Le 21 mai au petit matin, Jeanne d’Arc Nyiramahirwe a installé son bébé sur son dos et s’est mise en route. Après plusieurs heures de marche, bus et moto-taxi, elle est arrivée dans la capitale rwandaise Kigali pour déposer sa candidature aux législatives.
« La politique n’est pas réservée aux riches », explique cette professeure de mathématiques et agricultrice de 38 ans du district de Burera, dans le Nord du Rwanda, près de la frontière avec l’Ouganda. « Je veux servir les autres, c’est pour ça que je veux devenir députée représentant les femmes et leurs besoins. »
Le Rwanda organise lundi 15 juillet 2024 ses élections présidentielle et législatives.
Le président Paul Kagame est assuré d’être réélu pour un quatrième mandat à la tête du pays, qu’il tient d’une main de fer depuis la fin du génocide de 1994. Son hégémonique parti, le Front patriotique rwandais (FPR), et ses alliés devraient également sortir vainqueurs des législatives.
La Chambre des députés est composée de 80 représentants, dont 53 seront élus lundi au suffrage universel direct par scrutin de liste.
Les 27 autres sièges sont réservés par quotas à 24 femmes, deux jeunes et un handicapé, qui doivent se présenter de manière apolitique et seront élus mardi, respectivement par des conseillers municipaux et régionaux, le Conseil national de la jeunesse et la Fédération des associations de handicapés.
Mère de quatre enfants, le plus jeune âgé de trois mois, Jeanne d’Arc Nyiramahirwe se présente à l’un des 24 sièges réservés aux femmes.
« Briser le cycle de la pauvreté »
Si, conformément à la loi, elle se présente sans étiquette partisane, Jeanne d’Arc Nyiramahirwe est membre du FPR.
En campagne début juillet dans la localité de Gicumbi, elle promet d’ailleurs de « préserver les réalisations du président Kagame ».
Les 32 autres candidates pour les quatre sièges de la province du Nord se gardent bien elles aussi de critiquer le tout-puissant chef de l’État lors de leurs prises de parole (cinq minutes chacune).
Jeanne d’Arc expose sa volonté de défendre les droits des femmes, un objectif soutenu par le FPR. Cette enseignante insiste particulièrement sur l’éducation.
« Éduquer les filles ne consiste pas seulement à leur donner des connaissances, c’est aussi leur donner les moyens de briser le cycle de la pauvreté et de devenir des leaders dans leurs communautés », lance-t-elle à la foule, composée des membres du collège électoral local et d’habitants.
Elle-même fermière, elle veut aussi agir sur la politique agricole du Rwanda, où la majorité de la population vit d’une agriculture de subsistance.
« L’agriculture est l’épine dorsale de notre économie, mais de nombreux agriculteurs manquent des connaissances et des ressources nécessaires pour maximiser leurs rendements », explique-t-elle, disant vouloir leur offrir « un meilleur accès aux engrais, à la formation et aux ressources ».
C’est sa première campagne mais, en bonne candidate, elle promet aussi de rester proche de ses administrés.
« Je ne vous oublierai pas (…). Je serai toujours disponible », assure-t-elle: « Je monterai sur un vélo et viendrai écouter vos problèmes chaque fois que je le devrai. »
Devenir élue « n’enlèvera pas mes responsabilités de mère », affirme-t-elle à l’AFP. « J’ai quatre enfants et je continuerai à être leur mère. La plus jeune a trois mois, je dois continuer à l’allaiter. »
Source:/www.yenisafak.com