Chacun a droit à l’éducation. Tout le monde. Mais en Afghanistan, les filles et les femmes ont été privées de ce droit fondamental : elles ne sont plus autorisées à fréquenter l’école secondaire ni l’enseignement supérieur.
Cette décision dévastatrice menace d’anéantir les progrès considérables réalisés dans le domaine de l’éducation au cours des 20 dernières années dans le pays, malgré des défis majeurs. Cela fait également de l’Afghanistan le seul pays au monde aujourd’hui à suspendre l’accès des filles et des femmes à l’éducation.
Le pays risque une génération perdue car les femmes éduquées sont essentielles à son développement, prévient l’Organisation des Nations Unies pour l’éducation, la science et la culture (UNESCO), pour qui l’Afghanistan – comme tout autre pays – ne peut pas progresser si la moitié de sa population n’est pas autorisée à poursuivre des études et à participer à la vie publique.
À l’occasion de la Journée internationale de l’éducation le 24 janvier, l’UNESCO appelle à un accès immédiat et non négociable à l’éducation et au retour à l’école pour toutes les filles et jeunes femmes en Afghanistan.
Un événement est organisé au Siège des Nations Unies, à New York, auquel participeront le Secrétaire général des Nations Unies, António Guterres, le Président de l’Assemblée générale des Nations Unies, Csaba Kőrösi, ainsi que la Directrice générale de l’UNESCO, Audrey Azoulay.
Une table-ronde sera consacrée à l’éducation des filles et des femmes en Afghanistan.
« La communauté internationale a la responsabilité de veiller à ce que les droits des filles et des femmes afghanes soient rétablis sans délai. La guerre contre les femmes doit cesser », déclare Mme Azoulay, soulignant qu’aucun pays au monde ne devrait empêcher les femmes et les filles de recevoir une éducation.
Quelle est la situation actuelle de l’éducation des filles et des femmes en Afghanistan ?
Depuis septembre 2021, le retour à l’école de toutes les filles afghanes de plus de 12 ans a été reporté sine die, laissant 1,1 million de filles et de jeunes femmes sans accès à une éducation formelle.
Actuellement, 80% des filles et jeunes femmes afghanes d’âge scolaire, soit 2,5 millions de personnes, ne sont pas scolarisées. Près de 30% des filles en Afghanistan ne sont jamais entrées à l’école primaire.
En décembre 2022, l’enseignement universitaire pour les femmes a également été suspendu jusqu’à nouvel ordre, affectant plus de 100.000 étudiantes fréquentant des établissements d’enseignement supérieur publics et privés.
Le nombre de femmes dans l’enseignement supérieur a été multiplié par près de 20 entre 2001 et 2018 et, avant la récente suspension, une jeune femme sur trois était inscrite à l’université.
Quelle était la situation des filles et des femmes afghanes avant les suspensions actuelles ?
Entre 2001 et 2018, le nombre d’inscriptions à tous les niveaux d’enseignement dans le pays s’est multiplier par dix, passant d’environ 1 million d’élèves en 2001 à environ 10 millions en 2018. Le nombre de filles à l’école primaire est passé de presque zéro en 2001 à 2,5 millions en 2018. En août 2021, 4 élèves sur 10 dans l’enseignement primaire étaient des filles.
La présence des femmes dans l’enseignement supérieur afghan a été multipliée par près de 20, passant de 5.000 étudiantes en 2001 à plus de 100.000 en 2021. Le taux d’alphabétisation des femmes a doublé au cours de la période, passant de 17% de femmes sachant lire et écrire en 2001 à près de 30%, toutes tranches d’âge confondues.
Comment l’UNESCO soutient-elle l’éducation en Afghanistan ?
L’UNESCO s’est fortement impliquée dans le soutien du système éducatif en Afghanistan au cours des 20 dernières années, notamment en menant avec succès un programme d’alphabétisation qui a touché plus de 600.000 jeunes et adultes, dont 60% étaient des femmes.
Depuis août 2021, l’UNESCO a réorienté ses interventions pour assurer la continuité de l’éducation par le biais de cours communautaires d’alphabétisation et de développement des compétences pour plus de 25.000 jeunes et adultes, dont 60% de femmes et d’adolescentes dans 20 provinces.
Sa campagne de plaidoyer « Literacy for a Brighter Future » [Alphabétisme pour un avenir plus brillant] a touché plus de 20 millions d’Afghans pour sensibiliser le public au droit à l’éducation des jeunes et des adultes, en particulier des femmes et des adolescentes.
L’UNESCO s’est également associée à des ONG sur le terrain, en fournissant des contenus et des fonds pour déployer une campagne d’alphabétisation communautaire à destination de 25.000 jeunes et adultes des zones rurales, dont une majorité d’adolescentes de plus de 15 ans et de femmes.
Afin d’atteindre le plus grand nombre possible de filles et de femmes, l’UNESCO s’efforce également de fournir un enseignement à distance par le biais des médias afghans, notamment les stations de radio. Plus des deux tiers de la population ont accès à la radio, qui présente l’avantage d’atteindre directement les foyers.
Grâce à de nombreux donateurs, l’UNESCO soutient les stations de radios dans la production de contenus relatifs aux situations de conflit, humanitaires, sanitaires et éducatifs d’intérêt public.
Ces contenus visent à toucher au moins six millions d’Afghans et ciblent tout particulièrement les femmes et les filles. Un soutien direct est aussi apporté à une station dirigée par des femmes, qui produira en 2023 plus de 200 heures par mois de contenus éducatifs consacrés aux filles et aux femmes, diffusés dans au moins huit provinces du pays.
Source:news.un.org