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L’ONU fustige la persistance des atrocités au Soudan du Sud – WILDAF-AO

WILDAF-AO

Malgré les appels au cessez-le-feu et à la mise en œuvre de l’accord de paix, les conflits et les affrontements à travers le pays se traduisent par une série de violations des droits de l’homme et d’abus à l’encontre de la population, a dénoncé mardi 7 mars 2023 le chef des droits de l’homme de l’ONU.

Selon le Haut-Commissaire des Nations Unies aux droits de l’homme, Volker Türk, « d’importantes flambées de violence » ont eu lieu récemment dans la région administrative du Grand Pibor, dans l’État de Jonglei et dans l’État du Haut-Nil. 

« Mon bureau, par l’intermédiaire de la division des droits de l’homme de la Mission des Nations Unies au Soudan du Sud, continue d’enregistrer des meurtres, des blessures et des enlèvements de civils, des violences sexuelles, ainsi que des pillages et des destructions de biens », a-t-il déclaré lors d’un débat du Conseil des droits de l’homme.

Les civils sont particulièrement menacés par les éléments armés et les groupes armés organisés, qui blessent, tuent et déplacent des milliers de personnes. Ces acteurs sont responsable d’environ 47 % des incidents de violence perpétrés contre les civils.

« Le nombre de victimes est stupéfiant », a ajouté M. Volker Türk. Entre janvier et décembre 2022, la Division des droits de l’homme de la Mission de l’ONU de ce pays d’Afrique orientale a documenté 714 incidents de violence touchant près de 3.500 civils dont près de 500 enfants. Quelques 1.600 personnes ont été tuées, 988 blessées et 501 enlevées.

Des taux « consternants » de violence sexuelle liés aux conflits

Selon l’ONU, des générations de Sud-Soudanais ont vécu « dans la peur, la violence extrême et l’instabilité chronique ». De plus, cette insécurité se traduit par des taux « consternants » de violence sexuelle liés aux conflits.

En 2022, 380 femmes et filles ont été déclarées victimes de violences sexuelles liées au conflit. Entre août et décembre, au moins 100 autres femmes et filles ont été enlevées par les parties au conflit lors d’affrontements dans l’État du Haut-Nil. Ce qui les expose à un risque élevé de violence sexuelle, y compris le viol, le viol collectif et l’esclavage sexuel.

Dans l’ensemble, l’obligation de rendre compte des violations et des atteintes aux droits de l’homme et au droit humanitaire international reste insuffisante, dans un contexte d’impunité, d’absence ou de faiblesse de l’infrastructure judiciaire et de manque de volonté politique.

Le chef des droits de l’homme de l’ONU exhorte donc les autorités de Djouba à veiller à ce que les auteurs de violations rendent compte de leurs actes.

Bien qu’il y ait eu quelques initiatives pour améliorer la responsabilité et la réparation pour les victimes – comme les tribunaux mobiles et les cours martiales qui fonctionnent conformément aux normes internationales – elles ne représentent qu’une infime partie de ce qui est nécessaire, regrette l’ONU.

« Tous les responsables d’atrocités – identifiés dans divers rapports de la Commission et de mon Bureau – doivent faire l’objet d’une enquête et être traduits en justice », a insisté M. Türk, relevant que le gouvernement, avec le soutien de la communauté internationale, a la possibilité « de choisir la voie de la guérison et d’une paix durable ».

La violence contre les civils alimentée par une impunité omniprésente

De son côté, la Commission des droits de l’homme des Nations Unies au Soudan du Sud estime que l’impunité est l’un des principaux moteurs des crises humanitaires et des droits de l’homme dans ce pays, qui continuent de causer d’immenses traumatismes et souffrances aux civils.

Les attaques contre les civils persistent précisément parce que leurs auteurs sont sûrs de bénéficier de l’impunité. 

« Les hauts fonctionnaires et les officiers de l’armée doivent répondre des crimes graves qu’ils ont commis, faute de quoi nous ne verrons jamais la fin des violations flagrantes des droits de l’homme », a déclaré devant le Conseil, Andrew Clapham, l’un des trois experts de la Commission.

Le rapport, qui se base sur des enquêtes menées au Soudan du Sud et dans la région voisine tout au long de l’année 2022, fait état d’attaques généralisées contre les civils, de violences sexuelles systématiques à l’encontre des femmes et des jeunes filles, de la présence continue d’enfants dans les forces combattantes et d’exécutions extrajudiciaires commanditées par l’État.

« Les attaques contre les civils persistent précisément parce que leurs auteurs sont sûrs de bénéficier de l’impunité », a ajouté M. Clapham.

Les conclusions de la Commission décrivent de multiples situations dans lesquelles les acteurs étatiques sont les principaux auteurs de crimes graves au regard des lois du pays et du droit international.

Des membres de groupes armés non étatiques sont également identifiés comme les auteurs de crimes violents perpétrés dans diverses zones de conflit.

Un enfant entre des Casques bleus ghanéens dans un camp de fortune à côté d'une base de la Mission des Nations Unies au Soudan du Sud (MINUSS) à Leer.
Photo MINUSS/Eric Kanalstein

 

Un enfant entre des Casques bleus ghanéens dans un camp de fortune à côté d’une base de la Mission des Nations Unies au Soudan du Sud (MINUSS) à Leer.

Le soutien de la communauté internationale ne doit pas faiblir

La Commission a ainsi documenté une opération dévastatrice dans le comté de Leer, où des représentants du gouvernement ont ordonné à des milices de commettre des meurtres à grande échelle, des viols systématiques et des déplacements forcés contre des civils dans une zone considérée comme loyale à l’opposition. 

Dans le comté de Tonj Nord, la Commission a constaté que les forces de sécurité ont lancé une campagne de violence contre les civils lorsque les chefs des trois principaux organes de sécurité du gouvernement se sont déployés dans la région.

Le rapport fait également état d’exécutions extrajudiciaires dans le comté de Mayom, au cours d’une opération militaire supervisée par de hauts responsables du gouvernement et de l’armée. Les vidéos de ces exécutions ont été largement diffusées sur les médias sociaux, suscitant l’indignation dans un pays qui n’est pas étranger aux actes de violence brutale.

Face à la persistance de la violence dans le pays, le défi que représente la promotion de la paix et des droits de l’homme au Sud-Soudan est très lourd.  L’attention et le soutien de la communauté internationale ne doivent pas faiblir.

Djouba s’oppose au renouvellement du mandat de la Commission des droits de l’homme de l’ONU

« L’élaboration de la constitution et les élections, longtemps retardées, sont prévues dans les 18 prochains mois, mais l’espace civique nécessaire pour les rendre significatives a pratiquement disparu », a regretté l’expert de la Commission, Barney Afako.

Face à sombre tableau décrits par le Haut-Commissaire de l’ONU et les enquêteurs, Djouba fait état d’un document de la Commission des droits de l’homme contenant « des allégations recyclées de rapports précédents remontant à 2013 ».

« Le rapport de la Commission a en outre omis les dates et les lieux où les violations présumées des droits de l’homme ont eu lieu, conscient qu’une telle approche rend impossible toute réponse significative du gouvernement », a affirmé le Ministre de la justice et des affaires constitutionnelles du Soudan du Sud, Rubén Madol Arol.

Compte tenu de ce qui précède, le gouvernement du Soudan du Sud s’oppose au renouvellement du mandat de la Commission, relevant que celle-ci « porte atteinte à la souveraineté du pays ».

Source:news.un.org