Par Bacary Dabo
La Conférence sur la souveraineté alimentaire et la résilience est revenue sur ses pas sept ans après la première édition qui s’était tenue à Dakar.
Les 34 chefs d’États et de gouvernements et 70 ministres qui prennent part à ce rendez-vous sont d’accord sur un point : « Le temps est de passer aux actions concrètes ».
Avec 1,4 milliard d’habitants établis sur plus de 30 millions de km2, et plus de 60% des terres arables non exploitées de la planète et d’abondantes ressources hydriques, le marché africain agricole est estimé à 1000 milliards de dollars à l’horizon 2030.
Ce qui est paradoxale aux yeux du président du Sénégal, Macky Sall du fait que le continent continue d’importer l’essentiel de ses produits alimentaires.
Devant cet état de fait, les acteurs présents au Forum de Dakar sifflent la fin des discours et des déclarations d’intention pour que « L’Afrique puisse nourrir l’Afrique ».
La Banque africaine de développement (Bad) a donné l’exemple avec un engagement de 10 millions de dollars pour des Compacts de livraison de produits alimentaires et agricoles afin de stimuler la production et le commerce de ces produits.
Le président de la Bad, Akinwumi Adesina estime que le présent sommet de Dakar doit être « un nouveau départ pour nourrir l’Afrique ».
Avant de préciser que « tout dépend de l’orientation choisie par les gouvernants africains ». Sur cette lancée, le patron de la Bad appelle les Africains à élever la barre et leurs ambitions.
Il indique le cas de l’Éthiopie que la Bad a aidé à atteindre des productions records d’un nouveau type de blé résistant à chaleur en emblavant 800 mille hectares en quatre ans. A cela, il ajoute les 317 mille hectares réalisés en trois ans au Soudan.
Pour lui, la volonté politique existe déjà à travers la déclaration de Malabo de juillet 2003 qui appelle les gouvernements africains à allouer 10% de leur budget à l’agriculture. « Donc l’heure est venue de la concrétiser en actes concrets ». Avant d’indiquer que « les chefs d’États ont l’obligation de faire changer les choses ».
Dans cette dynamique, Adesina juge la nécessité d’embarquer le secteur privé et les partenaires techniques et financiers. Mais aussi l’impératif de soutenir les agriculteurs africains en particuliers les petits exploitants agricoles.
Sur cette lancée, M. Adesina a jugé nécessaire de rendre attractifs le secteur agricoles pour attirer d’avantage de femmes et de jeunes mais aussi des investissements privés.
Nécessité de coordonner les différentes initiatives en direction de l’Afrique
Abondant dans le même sens, le président du Sénégal, Macky Sall, en sa qualité de Président en exercice de l’Union africaine a déjà mis en place une task force restreinte sur les objectifs à court terme pour répondre aux besoins immédiats d’importation d’engrais et de produits alimentaires aux conditions normales du marché.
Une démarche qui sera ensuite élargie pour assurer le suivi des engagements à moyen et long termes avec la déclaration qui engagement les pays africains à travailler ensemble, et de concert avec d’autres partenaires, en vue d’améliorer de façon durable l’investissement dans le secteur agricole pour assurer la souveraineté alimentaire de notre continent.
S’agissant les partenariats de façon générale, le président Sall pense qu’il parait important que les différentes initiatives en direction de l’Afrique soient mieux coordonnées au plan continental pour qu’ils soient en harmonie avec les quatre piliers du Programme détaillé pour le développement de l’agriculture en Afrique.
Dans un élan de concrétiser la vision commune, il s’agira, selon le chef de l’État sénégalais de valoriser davantage la recherche, améliorer la mécanisation agricole et la maîtrise de l’eau, et intensifier l’utilisation de méthodes et technologies appropriées, y compris la transformation locale des produits.
Il sera également question d’élargir les superficies exploitées et d’assurer une gestion durable des terres. Mais aussi d’améliorer l’accès des produits aux marchés, en renforçant les infrastructures de désenclavement et d’interconnexion transfrontalière, ainsi que les équipements de stockage, de conservation et de transformation locale.
Les pays africains sont également invités à soutenir les petits exploitants, notamment les femmes et les jeunes par un encadrement et un financement adaptés à leurs besoins.
Sur la transformation durable des systèmes agricoles, poursuit le président en exercice de l’Union africaine, la réforme foncière revêt une sensibilité particulière qui nécessite de concilier les besoins légitimes de l’agriculture familiale et ceux indispensables de l’agro business pour la production à grande échelle.
D’où la nécessité, selon lui d’accorder une attention particulière devrait être accordée à l’accès au foncier pour les femmes et les jeunes.
Il invite ainsi ses pairs à entrainer le continent sur le chemin de « l’Afrique des solutions », qui nous met dans la perspective d’une agriculture moderne, et nous conduit, au-delà de la résilience, vers la souveraineté alimentaire.
Le président d’Irlande, M. Michael Daniel Higgins, pour sa part, indique l’urgence d’établir des réponses humanitaires en augmentant les productions et les rendements dans le cadre d’un partenariat équitable.
Source:allafrica.cpm