Nous avons déjà discuté de l’insécurité rampante en Haïti dans le Brief du Jour. Dans cette édition, nous allons nous pencher sur un aspect particulièrement inquiétant de la situation.
Les groupes criminels qui contrôlent une grande partie du pays ont intensifié leurs attaques contre la population au cours des dernières semaines. Ils ont notamment soumis des filles et des femmes à d’horribles abus sexuels.
Les groupes criminels ont souvent recours à la violence sexuelle pour instiller la peur dans les territoires rivaux, mais parfois, comme nous l’a dit un travailleur humanitaire, ils le font simplement parce qu’ils le peuvent : « Ils violent parce qu’ils ont le pouvoir. Parfois, ils le font pendant des jours ou des semaines ».
Entre janvier et octobre, près de 4 000 filles et femmes ont signalé des violences sexuelles, notamment des viols collectifs, commis pour la plupart par des membres de groupes criminels. Selon les Nations unies, l’augmentation des cas impliquant des enfants est de 1 000 % par rapport à la même période l’année dernière.
Bien évidemment, il ne s’agit probablement que d’une fraction du nombre réel de cas, car la plupart d’entre eux ne sont pas rapportés.
De nombreuses survivantes souffrent des conséquences des abus physiques et des mauvais traitements ou se retrouvent enceintes, sans avoir accès à des services médicaux, psychosociaux ou juridiques. Les infections sexuellement transmissibles touchent un grand nombre de survivantes.
Le rétablissement des conditions de sécurité de base est essentiel pour lutter contre les violences sexuelles. La police nationale haïtienne et la mission autorisée par les Nations unies – la mission multinationale d’appui à la sécurité (MSS) – sont en difficulté. La communauté internationale devrait intervenir et augmenter d’urgence son financement pour soutenir une réponse sécuritaire appropriée.
Mais il n’y a pas que les mesures de « sécurité dure » qui sont désespérément nécessaires ici. Les partenaires d’Haïti devraient également fournir les ressources nécessaires pour que la mission internationale puisse fonctionner efficacement à tous les niveaux.
En septembre, les Nations unies n’avaient reçu que 17 % des 16 millions de dollars nécessaires pour renforcer et élargir l’accès aux services essentiels pour les filles et les femmes.
Les partenaires internationaux pourraient également faire beaucoup plus pour aider à améliorer la capacité du gouvernement de transition, ainsi que des organisations locales et internationales, à répondre aux besoins des victimes de violences sexuelles.
Et puis il y a la justice. Comme le dit Nathalye Cotrino des équipes de HRW, « L’État de droit en Haïti est tellement défaillant que des membres de groupes criminels violent des filles ou des femmes sans craindre aucune conséquence ».
Le bureau des droits humains des Nations unies en Haïti soutient la formation d’unités judiciaires spécialisées chargées d’enquêter et de poursuivre les responsables de crimes graves, y compris de violences sexuelles. Cependant, ces unités requièrent encore la publication d’un décret officiel du gouvernement de transition pour être pleinement opérationnelles.
Sécurité, assistance et justice – les filles et les femmes d’Haïti méritent de vivre à l’abri de toute forme de violence.
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Source:https://www.hrw.org/fr/news/2024/11/25/lescalade-des-violences-sexuelles-en-haiti