WILDAF-AO

25 ans déjà !

Women in Law and Development in Africa-Afrique de l’Ouest (WiLDAF -AO) célèbre 25 ans d’existence. Que de choses vécues en 25 ans ! 

Hier, le 1er Août 1997, avec Béatrice Ajavon, nous ouvrions les portes du petit bureau à deux pièces du WiLDAF, Bureau Sous Régional pour l’Afrique de l’Ouest avec pour matériel de bureau, un viel ordinateur posé sur une des deux tables et un fax. Oui le WiLDAF-AO se souvient d’où il est sorti – que dis-je ? comment et pourquoi il a été conçu.  Le mandat assigné par le Bureau Régional de Harare était :  Implanter le réseau dans les pays pour être plus proche des femmes nos principales bénéficiaires et travailler avec les réseaux nationaux sur les priorités des femmes de la sous-région afin d’impacter positivement leur vie. Ambitions excessives au regard des ressources assurément dérisoires ? Peut-être que oui peut être que non.  Nous avions 20 mois pour mobiliser des fonds ou fermer la structure. C’était un défi à relever.

Comme un enfant qui apprenait à marcher et qui explore l’univers de sa chambre, le WiLDAF en son enfance, partit à la découverte du monde des ONG en 1999 avec une première action intitulée : « S’organiser pour mieux défendre les droits de la femme », suivi de son tout premier projet financé par l’Union Européenne (1999-2001). Ouf ! nous venions de mobiliser notre tout premier fonds avec le projet :« Au-dela de Beijing : Renforcement de capacité des réseaux nationaux de droits des femmes pour contribuer à la mise en œuvre des droits humains des femmes », des titres qui cadrent bien le mandat assigné.

De 2002-2004, on vit le WiLDAF renforcer la capacité des acteurs judiciaires et extrajudiciaires pour la mise en œuvre effective des droits des femmes en Afrique de l’Ouest et ainsi de suiteTelles furent les années d’apprentissage du réseau. On voit qu’elles ont été plus fécondes qu’on ne le pensait. Du petit bureau à deux pièces, le WiLDAF-AO a aujourd’hui son propre siège.

 

Ambitions excessives ? aujourd’hui je dirai NON. Il est vrai qu’à nos débuts, l’inexpérience a payé son tribut de difficultés, mais cette volonté de redonner la dignité à la femme africaine en général et en particulier à celle de l’Afrique de l’Ouest, a galvanisé notre ardeur et nous a permis de relever le défi et d’aller de l’avant. Si les premières années n’ont pas immédiatement abouti à des résultats extraordinaires, elles se sont révélées par la suite fécondes. Le WiLDAF des premières années n’est plus celui des années qui ont suivi. Pas qu’il ait changé d’objectifs, ou renoncé à sa mission d’alors. Mais ces objectifs et sa mission ont acquis une dimension nouvelle. Ces actions se sont amplifiées pour devenir des actions d’envergure.  

 

Aussi, en ce jour des 25 ans du réseau, je voudrais célébrer les réalisations accomplies dans des conditions parfois difficiles et dans un contexte d’accès limité aux ressources. Le WiLDAF-AO est aujourd’hui le réseau de référence en matière de droits des femmes, le plus implanté dans la sous-région ouest- africaine où il est présent dans tous les pays avec des réseaux nationaux légalement établis dans 11 pays et des points focaux dans les 4 autres. Au fil des ans, nous sommes fières d’avoir contribué à des réformes juridiques et politiques aux niveaux national, sous-régional, régional et international sur des sujets prioritaires et stratégiques pour les femmes et les filles du continent. En effet, nous avons conjugué nos efforts avec l’ensemble des parties prenantes à promouvoir l’autonomisation économique, politique et sociale des femmes, à lutter contre les violences basées sur le genre y compris les mariages d’enfants et les mutilations génitales féminines, à œuvrer à faire des droits sexuels et reproductifs des femmes et des filles, les droits dans le cadre familial et la participation à la prise de décisions des femmes, une réalité. Nous avons également fait en sorte que l’égalité des sexes y compris dans les politiques agricoles soit pris en compte.

