Kigali, Rwanda — Un nom se démarque dans le combat contre la violence sexuelle subie par les enfants en Afrique : celui de Kanga Rasi. Motivée par sa propre expérience en tant que survivante de violence sexuelle dans son enfance, Kanga est une leader inspirante qui mène la charge pour mettre fin à la violence infantile dans tout le continent.
“J’ai été victime de violence sexuelle dans mon enfance quand j’avais 10 ans. Mon vécu m’a motivé à faire ça. C’est pour moi, pas pour le travail. Pour moi, c’est parce que je ne souhaiterais pas qu’un autre enfant, fille comme garçon, connaisse ce que j’ai subi, car je connais l’impact que ça a, que ce soit psychologiquement, au niveau de la santé ou de comment tu te présentes dans la société, comment ça t’affecte en tant qu’individu,” a-t-elle déclaré.
Kanga est une lueur d’espoir pour d’autres qui ont traversé des expériences similaires.
Sa vision s’étend par-delà sa propre guérison, car elle reconnaît le besoin urgent d’une société qui protège l’innocence et le bien-être des enfants. C’est une militante infatigable pour la prévention, la sensibilisation et les systèmes de soutien pour les survivants. Elle est déterminée à créer un monde où aucun enfant n’aura à connaître de la violence, et elle travaille infatigablement pour faire de cette vision une réalité.
Durant les neuf dernières années, elle a travaillé avec une grande variété d’organisations aux niveaux international, régional, national et local afin d’aborder des questions telles que les violences sexistes, les droits reproductifs, l’éducation et la place des femmes dans le leadership.
Kanga a déclaré que “si nous souhaitons que les enfants atteignent leur plein potentiel, nous avons besoin de démolir les barrières qui s’érigent sur leur chemin. Certaines de ces barrières sont systémiques, mais nous pouvons toujours faire la différence en s’exprimant sur nos vécus et en travaillant pour changer les systèmes qui perpétuent les abus et la négligence envers les enfants. En travaillant ensemble, nous pouvons garantir que tous les enfants aient l’opportunité de vivre la meilleure vie possible.”
“Inculquer les violences sexistes en milieu scolaire (VSMS) dans nos programmes est important,” a-t-elle déclaré. “Ça devrait commencer avec des programmes de formation des enseignants pour qu’ils comprennent ce que sont les VS et comment en parler avec les élèves. Une fois que les VS sont incluses dans les programmes, les enseignants devraient être informés de la façon dont ils doivent relayer l’information aux élèves d’une manière à la fois informative et sensible.
De plus, les élèves devraient avoir l’opportunité de participer à la recherche de solutions contre les VS, car leurs vécus sont essentiels au développement d’une prévention efficace et de stratégies de réponse.”
Violences Sexistes en Milieu Scolaire – Une épidémie silencieuse
Les écoles sont censées être des lieux sûrs où les enfants peuvent apprendre et grandir. Pourtant, une réalité effrayante a détruit cet idéal, plongeant les écoles dans les profondeurs d’une crise mondiale. La violence, auparavant considérée comme impensable dans ces lieux sacrés, a émergé comme une force impitoyable, serrant le cœur de 246 millions d’élèves à travers le monde, rapporte l’UNESCO.
La violence peut prendre plusieurs formes, y compris le harcèlement sexuel, les agressions physiques, le harcèlement, la discrimination, les agressions verbales et les normes de genre nocives.
L’Afrique, comme plusieurs régions dans le monde, fait face à des défis importants pour aborder les violences sexistes en milieu scolaire (VSMS). L’UNESCO estime qu’une fille sur trois en Afrique subsaharienne fera l’expérience d’une forme de VSMS durant sa scolarité. Des statistiques alarmantes montrent qu’entre 46% et 78% des adolescentes dans des écoles africaines ont subi une forme de VSMS.
Cela peut avoir des conséquences dévastatrices sur l’éducation, la santé mentale et le bien-être en général de ces filles et perpétue le cycle de l’inégalité des genres. Par conséquent, plusieurs filles sont obligées d’éviter l’école, sont moins performantes que ce qu’elles pourraient être, ou abandonnent même complètement. Cette violence à des conséquences négatives importantes sur les accomplissements scolaires des étudiantes.
