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L’ONU a lancé jeudi 24 octobre 2024, l’initiative « Engagement commun », conçue pour rassembler les médiateurs, les gouvernements et la société civile afin de garantir l’engagement plein, égal et significatif des femmes dans les processus de paix.

En annonçant l’Engagement lors d’un débat public du Conseil de sécurité sur les femmes, la paix et la sécurité, la Vice-Secrétaire générale de l’ONU, Amina Mohammed, a souligné que les droits des femmes sont érodés alors qu’elles se voient refuser une voix égale dans la prise de décision.

Elle a cité l’aggravation des crises à Gaza, au Soudan, en Afghanistan et au Yémen, affirmant qu’« il est impératif que nous renforcions notre détermination à soutenir les femmes qui défendent leurs droits, leur capacité d’action et leur inclusion à chaque occasion ».

Mme Mohammed a souligné qu’aucun médiateur ne pouvait à lui seul faire la différence : « L’action collective et la solidarité sont cruciales dans le paysage mondial plus large de la médiation d’aujourd’hui », a-t-elle déclaré.

L’Engagement commun rassemble les médiateurs mondiaux – y compris l’ONU, les États membres, les organisations régionales et les organisations non gouvernementales – pour prendre des mesures volontaires mais concrètes en faveur d’une participation égale à tous les processus de paix.

Points forts

Il comprend la nomination de femmes comme médiatrices principales et la garantie que les femmes font partie intégrante des équipes de médiation.

Il comprend également le plaidoyer auprès des représentants des parties belligérantes pour fixer des objectifs concrets afin de faire progresser la participation directe et significative des femmes.

En outre, les équipes consulteront « régulièrement et avec un large éventail » de femmes dirigeantes et de la société civile à toutes les étapes des processus de paix. Elles intégreront également une expertise en matière de genre au sein des équipes de médiation pour garantir que les accords de paix tiennent compte de la dimension de genre.

Malgré les difficultés, les femmes dirigent et facilitent les efforts de secours partout dans le monde. Sur cette photo d’archives, une travailleuse humanitaire distribue des vêtements d’hiver aux familles touchées par le conflit en Ukraine.
© UNICEF/Oleksandr Osipov
Malgré les difficultés, les femmes dirigent et facilitent les efforts de secours partout dans le monde. Sur cette photo d’archives, une travailleuse humanitaire distribue des vêtements d’hiver aux familles touchées par le conflit en Ukraine.

Les résistances mondiales

S’exprimant lors du débat public, Sima Bahous, Directrice exécutive d’ONU Femmes – l’organisme chef de file pour l’autonomisation des femmes – a averti que l’opposition croissante à l’égalité des sexes érode les droits des femmes dans de nombreux domaines.

Cette réaction négative, a-t-elle déclaré, se fait sentir de manière encore plus brutale dans les zones de conflit, où les conséquences sont encore plus mortelles.

L’exclusion des droits des femmes et la suppression de leur autonomie dans la prise de décision, y compris pour elles-mêmes et leur corps, peuvent faire « la différence entre la vie et la mort », a-t-elle ajouté. « L’utilisation de la misogynie comme arme à des fins politiques nous coûtera cher pendant des générations. Ce prix sera davantage de conflits, des conflits plus longs, des conflits plus dévastateurs ».

Malgré ces défis, Mme Bahous a salué le courage incroyable des femmes dans les zones de conflit.

De la gestion d’« écoles clandestines » en Afghanistan à la fourniture d’aide en Ukraine, en passant par la négociation de la paix en Syrie assiégée, les femmes continuent d’apporter des contributions cruciales, a-t-elle souligné. « C’est pourquoi il nous incombe d’égaler le courage des femmes que je rencontre dans le monde entier ».

Dans les zones de conflit, les femmes soldats de la paix jouent un rôle important pour instaurer la confiance avec les populations locales, en particulier les femmes et les enfants.
MINUSCA
Dans les zones de conflit, les femmes soldats de la paix jouent un rôle important pour instaurer la confiance avec les populations locales, en particulier les femmes et les enfants.

Affronter les obstacles

La Vice-Secrétaire générale Mohammed a également souligné qu’il ne fallait « pas se faire d’illusions » sur les défis actuels, notamment les énormes divisions géopolitiques.

« Tant que les inégalités entre les sexes, les structures sociales patriarcales, les préjugés systématiques, la violence et la discrimination continueront de freiner la moitié de nos sociétés, la paix restera insaisissable », a-t-elle déclaré.

Toutefois, des progrès sont possibles, a-t-elle souligné, exhortant chacun à s’appuyer sur l’expérience collective et à agir de manière unifiée.

« Ensemble, nous pouvons avoir un impact supérieur à la somme de nos efforts individuels. En tirant parti de notre capital politique et de nos rôles respectifs, démantelons les structures de pouvoir patriarcales et faisons progresser l’égalité des sexes ».

Élaborer un programme historique

Le débat public a été présidé par Viola Amherd, Présidente de la Confédération suisse, qui assure la Présidence du Conseil de sécurité pour le mois d’octobre. Elle a coïncidé non seulement avec la 79e Journée des Nations Unies, mais aussi avec le 24e anniversaire de la résolution 1325 du Conseil de sécurité, la semaine prochaine.

Cette résolution historique a été adoptée à l’unanimité le 31 octobre 2000 et a constitué la première reconnaissance officielle des dimensions sexistes des conflits. Ses quatre piliers – participation, protection, prévention, secours et relèvement – ​​soulignent le rôle essentiel des femmes dans la résolution des conflits et la consolidation de la paix.

Depuis lors, plusieurs résolutions de suivi et processus mondiaux ont élargi le programme sur les femmes, la paix et la sécurité, notamment la résolution 1820 qui a reconnu la violence sexuelle comme une arme de guerre et a appelé à un déploiement accru de femmes dans le maintien de la paix.

Source:news.un.org