Sur le terrain, à travers nos programmes, nous avons eu le privilège et le bonheur d’avoir impacté la vie de centaines de milliers des femmes qui ont bénéficié des conseils juridiques des centres ouverts par nos membres pour faire cesser les violations de droits et discriminations qu’elles ont connues.   

Le WiLDAF-AO a également multiplié ses contacts dans le monde des ONG d’Afrique et d’ailleurs. Très tôt le réseau a coopéré avec d’autres organisations, et est aujourd’hui membres de plusieurs coalitions.

Au moment où nous marquons du 1er Aout 2022 au 31 juillet 2023, ces 25 ans d’existence de notre réseau, le WiLDAF-AO se souvient ; et parce qu’il se souvient, il entend remercier ses illustres fondateurs, ces grandes figures des droits des femmes, qui ne sont plus parmi nous, mais dont le courage, la force et l’ardeur nous permettent de continuer notre mission. Si le réseau a franchi tant d’obstacles, n’est-ce pas, avant tout, à ses braves femmes qu’il le doit ? alors MERCI à vous vaillantes activistes : Feue Joanna Foster, Bisi OlateruOlagbegi, Seny Diagne …

A celles qui continuent la lutte, notre très chère Anti Dorcas (Dorcas Coker-Appiah), Geneviève Boko Nadjo, DJOURTE Fatoumata DEMBELE, Mariam Coulibaly, Djeneba Diop Sidibé, Claire Quenum, Grace d’Almeida … pour ne citer que celles-là MERCI. Nous vous exprimons notre admiration et notre gratitude.

 Le réseau remercie tous les partenaires qui ont adhéré à sa mission et qui ont placé leur confiance en lui en accordant des ressources nécessaires à l’accomplissement de celle-ci.   

Il remercie les bénéficiaires qui ont mis en lui certains de leurs plus grands espoirs et qui attendent de plus en plus de ses efforts. Comment ne pas saluer ici l’action des centaines de parajuristes femmes et hommes, véritables chevilles ouvrières de la lutte pour les droits des femmes dans les contrées les plus reculées des pays. Et que dire de ces milliers de femmes du secteur agricole qui grâce à nos programmes ont accédé à la terre, au crédit, aux techniques de culture, aux intrants et ont pris conscience qu’elles ont, en tant qu’êtres humains, des droits qu’elles doivent revendiquer pour transformer leur situation. Mes pensées vont particulièrement à deux actrices clef qui ont fait montre d’un courage sans faille dans la lutte pour les droits des femmes. Il s’agit de :

-Roukiéta du Burkina Faso, figure emblématique de ces femmes agricultrices complètement transformées, devenues autonomes et leaders dans leur communauté au contact du droit.

-La togolaise qui se sentait souillée par le viol dont elle n’a pu parler qu’avec le soutien de son copain et qui a eu la satisfaction en ce mois de décembre et à la veille des fêtes de fin d’année, de voir son agresseur appréhendé et poursuivi en justice.

J’aurais bien voulu continuer sur cette lancée de célébration de nos accomplissements, mais reconnaissons que les défis futurs sont encore énormes. Nous sommes loin de la vision du WiLDAF -AO, d’une communauté Ouest africaine de citoyens informés, inspirés et engagés à contribuer à un monde où toutes les filles et les femmes jouissent de leurs droits humains au même titre que les hommes.

Merci à vous tous et toutes, chers collègues de bureau et des WiLDAF nationaux, parajuristes, partenaires techniques et financiers qui avez rendu ce cheminement possible. Merci également à nos alliés hommes, ces volontaires qui ont résolu de désormais porter au dos eux aussi leurs enfants pour montrer que les femmes ne peuvent plus continuer à être cantonnées dans des tâches de reproduction, ces alliés chefs traditionnels, responsables techniques qui en étant ouverts et parfois complices, ont permis d’influencer les décideurs en vue des réformes souhaitées.

 Nous espérons pouvoir toujours compter sur vous pour poursuivre notre route vers cette société ouest africaine plus juste et prospère où les femmes jouissent de leurs droits au même titre que les hommes.

Par-dessus toute chose Merci au SEIGNEUR qui nous donne la santé et la force pour mener nos actions.

JOYEUX ANNIVERSAIRE AU WiLDAF-AO