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Une délégation africaine est en visite actuellement au Maroc, composée d’ONG, avec comme mission de lancer un plaidoyer auprès du Royaume visant à entamer les discussions pour encourager la ratification du Protocole à la Charte africaine des droits de l’homme et des peuples relatifs aux droits des femmes en Afrique (Protocole de Maputo), adopté en juillet 2003 à Maputo (Mozambique) et entré en vigueur en novembre 2005 après avoir obtenu les 15 ratifications requises. 

Programmé sur quatre jours, du 1er au 4 novembre, cette visite a pour but de rencontrer plusieurs responsables marocains, notamment la ministre de la Solidarité, Aawatif Hayar, Amina Bouayach, présidente du CNDH (Conseil national des droits de l’Homme), des groupes parlementaires du PPS (parti du progrès et du socialisme) ou encore les membres du bureau de l’association Jossour FFM (Forum des Femmes Marocaines), afin de faire connaître ce protocole et l’importance de sa ratification et lancer le débat sur les perspectives du plaidoyer qui peut s’effectuer au niveau du Maroc.

Cette visite intervient même alors que le Maroc est au milieu d’une réforme du Code de la famille, initié par le Roi lui-même. En effet, dans son discours à la Nation à l’occasion du 23e anniversaire de la fête du Trône, le 30 juillet, le Roi Mohammed VI a appelé à une réforme du Code de la famille, de manière à garantir les droits de tous, hommes et femmes.

« Le Code de la Famille a représenté un véritable bond en avant, désormais il ne suffit plus en tant que tel. L’expérience a en effet mis en évidence certains obstacles qui empêchent de parfaire la réforme initiée et d’atteindre les objectifs escomptés », a affirmé le Roi .

Quelle est donc l’importance de ce protocole de Maputo, et pourquoi le Maroc doit-il le ratifier pour, notamment accompagner la réforme du Code de la famille. Interrogée sur ce point, Faiza Jama Mohamed, Directrice du bureau Afrique d’Equality Now, a souligné que le Maroc fait partie du continent africain, notant que l’Afrique veut s’assurer que tous les pays du continent adhèrent aux mêmes normes d’où la nécessité pour le Maroc de ratifier le Protocole à la Charte africaine des droits de l’homme et des peuples relatifs aux droits des femmes en Afrique (Protocole de Maputo).

« Ce protocole n’est pas si différent de la Convention sur l’élimination de toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes (CEDAW) que le Maroc a adoptée en 2015. En ratifiant le Protocole de Maputo, le Maroc montre qu’il est aussi en faveur des traités de l’Union africaine (UA). Et en tant que membre de l’UA, toutes les femmes africaines auraient les mêmes normes », a confié la militante à Hespress Fr. 

Ainsi, Faiza Jama Mohamed, Directrice du bureau Afrique d’Equality Now précise que le Protocole de Maputo contient des dispositions qui soulignent que n’importe quel pays qui dispose de lois destinées aux femmes restera intact, notant que le Protocole n’est qu’un ensemble minimum de droits requis pour un pays.

Hier, lundi 1er novembre, Faiza Jama Mohamed, a rencontré notre ministre de la Solidarité, de l’Insertion sociale et de la Famile, Awarif Hayar, au sujet de la ratification du Protocole par le Maroc.

La ministre, qui est revenue sur l’ensemble des progrès réalisés par le Royaume dans le domaine de la protection des droits des femmes, a précisé « n’avoir rien contre le Protocole en soit, mais a souligné que le Maroc a un processus pour tout ce qui est ratification, et qui commence au niveau du ministère des Affaires étrangères ».

Concernant la rencontre prévue vendredi 4  novembre 2022 avec la présidente du CNDH, Amina Bouayach, la Directrice du bureau Afrique d’Equality Now a confié à Hespress Fr que « l’essentiel est de surveiller la façon dont le pays remplit ses obligations en vertu des différents traités et en vertu de la loi », d’où « l’importance de se réunir avec le Conseil pour l’encourager à inciter le gouvernement à ratifier le Protocole et pour comprendre, à travers son point de vue, comment les droits de la femme se porte au Maroc », a-t-elle soutenu.

Interpellé sur les problèmes communs que vivent les femmes africaines sur le continent, Faiza Jama Mohamed souligne d’abord que le continent compte 55 pays, et que le contexte est différent pour plusieurs femmes.

Mais elle a tout de même soulevé plusieurs problèmes communs que connaissent les femmes en Afrique, notamment dans 28 pays, comme la violence domestique, la mutilation génitale, la violence à l’égard des femmes pas uniquement dans l’espace public, mais aussi à la maison, ou encore la faible participation politique des femmes.

Source:fr.hespress.com/