Au Maroc, les associations de défense des droits des femmes et les militantes féministes s’insurgent contre un important retour en arrière à la suite d’une décision que vient de prendre la plus haute instance judiciaire du royaume. La Cour de cassation du Maroc vient d’annuler la première condamnation pour viol conjugal de l’histoire du pays.
La Cour de cassation du Maroc vient de revenir sur une décision qui faisait figure de grande première en 2019 : la condamnation d’un homme pour le viol de sa femme par la cour d’appel de Tanger, dans le nord du pays. A l’époque, celle-ci avait surpris tout le monde. Membre du bureau exécutif de l’Association démocratique des femmes du Maroc, Fouzia Yassine ne comprend pas comment un tel arrêt a pu être rendu. « On s’attendait à ce qu’il y ait une jurisprudence et bien ce n’est pas le cas : on fait du surplace, on n’avance pas », déplore-t-elle avant de reprendre : « Cette décision de la Cour de cassation est un peu choquante. C’est décevant ! ».
Retour à la case départ
Pour les féministes marocaines qui luttent depuis des années pour la reconnaissance du viol conjugal, elle est aussi synonyme de retour à la case départ. « Cette reconnaissance fait partie de nos revendications. Or depuis longtemps, le code pénal [marocain] ne condamne pas et ne criminalise pas le viol conjugal », explique encore Fouzia Yassine qui poursuit : « Ce n’est d’ailleurs pas le cas non plus de la loi 103 13 adoptée en 2018 », la loi contre les violences faites aux femmes, une législation ambitieuse mais qui ne va pas assez loin, selon les militantes pour la défense des droits des femmes.
Selon une enquête nationale sur les violences faites aux femmes réalisée en 2019 au Maroc, plus de la moitié de la population féminine avait subi au moins un acte de violence durant les 12 mois précédents.
Source:https://www.rfi.fr