir, pour faire taire les armes et augmenter massivement l’aide », a dit l’ambassadrice, en promettant une aide supplémentaire des Etats-Unis.

Source:news.un.org