Les VSMS incluent différents types de violences, dont le harcèlement sexuel, les agressions, le harcèlement, la discrimination et les normes de genre nocives.
Les conséquences des VSMS sont considérables.
Néanmoins, le Mouvement Brave émerge comme force mondiale. L’organisation a pour objectif de mettre fin à toutes les formes de violence sexuelle contre les enfants. Il opère selon la croyance que survivants doivent être à l’avant-garde du combat contre la violence sexuelle, et que leurs voix et leurs expériences devrait guider les actions du mouvement. Le Mouvement Brave, lancé en avril 2022, a connu une importante croissance. Il est composé de membres de partout autour du monde, avec une croissance particulièrement rapide en Afrique et en Europe.
Le plaidoyer du mouvement se focalise sur ces trois piliers : prévention, guérison et justice. Le mouvement pense qu’en travaillant ensemble ces partenaires peuvent réellement faire la différence dans la vie des enfants qui ont été touchés par la violence.
Anna Macdonald, la directrice exclusive du Mouvement Brave, déclare que le Mouvement Brave est un mouvement activiste dirigé par des survivants de violence qui travaille pour mettre fin à la violence sexuelle envers les enfants en Afrique. L’organisation est dévouée à retirer la stigmatisation associée à la violence infantile et créer un monde où tous les enfants peuvent grandir en sûreté et sans peur. Le Mouvement Brave opère à un niveau continental, avec un nombre considérable de membres dans les pays comme le Kenya, l’Ouganda, le Nigéria et l’Afrique du Sud. L’organisation est activement impliquée dans les objectifs pan-africains, y compris dans des campagnes communes et du soutien pour des initiatives nationales.
Le Mouvement Brave est un exemple fort de la façon dont les survivants de violence sexuelle dans leur enfance peuvent utiliser leur voix pour entraîner un changement positif.
“Un de ses principes clés est d’amplifier la voix des survivants, garantir qu’ils soient capables de présenter leur perspective et d’être entendus par ceux qui prennent les décisions quand ils discutent de solutions politiques, ”affirme Macdonald.
“L’organisation croit fermement que les individus qui ont subi un traumatisme lié à la violence sexuelle dans leur enfance sont bien placés pour prôner des mesures efficaces pour éviter un tel traumatisme aux futures générations.”
“Le Mouvement Brave prône pour des conseils de Survivants pour fournir des conseils aux gouvernements et pour inclure les survivants dans tous les dialogues politiques. Cette implication s’étend à des secteurs tels que l’éducation, le sport et la religion, où le Mouvement Brave travaille afin d’améliorer la sûreté et aborder les questions liées à la violence infantile,” déclare Macdonald.
“La majorité des membres de notre équipe de direction sont des survivants. Les 15 membres de notre groupe de direction sont des survivants de 12 pays différents. Ils conseillent et développent les politiques et les aspirations de notre organisation et sont nos porte-parole. Par exemple, Kanga Rasi, notre manageur de la campagne africaine est une survivante et une activiste accomplie.”
Des initiatives couronnées de succès
Les Nations Unies ont proclamé le 18 novembre « Journée mondiale pour la prévention et la guérison de l’exploitation, des atteintes et des violences sexuelles visant les enfants ». Cette journée est destinée à mettre en avant l’exploitation sexuelle et les abus que subissent les enfants et à souligner le besoin de prévention, d’amener les responsables devant la justice et de donner la parole aux victimes dans le cadre de leur long processus de guérison.
“C’est un succès clé, car plusieurs pays africains ont pris part à des campagnes l’année dernière pour dénoncer la violence infantile,” nous dit Kanga. “ La déclaration de l’ONU a réservé ce temps pour sensibiliser sur la question et promouvoir les meilleures pratiques pour prévenir la violence infantile.”
“Au Kenya, certains partenaires ont joué un rôle important pour influencer la Loi sur les droits de l’enfant et y incorporer des clauses qui protègent les enfants de la violence. La Loi aborde actuellement la nature évolutive de la violence infantile, dont la sûreté en ligne. Par exemple, il y a eu des cas de violence infantile diffusés en direct et de prédation en ligne,” a-t-elle ajouté. “Le Kenya a réussi à éviter ces atrocités grâce à la Loi sur les droits de l’enfant et le travail de ses partenaires.
