D’immenses progrès ont été réalisés dans la quête de l’égalité des sexes, mais les principaux obstacles dressés par le système patriarcal doivent être démantelés afin que les femmes puissent jouer un rôle plus important dans la vie publique et politique, a déclaré vendredi le chef des droits de l’homme de l’ONU, Volker Türk, au Conseil des droits de l’homme de l’ONU.
S’adressant à la réunion annuelle du Conseil à Genève sur la protection des droits des femmes et des filles, le Haut-Commissaire des Nations Unies aux droits de l’homme a affirmé qu’il s’agissait d’une tâche urgente et qu’il fallait une tolérance zéro à l’égard de la violence sexiste.
Il a souligné la réalité alarmante selon laquelle les femmes défenseurs des droits humains, les femmes journalistes et celles qui occupent des fonctions publiques et des postes de prise de décision politique font régulièrement l’objet d’attaques « vicieuses ».
Violences physiques et psychologiques
« De tels actes sont délibérés, dirigés contre celles qui sont considérées comme remettant en question les notions traditionnelles de famille et de genre ou les normes sociales traditionnelles néfastes », a déclaré M. Türk.
« Leur objectif est clair », a-t-il ajouté, « il s’agit d’exercer un contrôle, de perpétuer la subordination et d’écraser l’activisme politique et les aspirations des femmes et des filles ».
Pour illustrer cela, M. Türk a cité une étude récente menée par ONU Femmes dans 39 pays. Elle révèle que 81,8% des femmes parlementaires ont subi des violences psychologiques, tandis que 44,4% ont déclaré avoir été menacées de mort, de viol, de coups et d’enlèvement.
En outre, 25,5% ont subi une forme quelconque de violence physique.
Une autre étude, réalisée par l’UNESCO, estime que 73% des femmes journalistes ont été confrontées à la violence en ligne, notamment par la diffusion de fausses informations, d’images trafiquées et de menaces et d’attaques verbales directes.
Tolérance zéro
Faire face à la discrimination structurelle profondément enracinée nécessite un changement global et systémique. Le Haut-Commissaire Türk a appelé au renforcement des cadres juridiques nationaux pour garantir l’égalité des sexes et protéger les femmes contre la violence, en ligne et hors ligne.
« Nous devons adopter des codes de conduite avec une tolérance zéro pour la violence sexiste et établir des mécanismes de signalement efficaces pour ceux qui en sont victimes », a déclaré le Haut-Commissaire.
Des mesures concrètes, tant temporaires que permanentes, s’imposent de toute urgence. M. Türk a souligné la nécessité de quotas pour les femmes dans la vie publique et politique. Il estime que les femmes devraient avoir plus de chances d’être élues pour siéger dans les organismes publics. Pour cela, des campagnes de sensibilisation et d’autres formes d’aide aux femmes qui veulent consacrer leur temps à la politique sont nécessaires.
Appuyant ce point, Reem Alsalem, Rapporteure spéciale sur la violence à l’égard des femmes et des filles, qui s’est également adressée au Conseil vendredi, a déclaré : « Nous devons endiguer la vague de violence à l’égard des femmes et des filles dans les sphères privée, publique et politique de la vie et nous devons le faire maintenant ».
Remettre en question les notions archaïques
L’augmentation de la participation doit commencer par changer les comportements habituels, a déclaré le chef du bureau des droits de l’homme des Nations Unies (HCDH).
« Nous devons également remettre en question les notions archaïques qui réduisent le travail domestique et de soins uniquement aux femmes et aux filles », a-t-il exhorté, ajoutant que les incitations économiques, les mesures de protection sociale et les campagnes pour l’égalité des sexes peuvent être des forces motrices pour promouvoir une plus grande égalité dans l’ensemble.
M. Türk a déclaré que l’amélioration de l’éducation était une condition préalable essentielle à la participation égale des femmes aux affaires publiques. Il a souligné l’importance de renforcer la participation dans des domaines traditionnellement dominés par les hommes tels que la science, la technologie, l’ingénierie et les mathématiques (STEM). Les systèmes et les programmes éducatifs devraient inclure les femmes comme modèles et mettre en évidence leurs contributions à travers l’histoire pour remédier au manque de visibilité et de reconnaissance.
« Les femmes représentent la moitié de l’humanité. L’égalité des sexes n’est pas une question de gains isolés pour les femmes seules, c’est une quête collective qui profite à des sociétés entières », a dit M. Türk, appelant les États membres et le Conseil « à s’engager à prendre des mesures concrètes et transformatrices pour lutter contre la violence fondée sur le genre à l’égard des femmes et des filles dans la vie publique et politique, et de promouvoir leur participation et leur leadership ».
Source:news.un.org