Près de 300 cas d’enlèvements ont été signalés depuis le début de l’année en Haïti, soit presque le nombre total enregistré pour toute l’année 2022, et trois fois plus qu’en 2021, a déploré lundi le Fonds des Nations Unies pour l’enfance.
Selon l’UNICEF, dans la plupart des cas, les enfants et les femmes sont enlevés de force par des groupes armés et « utilisés à des fins financières ou tactiques ».
Aussi, les victimes qui parviennent à rentrer chez elles « se débattent avec de profondes cicatrices physiques et psychologiques » qui peuvent durer parfois de nombreuses années.
« Les histoires que nous rapportent nos collègues et partenaires de l’UNICEF sur le terrain sont choquantes et inacceptables », a déclaré Gary Conille, le Directeur régional de l’UNICEF pour l’Amérique latine et les Caraïbes.
Les victimes qui parviennent à rentrer chez elles se débattent avec de profondes cicatrices physiques et psychologiques qui peuvent durer parfois de nombreuses années.
« Les femmes et les enfants ne sont pas des marchandises. Ils ne sont pas une monnaie d’échange. Et ils ne doivent jamais être exposés à une violence aussi inimaginable », a ajouté le Directeur régional.
Une situation de terreur constante
Pour l’UNICEF, la tendance croissante aux enlèvements et aux séquestrations est extrêmement préoccupante et menace à la fois le peuple haïtien et ceux qui sont venus l’aider.
La situation générale en Haïti est catastrophique. Aujourd’hui, on estime que 5,2 millions de personnes, soit près de la moitié de la population, ont besoin d’une aide humanitaire, dont près de trois millions d’enfants.
Outre le fait que les enfants et les femmes sont arrachés à la rue et exposés à de profonds traumatismes et à la détresse, les rapports indiquent que les systèmes de santé locaux sont au bord de l’effondrement et que les écoles sont attaquées, ce qui maintient les civils dans une situation de terreur constante.
L’augmentation de la violence, les pillages, les barrages routiers et l’omniprésence des groupes armés entravent gravement les efforts humanitaires, rendant difficile l’acheminement de l’aide indispensable aux communautés touchées.
Un appel à la libération immédiate et au retour de toutes les personnes enlevées
Au fil des mois, la peur et la complexité s’ajoutent à un environnement déjà difficile pour ceux qui apportent une aide vitale.
« J’ai été témoin de la remarquable résilience des enfants, des femmes et des familles haïtiennes qui font face à des défis apparemment insurmontables, refusant de se rendre », a déclaré Mme Conille. « Cependant, leur bravoure est confrontée à une terreur croissante et impensable. Cela doit cesser maintenant ».
L’UNICEF lance un appel urgent pour la libération immédiate et le retour en toute sécurité de toutes les personnes qui ont été enlevées en Haïti.
Alors que la violence actuelle continue de dévaster des vies innocentes, l’UNICEF reste ferme dans son engagement à fournir une aide et un soutien essentiels aux enfants d’Haïti qui ont été affectés par ces événements traumatisants.
Des réponses rudement sous financées
Au-delà de sa réponse initiale à la crise, l’UNICEF joue un rôle crucial dans le soutien aux enfants et aux victimes qui survivent à ces enlèvements. En collaboration avec ses partenaires, il fournit une aide vitale, assurant l’accès aux soins médicaux, au soutien psychosocial et à des espaces sûrs où les enfants peuvent entamer le processus de guérison et de rétablissement.
Toutefois, le Fonds de l’ONU pour l’enfance explique que l’une des grandes limitations au-delà du climat sécuritaire c’est le financement.
Les activités de protection de l’enfance de l’UNICEF en Haïti qui sont à 90 % sous financées : c’est le domaine d’activité de l’UNICEF qui est le plus sous financé, parce qu’il n’est pas vu comme prioritaire par beaucoup de donateurs.
Par contre, souligne l’agence onusienne, ce domaine est très important pour que ces personnes puissent reconstruire leur vie, reconstruire leur futur et c’est possible de le faire au quotidien.
Source:news.un.org