Alors qu’il ne reste que six ans pour atteindre les objectifs de développement durable (ODD), les progrès mondiaux sont alarmants et insuffisants, avec seulement 17% des objectifs actuellement en bonne voie, selon un nouveau rapport de l’ONU publié vendredi 28 juin 2024.
Le rapport 2024 sur les objectifs de développement durable souligne que près de la moitié des 17 objectifs affichent des progrès minimes ou modérés, tandis que plus d’un tiers sont au point mort ou font marche arrière, depuis qu’ils ont été adoptés par les États membres de l’ONU en 2015 pour apporter la paix et la prospérité aux gens et à la planète.
« Ce rapport est connu sous le nom de bilan annuel des ODD et il montre que le monde est en train d’échouer », a déclaré le Secrétaire général de l’ONU, António Guterres, lors de la conférence de presse de présentation de ce bilan complet.
« La conclusion est simple : notre incapacité à garantir la paix, à faire face au changement climatique et à stimuler la finance internationale compromet le développement. Nous devons accélérer l’action en faveur des objectifs de développement durable et nous n’avons pas une minute à perdre », a-t-il souligné.
Obstacles majeurs
Le rapport identifie les effets persistants de la pandémie de COVID-19, l’escalade des conflits, les tensions géopolitiques et l’aggravation du chaos climatique comme des obstacles majeurs aux progrès.
Il note que 23 millions de personnes supplémentaires ont été poussées dans l’extrême pauvreté et que plus de 100 millions de plus souffraient de la faim en 2022 par rapport à 2019, tandis que le nombre de morts civiles dans les conflits armés a grimpé en flèche l’année dernière.
L’année 2023 a également été la plus chaude jamais enregistrée, avec des températures mondiales proches du seuil critique de 1,5°C.
Priorités urgentes
M. Guterres a souligné l’urgence de renforcer la coopération internationale. « Nous ne devons pas abandonner notre promesse d’ici 2030 de mettre fin à la pauvreté, de protéger la planète et de ne laisser personne de côté ».
Le rapport présente les principales priorités pour réduire le déficit.
Avant tout, il a souligné la nécessité de financer le développement. Le déficit d’investissement dans les pays en développement pour les ODD s’élève à 4.000 milliards de dollars par an. Il est crucial d’augmenter rapidement le financement et l’espace budgétaire, ainsi que de réformer le système financier mondial pour débloquer les financements.
La résolution des conflits par le dialogue et la diplomatie est tout aussi cruciale. Avec près de 120 millions de personnes déplacées de force d’ici mai 2024 et une augmentation de 72 % des victimes civiles entre 2022 et 2023, le besoin de paix est plus pressant que jamais.
En parallèle, une accélération de la mise en œuvre est désespérément nécessaire. Des investissements massifs et des partenariats efficaces sont essentiels pour conduire les transitions dans des domaines clés tels que l’alimentation, l’énergie, la protection sociale et la connectivité numérique.
Saisir le moment
Le rapport précède le Forum politique de haut niveau sur le développement durable (HLPF), qui se tiendra au siège des Nations Unies, à New York, du 8 au 17 juillet.
Sous les auspices du Conseil économique et social (ECOSOC), le Forum examinera les progrès mondiaux vers l’objectif 1 sur l’élimination de la pauvreté, l’objectif 2 sur la faim zéro, l’objectif 13 sur l’action climatique, l’objectif 16 sur des sociétés pacifiques et inclusives et l’objectif 17 sur les moyens de mise en œuvre.
En outre, le prochain Sommet du futur en septembre sera crucial pour réorienter les efforts vers la réalisation des objectifs. Le sommet vise à répondre à la crise de la dette qui touche de nombreux pays en développement et à la nécessité urgente de réformer l’architecture financière internationale.
Principales conclusions
Le rapport sur les ODD met en lumière de graves défis économiques, avec une croissance du produit intérieur brut (PIB) par habitant plus lente dans la moitié des pays les plus vulnérables du monde que dans les économies avancées.
Près de 60% des pays ont été confrontés à des prix alimentaires anormalement élevés en 2022, exacerbant la faim et l’insécurité alimentaire.
Le rapport souligne également l’inégalité entre les sexes, notant que 55% des 120 pays étudiés ne disposent pas de lois interdisant la discrimination à l’égard des femmes.
Il cite également l’éducation comme une préoccupation importante, puisque seulement 58% des élèves dans le monde atteignent un minimum de compétences en lecture à la fin de l’école primaire.
Dans le même temps, même si le taux de chômage mondial a atteint un plancher historique de 5% en 2023, de nombreux obstacles à la réalisation d’un travail décent persistent dans toutes les sociétés.
On note toutefois une évolution positive dans le domaine des énergies renouvelables, qui ont connu une croissance annuelle de 8,1% au cours des cinq dernières années.
Les progrès technologiques ont également connu des progrès significatifs, l’accessibilité au haut débit mobile (3G ou supérieur) étant passée de 78% en 2015 à 95% de la population mondiale.
Source: news.un.org