L’Institut supérieur des sciences de la population, en collaboration avec l’ONG Jhpiego, a initié, le vendredi 3 février 2023, à Ouagadougou, un atelier pour partager les résultats de différentes enquêtes sur la planification familiale et les violences faites aux femmes et aux filles au Burkina Faso.
250 000 femmes ont été victimes de violences sexuelles en une année. C’est ce qui est ressorti de la présentation des résultats des études sur la planification familiale et les violences faites aux femmes réalisés par l’Institut supérieur des sciences de la population (ISSP) de l’université Joseph- Ki-Zerbo.
Pour permettre aux membres de l’Association des journalistes et communicateurs en population et développement (AJCPD) de s’approprier les résultats-clés des modules planification familiale de la phase 3 (round 9) et des Violences faites aux femmes et filles (VFF) du projet Performance Monitoring and Accountability (PMA), l’ISSP a organisé, en collaboration avec l’ONG Jhpiego, le vendredi 3 février 2023, à Ouagadougou, un atelier d’échanges.
En effet, pour contribuer à la réussite des programmes de planification familiale au Burkina Faso, l’ISSP en collaboration avec l’Institut Bill & Melinda Gates pour la population et la santé de la reproduction de l’université de Johns Hopkins aux Etats-Unis, a mis en place depuis 2014 une plateforme de recherche dénommée » Performance Monitoring and Accountability, PMA 2020 « .
Ainsi, au cours des années 2020 à 2022, le projet PMA Burkina Faso, avec l’appui de ses partenaires, a réalisé des enquêtes annuelles sur toute l’étendue du territoire national portant sur la Planification familiale (PF) et sur d’autres thématiques telles que les violences faites aux femmes et aux filles. Selon le directeur de l’ISSP, le Pr Abdramane Bassiahi Soura, ces thématiques sont d’intérêt au niveau national, car ce sont des phénomènes qui impactent le développement pour lequel » nous nous battons tous « . A l’écouter, la recherche sur la PF (phase 3 ou 9e vague de collecte) s’est déroulée de décembre 2021 à mars 2022 sur toute l’étendue du territoire national.
Elle a concerné un échantillon de 5 695 ménages, 6 590 femmes âgées de 15-49 ans et 234 sites de prestations de santé. Le directeur adjoint de l’ISSP et principal investigateur de la plateforme de recherche PMA, Dr Georges Guiella, a révélé qu’au niveau de la prévalence contraceptive, 32% des femmes mariées au Burkina utilisent la contraception moderne. Selon lui, il y a une certaine constance dans l’augmentation de cette prévalence depuis 2014 que cette étude est menée.
A son avis, cela signifie que des efforts ont été faits. » En 2013, le taux de prévalence contraceptive qui était de 15% est passé à 32% aujourd’hui. Cela suppose que les efforts portent des fruits. C’est surtout en milieu rural que cette augmentation est significative « , a-t-il révélé. Il a, cependant, affirmé que malheureusement, il y a des défis à relever. Il a soutenu que parmi les besoins non satisfaits qui sont de plus en plus comblés, il y a encore des poches de défis telles que les relations entre prestataires et clientes qui biaisent encore les efforts. » Seulement, 42% des femmes qui sont allées en consultation pour la PF ont bénéficié d’un counseling complet.
C’est-à-dire qu’elles ont été entièrement renseignées sur les avantages et les inconvénients de certaines méthodes. Elles ont bénéficié de conseils sur comment faire lorsqu’il y a des effets secondaires « , a noté Dr Guiella. Il a souligné qu’il y a des efforts à faire au niveau de la qualité des relations entre prestataires et clientes. Il a également souligné que l’éternel problème des adolescentes se pose.
» Il y a des situations où les adolescentes ont besoin d’avoir la planification familiale et le problème se pose chez certains prestataires qui refusent toujours de leur offrir la planification familiale « , a expliqué le Dr Guiella. Le directeur adjoint a affirmé que beaucoup de femmes sont victimes de violences au niveau des ménages de la part de leur conjoint et cela impacte négativement la dignité humaine.
» Une femme qui, malgré tout son potentiel, ne peut pas l’exprimer à cause de la violence conjugale, cela constitue un problème de développement. Ces femmes qui n’arrivent pas à s’exprimer sont exclues du développement », a déploré M. Guiella. Au-delà du terrorisme classique, a-t-il ajouté, il y a malheureusement le » terrorisme domestique » qui sévit pratiquement sur un ménage sur quatre au Burkina.
Il a confié qu’environ 6% des femmes déclarent avoir subi des violences sexuelles au niveau de leur ménage, soit 250 000 femmes qui ont déclaré avoir subi ces types de violences sur une année donnée. Il a aussi souligné que sur toutes les formes de violences, c’est une femme sur quatre dans les ménages qui les subit. Cette situation, selon lui, impacte la productivité de la femme dans la société.