(Agence Ecofin) – En Afrique, l’accès à l’enseignement secondaire des filles demeure un défi majeur, limitant leur autonomie et freinant le développement économique. Face à ces inégalités persistantes, notamment au Nigeria, les initiatives ciblées prennent une importance stratégique.
Le mardi 24 juin à Abuja, le Fonds Malala, ONG internationale en faveur de l’éducation des filles, a annoncé un engagement de 50 millions de dollars sur cinq ans. Cette enveloppe mondiale accordera la priorité au Nigeria, pays où les disparités d’accès à l’école secondaire sont parmi les plus marquées du continent. L’annonce a été faite par Nankwat Dakum, responsable de la communication de l’organisation au Nigeria.
« Cette stratégie soutiendra les groupes locaux, défendra un meilleur financement de l’éducation et aidera les filles à achever 12 années de scolarité, en particulier celles touchées par le mariage précoce », a-t-elle déclaré.
En ciblant six États particulièrement affectés (Adamawa, Bauchi, Borno, Kaduna, Kano et Oyo), le fonds entend réduire les disparités territoriales. Par ailleurs, l’initiative prévoit d’aider plus de filles à terminer au moins 12 années d’études gratuites et de qualité afin de renforcer leur employabilité et leur inclusion socio-économique.
Selon le Fonds des Nations unies pour l’enfance (UNICEF), les États du nord-est et du nord-ouest du Nigeria affichent des taux nets de fréquentation scolaire primaire des filles de seulement 47,7 % et 47,3 %. Près de la moitié des filles ne sont donc pas scolarisées dans ces régions. Les causes incluent la pauvreté, l’insécurité, les normes socioculturelles défavorables à l’éducation des filles, ou encore le manque d’infrastructures adaptées.
À ces freins s’ajoutent des pratiques sociales contraignantes. Un rapport 2023 de l’ONG Girls Not Brides indique que 30,3 % des filles nigérianes se marient avant 18 ans, et 12,3 % avant 15 ans. Ces réalités compromettent leur développement personnel, mais aussi les perspectives économiques du pays.
L’efficacité de ce programme dépendra d’une coordination étroite entre acteurs internationaux, gouvernementaux et locaux, ainsi que d’un suivi rigoureux des résultats. Des projets similaires, comme celui lancé au Kenya en 2014, qui a permis la construction d’un établissement secondaire en zone rurale, ont montré des effets mesurables sur la scolarisation.
Pour que cette dynamique produise des résultats durables au Nigeria, il faudra élargir l’accès à la formation professionnelle et renforcer la mobilisation communautaire. La pérennité de l’impact dépendra surtout d’une volonté politique constante de faire de l’éducation des filles une priorité stratégique de développement.
Félicien Houindo Lokossou (stagiaire)
Edité par Sèna D. B. de Sodji
Source:https://www.agenceecofin.com/actualites-services/2706-129571-le-fonds-malala-annonce-50-millions-usd-pour-l-education-des-filles-notamment-au-nigeria