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En raison d’une hausse des nouvelles infections et des personnes qui continuent d’en mourir dans de nombreuses régions du monde, la riposte au sida est cette année en danger, a alerté mardi 29 novembre 2022 une agence des Nations Unies, relevant qu’au rythme actuel, le monde a peu de chances d’atteindre les objectifs visant à mettre fin à cette maladie mortelle en tant que « menace pour la santé publique » d’ici à 2030.

Le nouveau rapport de l’ONUSIDA souligne comment les inégalités entre les sexes, ainsi que les normes de genre néfastes freinent la fin de la pandémie de sida. Ces inégalités « entravent les progrès contre le sida » et mettent des millions de vies en danger.

Selon les Nations Unies, la discrimination et la violence domestique ont contribué à faire déraper la lutte mondiale contre le sida.

« Le monde ne pourra pas vaincre le sida tout en renforçant le patriarcat », a déclaré la Directrice exécutive de l’ONUSIDA, Winnie Byanyima, commentant cette étude publiée à la veille de la Journée mondiale de lutte contre le sida.

Les femmes victimes de violences domestiques davantage à risque

Selon l’étude, les jeunes femmes sont parfois plus susceptibles de contracter le VIH que leurs homologues masculins, tout comme les femmes qui ont subi des violences domestiques au cours de l’année écoulée. Dans les régions très touchées par le VIH, les femmes victimes de violences commises par leur partenaire intime ont jusqu’à 50% de risque en plus de contracter le VIH, a détaillé l’agence onusienne basée à Genève.

Les effets des inégalités entre les sexes sur les risques liés au VIH chez les femmes sont particulièrement prononcés en Afrique subsaharienne, où les femmes représentaient 63% des nouvelles infections au VIH en 2021. Dans cette région, les adolescentes et les jeunes femmes (15-24 ans) sont trois fois plus susceptibles de contracter le VIH que les adolescents et les jeunes hommes du même âge.

« La seule feuille de route efficace pour mettre fin au sida, atteindre les objectifs de développement durable et garantir la santé, les droits et la prospérité partagée est une feuille de route féministe », a ajouté Mme Byanyima.

1,5 million de personnes infectées en 2021

Le rapport révèle également que la réponse mondiale a mis les enfants sur la touche. Quelque 60 % des personnes séropositives âgées de cinq à 14 ans ne reçoivent pas actuellement de traitement – soit environ 800.000 enfants dans le monde – ce qui indique qu’elles ont été diagnostiquées tardivement. Ce déséquilibre entraîne des conséquences mortelles. En 2021, les enfants représentaient 4% des personnes vivant avec le VIH, mais 15% des décès dus au sida.

En 2021, 650.000 personnes sont mortes des suites du sida et 1,5 million d’autres ont été contaminées par le VIH. Pour « mettre fin à l’épidémie de sida en tant que menace pour la santé publique d’ici 2030 », l’ONU avait fixé des objectifs visant à réduire les infections annuelles à 500.000 en 2021 et à 370.000 en 2025.

Parallèlement, la discrimination dont sont victimes les hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes a entravé les efforts déployés pour éradiquer la maladie dans ce groupe. Bien que la prévalence du VIH ait diminué d’environ 60% en moyenne chez tous les adultes d’Afrique subsaharienne, elle n’a pratiquement pas baissé chez les hommes homosexuels et bisexuels de cette région.

Un déficit de 8 milliards de dollars

De plus, les travailleurs et travailleuses du sexe qui vivent dans des pays où le commerce du sexe est criminalisé ont 7 fois plus de risques d’être séropositifs que les pays où le commerce du sexe est légal ou partiellement légalisé. « Ces inégalités ne sont pas seulement préjudiciables aux individus : elles entravent les progrès contre le sida, réduisent le rendement des investissements dans la lutte contre le VIH et mettent des millions de personnes en danger », a fait valoir l’ONUSIDA.

Plus globalement, le combat contre le virus requiert de nouveau de nouveaux investissements.  En 2021, il manquait 8 milliards de dollars aux financements disponibles pour les programmes de lutte contre le VIH dans les pays en développement.

Pour l’ONUSIDA, ces nations ont besoin « d’une bouffée d’air budgétaire » pour leur permettre d’investir dans la santé, notamment « une annulation de dette importante et une fiscalité progressive ». « L’éradication du sida coûte beaucoup moins cher que ne pas mettre y fin », a conclu la cheffe de l’ONUSIDA.

Source:news.un.org