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Si le gouvernement sud-soudanais veut sérieusement s’attaquer à la violence sexuelle, il doit immédiatement démettre de leurs fonctions et enquêter sur les gouverneurs et les commissaires de comté soupçonnés de manière crédible d’être complices de viols systématiques, ont déclaré des experts de l’ONU participant à la conférence de l’Initiative pour la prévention de la violence sexuelle à Londres.

Une délégation du gouvernement de Juba participe également à la conférence. Pour la Commission sur les droits de l’homme au Soudan du Sud, il ne sert à rien de présenter toute une série de déclarations, d’engagements nationaux, de promesses et de plans si aucune mesure n’est prise contre les personnes haut placées qui sont responsables des violences répétées contre les femmes et les filles.

« Il ne suffit pas, de temps à autre, de juger une poignée d’officiers subalternes sans tenir pour responsables ceux qui commandent », a déploré la présidente de la Commission de l’ONU, Yasmin Sooka.

La Commission a des motifs raisonnables de croire qu’au début de cette année, un commissaire de comté nommé par le gouvernement dans l’État d’Unity, riche en pétrole, était présent et supervisait des viols collectifs systématiques sur un site de cantonnement. Selon les enquêteurs onusiens, ces actes s’inscrivaient dans le cadre d’une offensive bien planifiée de la terre brûlée contre les civils dans une zone considérée comme loyale à l’opposition.

Le cas le plus emblématique d’un commissaire de comté de l’État d’Unity

Les victimes de viol étant obligées de porter les têtes coupées, des victimes brûlées vives et des jours d’agressions sexuelles brutales commises par dix hommes à la fois sur des jeunes femmes et des filles dont certaines n’avaient que neuf ans. De multiples témoins oculaires ont déclaré que le commissaire du comté avait planifié et ordonné les attaques menées par son adjoint, qui suivaient des schémas étonnamment similaires dans différentes régions.

Dans plusieurs cas, les femmes connaissaient leurs violeurs, qui ont ouvertement révélé que le commissaire du comté et son adjoint leur avaient ordonné de commettre ces atrocités.

« Nulle part au monde vous ne trouverez autant de femmes qui vivent le conflit en subissant des viols collectifs répétés, année après année depuis 2013, évitées et stigmatisées, souffrant en silence, tandis que les hommes responsables sont promus et récompensés », a ajouté Mme Sooka.

Si Juba s’est engagé à plusieurs reprises à lutter contre les violences sexuelles, la Commission rappelle toutefois que « le viol collectif reste l’une des principales façons dont les femmes et les filles vivent les conflits en cours, la grande majorité des cas n’étant pas signalés par crainte du rejet par les familles et les communautés ».

« Les Sud-Soudanais supplient la communauté internationale de les aider à faire pression sur leurs dirigeants pour qu’ils sanctionnent ces personnes et démettent les responsables de leurs fonctions », a affirmé pour sa part, Andrew Clapham, membre de la Commission de l’ONU. « Tragiquement, les victimes nous demandent de prendre la parole et de dire ce qu’elles ont peur de dire ».

Le lourd CV d’un chef milicien devenu gouverneur de l’Équatoria occidental

Ce n’est pas la première fois que de graves allégations sont formulées à l’encontre du commissaire du comté — la Commission des Nations Unies a publié plus tôt des détails alléguant qu’il a été l’instigateur d’attaques contre des civils alors qu’il était commissaire en 2018 et qu’il a été brièvement assigné à résidence, puis réintégré. Les victimes de cette région ont subi des attaques en 2013, 2014, 2016, 2018 et maintenant 2022.

Elles estiment que l’absence de reddition des comptes a alimenté cette violence répétée. « Les viols et les violences sexuelles liés au conflit dans l’État d’Unity sont devenus si systématiques qu’ils sont le résultat direct de l’impunité », a d’ailleurs fustigé l’un des trois membres de la Commission, Barney Afako.

Plus largement, la Commission note que l’impunité pour les violences sexuelles touche toutes les factions et tous les acteurs politiques du pays. A ce sujet, elle rappelle que l’opposition a nommé au poste de gouverneur de l’Équatoria occidental un chef de milice devenu officier militaire, responsable en 2018 de l’enlèvement, du viol, de la torture et de l’esclavage sexuel de plus de 400 femmes et filles.

« Sans surprise, le gouverneur nouvellement nommé n’a rien fait pour arrêter un nouvel assaut contre les civils qui a utilisé le viol comme arme de guerre pour déplacer de force les populations », ont regretté les enquêteurs onusiens, relevant que « les femmes victimes d’horribles agressions sexuelles ne bénéficient pas non plus des soins les plus rudimentaires ».

Source:news.un.org