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Des victimes de viol ont fait passer un message vendredi 2 septembre à l’ONU, où l’Assemblée générale a adopté une résolution sur l’accès à la justice des rescapés de violences sexuelles.

Cris de joie et applaudissements

La résolution, accueillie par des cris de joie et des applaudissements, souligne notamment l’importance pour les victimes « d’accéder rapidement et sans entrave » à la justice, la nécessité de renforcer la coopération internationale et l’importance de la protection des droits des femmes de manière générale.

 « L’Assemblée générale n’a jamais voté une résolution autonome qui reconnait le viol en temps de paix, c’est un jour historique », a commenté auprès de l’AFP Amanda Nguyen, fondatrice de l’ONG Rise, qui se bat pour ce texte depuis des années afin de faire entendre la voix des « 1,3 milliard de survivants d’agressions sexuelles à travers le monde ».

Au-delà du traumatisme

« Je voulais être astronaute, je ne voulais pas être une activiste, mais voilà, je me retrouve ici. Et les vêtements que je portais quand j’ai été violée sont exposés ici », poursuit la militante de 30 ans.

Pantalons, shorts, robes plus ou moins couvrantes, et même un maillot de bain de petite fille: depuis mi-juillet et jusqu’à vendredi, 103 mannequins étaient exposés dans le hall du quartier général de l’ONU.

Une exposition baptisée « What were you wearing? » (« Qu’est-ce que vous portiez? ») pour dénoncer la culpabilité trop souvent rejetée sur les victimes d’agressions sexuelles.

Au nom de l’UE, l’ambassadeur tchèque Jakub Kulhanek a salué la « détermination » des organisations de survivants pour « pousser » la résolution adoptée vendredi.

« Au delà du traumatisme lui-même, les survivants font trop souvent face à des barrières inacceptables pour avoir accès à une assistance, à la justice, et à la réparation », a-t-il ajouté.

« Symbole puissant »

« Nous savons que nous devons faire plus pour éliminer les violences sexuelles dans le monde, cette résolution qui fait date nous rapproche de cet objectif », a commenté de son côté lors du débat le représentant américain Jeffrey DeLaurentis, notant toutefois que le texte « ne crée pas de droits ou d’obligations dans le droit international ».

Mais même si cette résolution de l’ONU peut être vue seulement comme « symbolique », c’est un « symbole puissant », estime Amanda Nguyen. « Parce que nous sommes là, nous crions. Nous disons que notre viol compte et vous devez le reconnaître ».

« Toutes les victimes ou les survivants d’agression sexuelle comptent », a renchéri Jessica Long, américaine de 43 ans agressée lors d’un voyage à l’étranger et qui explique n’avoir jamais pu faire reconnaître ses droits.

« Nous nous battons avec vous, le monde se bat avec vous », a-t-elle lancé lors d’un entretien avec l’AFP, se sentant « privilégiée » de pouvoir « être une voix pour ceux qui n’en ont pas à cause de leur âge, de leur genre, de leur race, de là où ils sont nés ».

Un texte soutenu par plusieurs pays

De nombreux défenseurs du texte, présenté par la Sierra Leone avec le soutien d’une cinquantaine de pays, espéraient qu’il soit adopté sans l’ombre d’une réserve par l’ensemble des États membres. Mais le Nigeria, soutenu par plusieurs autres délégations, notamment l’Egypte, la Malaisie ou l’Iran, a tenté de modifier le texte.

Tous ses amendements qui réclamaient la suppression de références aux violences sexuelles au sein du couple, à la violence fondée sur le genre, ou encore à l’accès à la contraception, ont toutefois été largement rejetés.

« Nous demandons aux gens non seulement de comprendre que les stigmates du viol doivent être abolis, mais aussi de se regarder dans le miroir et de se demander qu’est ce que j’ai fait à ce sujet? », a déclaré Amanda Nguyen.

« Nous sommes plus d’un milliard de personnes sur cette planète dont les droits n’avaient pas été reconnus ici », a-t-elle dit. « Et aujourd’hui, ils le sont ».

Source : https://www.ouest-france.fr/monde/organismes