Le 14 mars 2025, le WILDAF-AO a organisé un panel au siège de la Francophonie à New York, sur le thème : « Mise en œuvre de la plateforme d’action de Beijing en Afrique de l’Ouest : où en sommes-nous et quelles perspectives pour transformer la vie des femmes et filles d’Afrique de l’ouest ? » Les femmes et les filles en parlent !
Chaque année, en marge de la session annuelle de la Commission de la Condition de la Femme (Commission on the Status of Women (CSW), les organisations de la société civile organisent des centaines d’événements parallèles. Ces rencontres sont des occasions pour partager des informations, aborder des enjeux liés aux droits des femmes, analyser les meilleures stratégies pour y répondre et pour mener des actions de plaidoyer en faveur de l’égalité des sexes et de l’autonomisation des femmes et des filles.
C’est dans ce contexte que le WiLDAF-AO a organisé, le 14 mars de 2025, un panel hybride au siège de la francophonie à New York, sur le thème susmentionné. L’objectif de cette rencontre était de porter la voix des femmes de la sous-région et de contribuer à orienter les actions futures de la communauté internationale en faveur de la promotion des droits des femmes en Afrique. Ce panel a réuni environ 80 participants, comprenant des partenaires techniques et financiers ainsi que des représentantes de la société civile ouest africains. Il a offert l’opportunité de présenter les résultats d’une enquête d’évaluation menée à l’occasion des 30 ans de mise en œuvre de la Plateforme d’Action de Beijing en Afrique de l’ouest.
Cette évaluation conduite auprès d’organisations de femmes agricultrices, d’organisations de jeunes ainsi que de représentants des autorités traditionnelles et religieuses dans neuf pays d’Afrique de l’Ouest (à savoir le Bénin, le Burkina Faso, la Côte d’Ivoire, le Ghana, la Guinée, le Mali, le Niger, le Sénégal et le Togo) a mis en évidence des résultats mitigés.
Ces résultats ont révélé des avancées significatives dans plusieurs domaines notamment les droits humains, la lutte contre les violences à l’égard des femmes et des filles, l’autonomisation économique, l’éducation, la formation, ainsi que la participation des femmes aux processus de prise de décision. Cependant, ces progrès n’ont pas été équitablement répartis : toutes les femmes et les filles et toutes les communautés n’en n’ont pas pleinement bénéficié. Le manque de communication a été identifié comme un obstacle majeur, limitant la diffusion, l’appropriation et la jouissance effective de ces acquis.
Par ailleurs, les résultats indiquent que certains domaines prioritaires nécessitent une attention particulière pour progresser dans la défense des droits des femmes. Parmi ceux-ci figurent l’environnement, la santé, les médias, les mécanismes institutionnels de promotion des femmes et des filles.
L’analyse des résultats a permis de dégager des recommandations, formulées à plusieurs niveaux.
En ce qui concerne les Etats, les recommandations suivantes ont été formulées :
– Mettre en place des programmes éducatifs et de formation professionnelle répondant aux besoins du marché de l’emploi ;
– Revoir les programmes de micro financement pour favoriser l’entrepreneuriat féminin, en offrant des formations et un soutien adaptés aux initiatives économiques des femmes ;
– Adopter des mesures législatives garantissant une représentation paritaire des femmes et des hommes dans les instances de prise de décisions ;
– Renforcer les mécanismes de dénonciation, de protection et de prise en charge des femmes et des filles victimes de violences domestiques, de mariages d’enfants et de mariages forcés ainsi que de traite humaine.
En ce qui concerne la Communauté Economique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), les recommandations sont les suivantes :
– Veiller à l’harmonisation des législations nationales avec les engagements internationaux,
– Encourager les réformes législatives afin de promouvoir les droits fondamentaux des femmes et des filles.
Aux organisations de défense de droits des femmes, il a été recommandé de :
– Mettre en place des programmes multidimensionnels à long terme pour renforcer les capacités des communautés et des organisations de base (telles que les coopératives) sur les mécanismes et stratégies de suivi des politiques publiques, afin d’assurer la redevabilité des Etats ;
– Cibler les communautés rurales afin de réduire les disparités entre les femmes des zones rurales et celles des zones urbaines ;
– Promouvoir la connaissance des instruments juridiques et des cadres politiques existants en assurant leur vulgarisation.
En ce qui concerne les autorités traditionnelles et religieuses, les enquêtés recommandent de :
– Mettre en place des programmes d’enseignement ou de sensibilisation sur les textes sacrés et des récits traditionnels mettant en valeur la femme ;
– Promouvoir l’égalité des sexes ;
– Valoriser les figures féminines positives dans l’histoire religieuse et traditionnelle pour inspirer le changement.
Les échanges qui ont suivi la présentation des résultats ont également permis d’aborder d’autres questions émergentes, telles que la recherche de nouvelles sources de financement face aux évolutions récentes du financement des ONG. Un autre sujet majeur abordé a été les défis auxquels sont confrontés les femmes et les jeunes dans les industries extractives notamment dans les pays en crise au Sahel (Mali, Burkina-Faso, Niger etc.).
Il a été retenu à l’issu du panel que , bien que des progrès aient été réalisées, de nombreux défis demeurent pour les femmes et les filles. Les participantes ont été encouragées à se soutenir mutuellement et à avancer ensemble pour instaurer la justice et l’équité en faveur des femmes.
Service communication
WiLDAF-AO