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Le niveau des massacres et des violations des droits de l’homme en Éthiopie au cours des dernières années de conflit est stupéfiant, et la communauté internationale doit intensifier ses efforts pour protéger les civils et tenir les auteurs de ces violations pour responsables de leurs crimes, a déclaré la Commission internationale d’experts des droits humains sur l’Éthiopie après avoir publié vendredi son rapport final.

Le rapport donne le tableau le plus détaillé à ce jour des violations des droits humains et des abus contre les civils en Éthiopie au cours des deux années de conflit dans les régions du Tigré, d’Amhara, d’Afar et d’Oromia entre 2020 et 2022. L’une des conclusions centrales est l’ampleur stupéfiante des violations et des abus perpétrés par toutes les parties au conflit.

Il révèle que les Forces de défense nationale éthiopiennes, les Forces de défense érythréennes et les forces spéciales et milices régionales alliées sont toutes responsables de massacres, de viols et de violences sexuelles généralisés et systématiques, y compris l’esclavage sexualisé contre les femmes et les filles, la famine délibérée, les déplacements forcés et des détentions arbitraires à grande échelle qui constituent des crimes de guerre et des crimes contre l’humanité. Les forces du Tigré sont responsables de meurtres, de viols et de violences sexuelles généralisés, de destructions de biens et de pillages équivalant à des crimes de guerre.

« L’ampleur et la continuité des violences en Éthiopie depuis le 3 novembre 2020 sont telles que le présent rapport ne peut être considéré comme reflétant pleinement les préjudices subis par les civils dans les régions faisant l’objet de l’enquête », a déclaré Mohamed Chande Othman, président de la Commission. 

Rien mettra fin à l’impunité

La Commission, qui a été créée en décembre 2021par le Conseil des droits de l’homme des Nations Unies, a noté qu’en raison de contraintes de temps et de ressources, elle n’a pas été en mesure de se prononcer sur un éventuel crime contre l’humanité d’extermination ou de génocide, et qu’une enquête plus approfondie est nécessaire pour déterminer tous les faits et les implications juridiques.

Selon les experts, la présence continue et les violations commises par les forces de défense érythréennes au Tigré avant et après la signature de l’accord de cessation des hostilités en novembre 2022 et la propagation de la violence à l’échelle quasi nationale rappellent cruellement que sans une reddition des comptes crédible pour les violations et les crimes, rien ne mettra fin à l’impunité. Il n’y a aucune dissuasion contre les atrocités commises à l’avenir. 

« Les perspectives d’une véritable reddition des comptes nationale sont extrêmement lointaines », a déclaré Radhika Coomaraswamy, experte de la Commission. « Les revendications des victimes et des survivants en matière de justice et de reddition des comptes sont claires et inébranlables, et leurs voix doivent être entendues ». 

Fin du mandat  

La fin du mandat de la Commission, qui intervient vendredi à la fin de la 54e session du Conseil des droits de l’homme, laisse les victimes dans l’incertitude.

« C’est un coup dur pour les nombreuses victimes éthiopiennes de ces violations et abus que la Commission ne soit pas en mesure de poursuivre et de conclure les enquêtes qui, selon nous, sont une condition nécessaire pour une paix et une justice durables dans le pays », a déclaré Steven Rather, un expert de la Commission. 

« Les États doivent continuer à placer la situation des droits humains en Éthiopie en tête de l’agenda international, et enquêter activement et poursuivre les crimes commis en Éthiopie devant leurs tribunaux nationaux respectifs, en vertu du principe de compétence universelle », a déclaré M. Othman. « La communauté régionale et internationale, y compris le système des Nations Unies, les titulaires de mandats au titre des procédures spéciales et le HCDH, ne devraient pas oublier les victimes de ce conflit brutal ». 

Le rapport complet peut être consulté ici. 

Source:https://news.un.org/fr