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Pour de nombreuses femmes dans le monde, la perte dévastatrice d’un partenaire est amplifiée par un combat de longue haleine pour leurs droits fondamentaux et leur dignité.  L’exclusion sociale, l’extrême pauvreté sont certains des obstacles auxquels sont confrontés près de 258 millions de veuves dans le monde. 

Bien qu’il y ait plus de 258 millions de veuves dans le monde, elles ont toujours été invisibles, non soutenues et non comptabilisées dans les sociétés.

Le veuvage oblige souvent les femmes à quitter les structures familiales et sociales, ce qui les rend particulièrement vulnérables à l’isolement, à la violence et à la pauvreté. Selon les données, entre 2009 et 2013, près d’une veuve sur dix vivait dans l’extrême pauvreté.

Beaucoup d’entre elles sont forcées de participer à des pratiques dégradantes, nuisibles et même menaçantes dans le cadre des rituels d’enterrement ou de deuil de leur partenaire. Dans un certain nombre de pays, par exemple, les veuves sont obligées de boire l’eau dans laquelle le corps de leur mari a été lavé. 

À l’échelle mondiale, les femmes ont moins de chances d’avoir accès à des pensions de vieillesse par rapport aux hommes, de sorte que le décès d’un conjoint peut entraîner le total dénuement de ces femmes âgées. 

De plus, dans les régions de conflits armés, de déplacements et de migrations, en plus de la pandémie de la Covid-19, des dizaines de milliers de femmes, qui ont perdu leur partenaire, et de nombreuses autres dont les partenaires ont disparu, se sont retrouvées sans voix dans la société.

La Journée internationale des veuves, marquée chaque 23 juin, vise à mettre un terme à l’ostracisation et à mieux éduquer les communautés en ce qui concerne les besoins des femmes vulnérables telles que les veuves. 

Fatima, veuve, avec une de ses six enfants
ONU Environment/Igor Riabchuk- Fatima, veuve, avec une de ses six enfants

La pauvreté dans diverses parties du globe 

Lorsque leur mari décède, les femmes peuvent rencontrer des difficultés d’accès aux comptes bancaires et aux retraites pour payer les soins de santé ou pour subvenir à leurs besoins, les familles monoparentales et les femmes âgées célibataires étant déjà particulièrement vulnérables à la pauvreté.

De plus, l’accès limité ou absent au crédit et à d’autres ressources financières aggrave leur situation économique. En effet, dans de nombreuses sociétés traditionnelles, elles sont en privées du droit d’hériter des biens, notamment des droits fonciers.

En Afrique et en Asie, les veuves se retrouvent victimes de violences physiques et mentales (dont des abus sexuels) liées à des litiges en matière de succession, de terre et de propriété. Dans certains cas, elles sont amenées à rembourser les dettes contractées par leur mari décédé.

Sans le droit d’hériter, les veuves tombent dans une situation précaire, voire dans la pauvreté, et deviennent dépendantes de la charité de la famille de leur époux.

Dans certains pays où le veuvage est considéré comme un statut social très bas, des milliers de veuves sont reniées par les membres de leur famille et privées de logement. 

Cela les oblige à chercher des emplois peu rémunérés, tels que femme de ménage ou se tourner vers la mendicité ou la prostitution.

Une veuve tient dans ses bras son petit-fils dans un camp de déplacés dans la région d'Idlib, en Syrie.
Photo OCHA/Steve Hafez-Une veuve tient dans ses bras son petit-fils dans un camp de déplacés dans la région d’Idlib, en Syrie.

Situation de conflits 

Un grand nombre de femmes deviennent veuves au cours ou à la suite d’un conflit armé. Elles doivent alors subvenir seules aux besoins de leurs enfants, parfois dans un pays qui n’est pas le leur, voire dans un camp de réfugiés.

Dans certaines parties de l’est de la République démocratique du Congo, par exemple, environ 50% des femmes seraient veuves. En Iraq, trois millions de femmes seraient veuves et à Kaboul, en Afghanistan plus de 70.000. 

En plus des crimes et des atrocités dont elles ont été les témoins, les veuves peuvent elles-mêmes être l’objet de violences – notamment sexuelles – en période de guerre. Violées et mutilées, beaucoup d’entre elles contractant le sida. 

Ester Angello (44 ans), veuve du Soudan du Sud, sent les parfums qu'elle fabrique et vend au Wisdom Center dans la région de Gurei, à Juba
© UNICEF/Gonzalez Farran

 

Ester Angello (44 ans), veuve du Soudan du Sud, sent les parfums qu’elle fabrique et vend au Wisdom Center dans la région de Gurei, à Juba

Stigmatisation et maladies 

Dans de nombreux pays, les femmes veuves se voient refuser le droit à l’héritage, perdent leurs biens et sont confrontées à une stigmatisation et une discrimination extrême.  

Une mauvaise nutrition, un logement inadéquat et des épisodes répétés de violence, accompagnés d’un manque d’accès aux soins de santé, ont un impact négatif sur le bien-être physique et mental des veuves.

Leurs besoins en matière de santé sexuelle et reproductive ne sont souvent pas pris en compte, ce qui les rend particulièrement vulnérables dans le contexte du VIH et du sida.

En Inde, les membres d'un réseau de femmes célibataires, Ekal Nari Shakti Sangathan, qui lutte pour l'obtention du droit des veuves à vivre dans la dignité et la justice
ONU Femmes/Gaganjit Singh

 

En Inde, les membres d’un réseau de femmes célibataires, Ekal Nari Shakti Sangathan, qui lutte pour l’obtention du droit des veuves à vivre dans la dignité et la justice

Briser les stéréotypes et renforcer l’autonomisation des veuves

En cette Journée internationale des veuves, l’ONU appelle les gouvernements à mobiliser le soutien dont les veuves ont besoin. 

Les pays doivent également s’engager à mettre en œuvre la Convention sur l’élimination de toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes et la Convention relative aux droits de l’enfant. 

Des programmes et des politiques visant à mettre fin à la violence, à réduire la pauvreté et à apporter une éducation, une formation, une égalité de rémunération et un soutien aux veuves à tout âge sont également nécessaires pour accélérer la réalisation des objectifs de développement durable. 

Enfin de meilleures données sur le genre doivent être recueillies – des informations démographiques de meilleure qualité, ventilées par âge et par sexe – afin de s’assurer que les veuves soient comptées et soutenues, aujourd’hui et à l’avenir.  

Ainsi l’ONU suggère un minimum de cinq catégories d’état civil lors de la collecte de données de recensement, y compris la catégorie « veuf et non remarié ».

Source: news.un.org