Si, autrefois, la seule présence féminine à bord d’un bateau était une figure de proue, les femmes tunisiennes font aujourd’hui leur entrée dans les transports maritimes, phénomène certes encore peu courant mais qui va en s’amplifiant.
En cela, elles ont suivi l’exemple de leur reine au nom doux comme du miel : Elyssa, qui avait fui la tyrannie de Pygmalion pour fonder, après 7 années d’errance, Carthage la punique. Près d’une trentaine de siècles plus tard, la mer est de nouveau prise d’assaut par de hardies navigatrices que sont les femmes tunisiennes. On les retrouve désormais dans les courses à voile, capitaines à bord des patrouilleurs, officiers à bord des car-ferrys pour passagers, à quai opérantes dans des postes clé de la logistique.
Elles conduisent, téméraires timoniers, des embarcations aux lignes à la fois pures et branchées sur les techniques du temps. Ce sont de jeunes femmes au solide pied marin et au visage de vents et d’embruns, prêtes à passer des jours dans un corps-à-corps avec les caprices de la mer. Elles sont des Tunisiennes qui lèvent l’ancre et prennent d’assaut un secteur qui a toujours été à prédominance masculine pour la conquête d’une place sur les navires et sur les quais.
Pour ces femmes, il ne s’agit pas seulement de vaincre les éléments de Dame nature, mais comme le montre une étude du BIT sur le sujet, de surmonter la discrimination, le harcèlement sexuel et le scepticisme quant à leurs compétences et à leur capacité de résistance.
Mais si ces Tunisiennes ont bravé tous les tabous puisqu’on les trouve aujourd’hui commandantes de patrouilleurs, capitaines, chefs mécaniciens ou officiers et même matelot ou faisant partie du personnel hôtelier des navires, c’est qu’elles fuient le chômage pour vivre une existence tumultueuse en mer, dans un environnement potentiellement hostile. En effet, en Tunisie, l’égalité des chances face à l’emploi entre les hommes et les femmes est loin d’être atteinte, ce qui pousse ces dernières à chercher de l’emploi dans des secteurs jadis réservés aux hommes. C’est que bien qu’elles réussissent mieux leurs études que les hommes, les femmes trouvent plus de difficultés à s’insérer dans le marché du travail.
Ainsi, le taux de chômage des jeunes qui est de 30%, se compose de près de 48% de jeunes femmes. De ces statistiques, il appert que la femme tunisienne est la première victime du chômage et de l’exclusion sociale.