Prix Nobel de la paix 2014, Malala Yousafzai s’est exprimée, ce dimanche 12 janvier, à Islamabad dans le cadre de la Conférence internationale sur l’éducation des filles dans les communautés musulmanes qui s’est ouverte samedi au Pakistan. La militante de l’éducation de 27 ans, exilée en Angleterre après avoir été gravement blessée dans une attaque par les talibans pakistanais en 2012, n’est retournée dans son pays que très rarement. Le point d’orgue de son discours a été la condition des femmes en Afghanistan, privées de leurs droits fondamentaux dont celui d’aller à l’école.
Malala a dénoncé un système d’apartheid entre les sexes en Afghanistan et une volonté du régime taliban d’effacer les femmes de la société. « Leur cruauté ne connaît pas de limites. Les talibans ne considèrent pas les femmes comme des êtres humains. Ils dissimulent leurs crimes sous des justifications culturelles et religieuses », a notamment déclaré la prix Nobel de la paix 2014.
« L’avenir des filles privées d’éducation leur est volé », a déclaré Malala devant un parterre de dirigeants d’États et d’érudits religieux musulmans. Son discours a été éminemment politique. Celle qui a toujours milité pour l’éducation, et qui a failli mourir sous les balles des talibans pakistanais il y a 13 ans, a fait du sort des afghanes privées d’école et de leurs droits fondamentaux le cœur de son intervention.
« Les talibans ne considèrent pas les femmes comme des êtres humains. Ils dissimulent leurs crimes sous des justifications culturelles et religieuses », a-t-elle lancé. Malala a par ailleurs ajouté que « les lois restrictives des talibans à l’encontre des femmes n’ont rien d’islamique » et elle a appelé les leaders religieux et étatiques du monde musulman à se positionner fermement sur la question des femmes en Afghanistan.
Un régime d’apartheid entre les sexes
Ce discours est éminemment politique puisque Malala appelle les dirigeants à poser des actions claires. Elle les a exhortés à reconnaître que le régime des talibans met en place un système d’apartheid entre les sexes, et dans ce sens à soutenir la Convention sur les crimes contre l’humanité. Elle a aussi appelé les érudits musulmans à s’unir pour « contester et dénoncer ouvertement les lois oppressives des talibans ».
« Soutenez le traité sur les crimes contre l’humanité, un effort mondial historique visant à codifier l’apartheid entre les sexes dans le droit international et à tenir les talibans pour responsables. Il faut également que les érudits musulmans s’unissent pour contester et dénoncer ouvertement les lois oppressives des talibans. »
La plus jeune lauréate du prix Nobel de la paix a eu aussi des propos pour les réfugiés afghans, nombreux et vivant dans des conditions très difficiles en Iran et au Pakistan, pays frontaliers de l’Afghanistan. « Je ne peux pas imaginer, dit-elle, qu’une fille ou une femme afghane soit forcée de retourner dans un système qui lui refuse tout avenir. » Une déclaration forte alors que le Pakistan a relancé depuis quelques semaines les expulsions des Afghans sans papiers sur son sol.
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