Toutefois, il reste du travail à faire. Les différents pays et partenaires impliqués dans la Semaine Era Two se rassemblent pour partager les meilleures pratiques et développer des nouvelles stratégies de prévention contre la violence infantile.”
Le but de la semaine Era Two, comme déclarée par les Nations Unies, est d’attirer l’attention et d’aborder le problème de l’exploitation sexuelle des enfants, des abus et de la violence.
Macdonald a aussi ajouté qu’en 2023, “le mouvement Brave a mené avec succès une campagne aux côtés des pays du G7 pour obtenir un engagement de leurs ministres afin de financer et fournir des ressources pour mettre fin à la violence infantile.”
“C’était un accomplissement important car l’impact de la violence infantile coûte au monde des milliards de dollars quant au traumatisme qu’un enfant peut porter avec lui jusqu’à l’âge adulte et les nombreux problèmes que cela peut causer dans la société.” Elle a déclaré que “obtenir un réel engagement de la part de certains des pays avec le plus de ressources dans le monde pour investir dans la prévention contre la violence infantile a été un premier pas vers une campagne réussie pour en faire une initiative mondiale.”
Futurs objectifs
Kanga a affirmé “Tout d’abord, je pense que tous les pays africains devraient ratifier la Charte africaine des droits et du bien-être de l’enfant. C’est une charte importante qui protège les droits de tous les enfants, spécialement en Afrique. De plus, nous devons aborder la question des violences sexuelles intra-familiales, qui représentent un problème majeur en Afrique. Cela inclut l’insecte, qu’il soit commis par un père, un oncle ou une tante. Nous devons regarder la façon dont les choses ont été faites par le passé et trouver de nouvelles façons de les changer pour que les enfants soient protégés de ce type de violence.”
“La sûreté en ligne et la violence sexuelle sont des préoccupations majeures pour les enfants aujourd’hui. Il y a un certain nombre de choses qui peuvent être effectuées pour éviter ces problèmes, notamment des politiques et des implantations fortes, de l’éducation et du soutien. Les financements sont nécessaires pour éviter ces problèmes, et la réalité actuelle pour beaucoup d’enfants est qu’ils ne se sentent pas en sécurité en ligne ou à l’école. Nous devons créer un monde où les enfants se sentent en sûreté et protégés, et c’est possible si nous investissons dans la prévention et le soutien.”
Élever la voix des survivants
A la conférence Women Deliver, le message de Macdonald aux femmes est que la violence sexuelle envers les enfants est une question féministe et de genre qui est intersectionnelle avec plusieurs autres problèmes tels que l’inégalité, la marginalisation et l’éducation. Elle appelle les femmes à reconnaître que la violence sexuelle envers les enfants est un sérieux problème qui les affecte de façon disproportionnée.
Elle les incite aussi à demander que des mesures de protection soient mises en place pour protéger les enfants de la violence. Elle souligne le fait que les filles et les femmes sont touchées par la violence de manière disproportionnée, tant en tant qu’enfant qu’en tant qu’adultes, et que la violence sexuelle contre les enfants ne peut être abordée sans aussi aborder ces autres problèmes.
Elle appelle à ce que des mesures de protection soient mises en place pour protéger les enfants de la violence, dont des mesures telles que fournir des environnements sûrs et inclusifs et faciliter aux gens le signalement de leurs préoccupations.”
Kanga encourage Women Deliver à incorporer le vécu des survivants dans leurs efforts de plaidoyer pour mettre fin à la violence infantile. Elle pense que le vécu des survivants est essentiel pour plaidoyer car ils ne peuvent être retirés et peuvent façonner les politiques et les interventions mieux que ne le peuvent les données et la recherche.
Les survivants peuvent partager leurs histoires pour sensibiliser au problème et renforcer le soutien au changement ainsi que donner un aperçu des défis pour guérir de la violence infantile, ce qui peut aider à développer des interventions plus efficaces.
(Traduit de l’anglais par Aïcha Sall)
Source:allafrica.com