Financement, contraception, formation doivent devenir les piliers indispensables de la bonne gestion de la dynamique démographique de l’Afrique qui accueillera deux naissances sur cinq d’ici 2050. Sinon, les inégalités s’aggraveront et la productivité s’affaissera.
Lorsque les femmes, les enfants et les adolescents prospèrent, les nations s’épanouissent. La santé de ces populations, incluant la santé et les droits sexuels et reproductifs, n’est pas un luxe social mais un investissement stratégique qui renforce le capital humain et la résilience. D’ici 2050, deux naissances sur cinq auront lieu en Afrique. Bien gérée, cette dynamique démographique stimulera la croissance ; négligée, elle aggravera les inégalités. Chaque dollar investi dans la santé des femmes et des enfants génère des retours élevés, tandis que le coût de l’inaction se mesure en pertes colossales de santé, d’éducation et de productivité.
Pourtant, l’urgence demeure. L’Afrique subsaharienne conserve le taux de mortalité maternelle le plus élevé au monde. Des millions d’enfants meurent avant cinq ans, souvent de causes évitables. Les grossesses adolescentes persistent, faute d’éducation sexuelle complète et d’accès à la contraception. Parallèlement, les dépenses directes de santé plongent les familles dans la pauvreté, freinant la couverture sanitaire universelle.
Logistique numérique et protection financière
Le changement climatique et les conflits aggravent ces défis, fragilisant la nutrition, la sécurité et la survie. Il faut bâtir des systèmes de santé résilients, climato-intelligents, capables de maintenir les services essentiels pendant les crises. Investir dans des infrastructures durables, la logistique numérique et la protection financière est crucial. Les progrès les plus rapides surviennent là où la santé est placée au centre du développement et les soins de santé primaires protégés. Des pays comme le Rwanda, le Botswana ou le Ghana démontrent que leadership politique, gratuité des soins essentiels et financement prévisible améliorent les résultats.
Le financement doit suivre les preuves. Les ressources nationales doivent atteindre le terrain, récompenser la qualité, protéger les plus pauvres et réduire les paiements directs. Sécuriser l’approvisionnement en produits vitaux – contraceptifs, ocytocine, antibiotiques néonataux – est une priorité, grâce à l’Agence africaine du médicament, aux achats groupés et à la production régionale.
Les jeunes et les communautés au centre
Les agents de santé communautaires, sages-femmes et infirmières sont le cœur de la WCAH. Les former, les encadrer et les rémunérer renforce la couverture et la confiance. Les zones touchées par les conflits ou le climat doivent bénéficier d’un soutien flexible. Les données doivent guider les décisions pour atteindre les plus vulnérables. Les jeunes et les communautés doivent être au centre. L’initiative What Young People Want du Partenariat pour la Santé de la mère, du nouveau né et de l’enfant (PMNCH), avec plus de 1,5 million de contributions, montre l’importance d’écouter leurs priorités – santé, sécurité, éducation, nutrition – et de transformer les engagements politiques en résultats concrets.
L’OMS Afrique et le PMNCH s’engagent à transformer cette ambition en action : définir un paquet essentiel, renforcer la qualité des soins, soutenir le financement durable et assurer la redevabilité. Ensemble, nous devons mobiliser les ressources domestiques et garantir que chaque engagement se traduise en progrès mesurable. L’Afrique possède le talent et la solidarité nécessaires pour devenir un modèle mondial de santé centrée sur les personnes. Investir maintenant dans la santé et les droits sexuels et reproductifs, c’est choisir la vie, la stabilité et la prospérité. L’avenir du continent dépend de ce choix.
Source:https://www.jeuneafrique.com/1735883/politique/en-afrique-la-sante-des-femmes-et-des-enfants-ne-doit-pas-etre-langle-mort-du-developpement/