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WASHINGTON, 21 novembre 2024 – Alors que se multiplient les appels à investir dans le capital humain et à accroître les possibilités d’emploi pour une jeunesse africaine en plein essor, un nouveau rapport met en lumière les difficultés auxquelles se heurte un groupe démographique important : les adolescentes. En Afrique subsaharienne, plus de la moitié des filles âgées de 15 à 19 ans ne sont pas scolarisées, sont mariées ou ont déjà des enfants. Un rapport conjoint de la Banque mondiale, du Center for Global Development et de Population Council, Parcours vers la prospérité pour les adolescentes en Afrique, souligne l’urgence de se pencher sur le cas souvent négligé de ces jeunes filles et propose des mesures politiques ciblées pour répondre aux situations diverses des adolescentes de la région.

Qu’elles soient poussées à quitter l’école en raison de contraintes familiales, de nécessités économiques ou de conflits, les filles sont plus nombreuses que les garçons à ne pas accéder à l’enseignement secondaire et supérieur, à exercer des emplois peu qualifiés ou à s’occuper d’un conjoint ou d’enfants avant d’avoir atteint l’âge de 19 ans. Il en résulte une perte de capital humain et une baisse de la croissance économique.

Selon le rapport, il existe de grandes disparités entre les pays d’Afrique subsaharienne. Certains pays parviennent à retarder l’âge du mariage et de la procréation et assurent un niveau élevé d’éducation aux filles, alors que dans d’autres pays, souvent en situation de fragilité et de conflit, le taux de scolarisation des filles est très faible et celui des mariages précoces est très élevé. Ces tendances sont étroitement liées aux cadres juridiques des pays, en particulier aux lois relatives à l’éducation, à l’emploi et au mariage.

« La particularité de ce rapport est d’aller au-delà de conseils avisés mais généraux qui consistent simplement à garder les filles à l’école. Il analyse les différentes réalités que vivent des millions d’adolescentes aujourd’hui et propose des pistes pour répondre aux besoins de groupes qui ont tendance à être négligés, comme les adolescentes mariées, les jeunes mères et les jeunes travailleuses dans le secteur informel », explique Estelle Koussoubé, économiste senior à la Banque mondiale et coéditrice du rapport

L’Afrique subsaharienne compte aujourd’hui environ 145 millions d’adolescentes et, en 2030, jusqu’à un tiers des adolescentes du monde vivront dans cette région. Les auteurs du rapport estiment que chaque dollar investi dans l’autonomisation des adolescentes africaines d’ici 2040 – par exemple en améliorant leur accès à la santé et à l’éducation ou en favorisant leur réussite économique – pourrait plus que décupler l’impact économique, avec des gains potentiels de 2 400 milliards de dollars.

La nouvelle stratégie du Groupe de la Banque mondiale en matière de genre se concentre sur l’élimination des violences de genre et le renforcement du capital humain, l’amélioration de l’accès à de plus nombreuses opportunités économiques, et la participation des femmes à des fonctions décisionnelles afin d’accélérer l’égalité des sexes à l’échelle mondiale. Le rapport Parcours vers la prospérité pour les adolescentes en Afrique appuie cette stratégie en formulant des recommandations concrètes à l’intention des décideurs. Il s’agit notamment de réduire les frais de scolarité à la charge des familles grâce à des approches éprouvées telles que l’alimentation scolaire et les transferts monétaires, de combiner des formations professionnelles adaptées au marché du travail avec le développement de compétences utiles à la vie courante et d’étendre les services de santé conformes aux besoins des jeunes. Le rapport souligne aussi la nécessité d’interventions ciblées pour les groupes vulnérables tels que les jeunes mères qui ont besoin d’aide pour la garde des enfants et de perspectives génératrices de revenus durables.

« Notre analyse révèle l’énorme potentiel économique qui est en jeu. Lorsque nous investissons dans la santé, l’éducation et les perspectives économiques des adolescentes, nous façonnons non seulement leur avenir, mais aussi la trajectoire de communautés et d’économies entières », souligne Kehinde Ajayi, Senior Fellow et directrice du programme d’égalité des sexes et d’inclusion du Global Development, coéditrice du rapport.

La forte incidence de la violence de genre, y compris dans le cadre scolaire, est un phénomène critique pour la vie des adolescentes en Afrique. Il est urgent de poursuivre les recherches pour déterminer quelles sont les interventions les plus efficaces pour réduire la violence et rendre plus sûres les écoles et d’autres activités de la vie quotidienne des jeunes filles. Afin d’encourager la recherche et l’action, les données de cette étude sont disponibles dans un Atlas des adolescents pour l’action, disponible sur un portail web dédié de Population Council.

« Ce rapport présente une approche fondée sur des données et des approches éprouvées pour comprendre la diversité des besoins des adolescentes et les voies vers l’autonomisation économique. Le travail à venir sera difficile, mais nous sommes maintenant mieux équipés pour relever ces défis avec un cadre multidimensionnel qui peut guider efficacement les programmes et les politiques qui soutiennent les filles dans le monde entier », déclare Karen Austrian, directrice du GIRL Center du Population Council et co-auteur du rapport.

Source:www.banquemondiale.org