En Tunisie, le féminicide d’une institutrice par son ex-époux suscite la colère des militantes féministes qui ont organisé une marche au Kef, dans le nord-ouest du pays, la ville de la victime. Malgré une loi cruciale en matière de lutte contre les violences, votée en 2017 et supposée mieux protéger les victimes, les féminicides sont fréquents et les associations dénoncent le silence des autorités sur le sujet.
Dans la ville du Kef, une cinquantaine de femmes crient : « les responsables sont dans leur palais tandis que les victimes sont sous terre », en référence au féminicide de Wafa Sebaï. Cette mère de deux enfants a été brûlée vive par son ex-époux le 29 octobre, quatre jours après la finalisation de leur divorce.
Ahlem Bousserwel, secrétaire générale de l’Association tunisienne des femmes démocrates dénonce les défaillances de la justice. « L’impunité, elle dure depuis un vrai moment. Cette dame, Wafa, avait déjà demandé la protection une fois ; à priori, selon les informations que nous avons (recueillies) cette protection était soi-disant appliquée par le fait de dire à son mari de ne plus s’approcher d’elle mais il a outrepassé cette décision, il est venu la voir plusieurs fois et l’a menacée ».
C’est le troisième féminicide en un an dans cette ville. En mai 2021, le meurtre de Refka Cherni, tuée par balles par son mari, avait suscité l’émotion au niveau national. Le procès de l’époux est toujours en attente. « Ça montre à quel point les procédures sont très lentes, poursuit Ahlem Bousserwel, que le féminicide n’est pas une priorité, n’est pas une affaire d’Etat et c’est une volonté d’Etat de se désengager et d’abandonner les femmes à leur sort »
Peu d’hommes étaient présents à la marche de colère ce samedi. Seif Ghairi Thairi, a 23 ans et fait partie d’une association féministe. « Il me semble que c’est tout à fait normal : les hommes ne sont pas encore prêts à perdre les privilèges que le patriarcat leur accorde, mais en tout cas, on ne va pas les attendre ! »
Selon une enquête du ministère de la Femme, près de la moitié des femmes tunisiennes ont été victimes au moins une fois dans leur vie de violence domestique.
Marche contre les féminicides en Tunisie: «On ne naît pas femme, on en meurt»
Source:rfi.fr