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Le 31 juillet 2024, deux ans après l’ouverture du procès du massacre du 28 septembre 2009 en Guinée Conakry, l’ancien président et plusieurs anciens responsables guinéens ont été reconnus coupables des massacres et viols commis à cette date.

En effet, le 28 septembre 2022, soit treize (13) ans après le massacre qui a eu lieu au stade à Conakry, s’est ouvert en Guinée, le procès des faits et actes qui ont été commis le 28 septembre 2009 et les jours qui ont suivi. Au cours de la répression effectuée par les forces armées, au moins 156 personnes ont été tuées, par balle, au couteau, à la machette ou à la baïonnette, et des centaines blessées et 109 femmes ont subi des viols, tortures, séquestrations et autres violences. Des années durant, les victimes et survivantes de violences sexuelles ont été confrontées au silence face à leurs demandes. Le procès qui vient de se terminer avait vocation à situer les responsabilités, et devait permettre de rendre justice aux victimes mais aussi aux survivantes de violences sexuelles.

15 ans après les exactions dont les effets continuent de hanter les victimes, le tribunal criminel de Dixinn (délocalisé à la cour d’appel de Conakry) a rendu le verdict qui a condamné les auteurs des crimes contre l’humanité, de meurtres, enlèvements, violences sexuelles, et torture, entre autres. Le tribunal a condamné Dadis Camara et Tiégboro à 20 ans de prison et Tomba à 10 ans d’emprisonnement.  Cinq autres personnes ont également été reconnu coupables d’avoir commis les crimes contre l’humanité allant de meurtres, à des violences sexuelles … ont été condamnés à des peines allant de 10 ans à la prison à perpétuité.

Le tribunal a également statué sur les demandes de réparation et a accordé entre un et trois milliards de francs guinéens (environ 115 000 à 345 000 dollars US) pour les différents groupes de victimes, notamment celles qui ont subi des traumatismes physiques et psychologiques.

En solidarité avec les femmes de Guinée, le WiLDAF-AO salue le verdict rendu.  Pour le réseau, il est important de mettre fin à l’impunité des auteurs de viols, une forme abjecte de violence sexuelle utilisée en période de crise. Voilà pourquoi suite à l’ouverture du procès du 28 septembre 2022, le WiLDAF-AO a initié des actions en soutien aux victimes de violences sexuelles en Guinée à travers l’Edition 2023 des 16 jours de campagne contre les violences faites aux femmes et aux filles et un projet ponctuel de  « Solidarité avec les femmes de Guinée, les Féministes africaines demandent justice pour les survivantes de violences sexuelles en Guinée ‘’ initié par le WiLDAF-AO avec le soutien financier de Urgent Action Fund.  

Au-delà des condamnations des auteurs, le WiLDAF exhorte autorités guinéennes à renforcer les mesures de sécurité à la suite du verdict afin de garantir la sécurité des victimes, instamment celles de violences sexuelles et des témoins qui ont eu le courage de témoigner au cours du procès et qui craignent d’éventuelles représailles, à veiller également au paiement effectif des dommages-intérêts aux victimes de violences sexuelles.

Ce procès historique du massacre de 2009 constitue après la condamnation des auteurs de viol au Rwanda en 1994 et en République Démocratique du Congo en 2004, un signal fort indiquant que les responsables de crimes graves au regard du droit international, y compris les violences à l’égard des femmes en situation de conflit ne resteront plus impunis.

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