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Les 16 jours d’activisme contre les violences basées sur le genre débutent aujourd’hui et se poursuivent jusqu’au 10 décembre. Pendant cette période, les ONG redoublent d’efforts pour sensibiliser et dire non à toutes les formes de violences faites aux femmes. En Côte d’Ivoire, le constat reste alarmant : selon le Programme national de lutte contre les violences basées sur le genre, au moins une femme sur trois subit des violences physiques ou sexuelles au cours de sa vie. Parmi les plus vulnérables figurent les travailleuses du sexe, souvent marginalisées et exposées à des abus répétés. À Abidjan, un centre d’aide leur tend la main.

C’est une première fois difficile pour Leticia, qui franchit le seuil d’Espace Confiance. Ce centre, spécialisé dans l’accompagnement des travailleuses du sexe victimes de violences, devient son refuge après une nuit de cauchemar. La veille, elle a été violée et battue par un client. « J’ai eu très mal, j’ai crié, raconte-t-elle, la voix tremblante. Le gérant est venu, c’est lui qui était censé m’aider, mais il a dit : « Il faut lui donner. Tu as l’habitude de te vendre, non ? » Puis, il a fermé la porte et il est parti ».

Des scènes comme celle-ci sont loin d’être rares. En six mois, le centre a enregistré une trentaine de cas d’abus similaires. Mais beaucoup de victimes préfèrent se murer dans le silence, comme le souligne Élodie, chargée de sensibilisation au sein du centre : « Quand elles sont violées, elles se disent que c’est à cause de leur accoutrement ou parce qu’elles sont travailleuses du sexe. Elles pensent qu’elles ne peuvent pas dénoncer. Mais elles doivent savoir qu’elles sont avant tout des êtres humains, avec des droits. »

Cette année, un accent mis sur la riposte et la reconstruction

Pour garantir ces droits, Espace Confiance, avec le soutien de l’organisation internationale Solthis (Solidarité thérapeutique et initiatives pour la santé), propose un accompagnement complet. N’Guessan Kouassi, coordonnateur du projet, explique les différentes étapes de prise en charge : « Si c’est un cas nécessitant une prise en charge médicale, on les oriente vers un médecin. Si c’est psychologique, nous avons un psychologue sur place. On va les aider à mieux se prendre en charge. Nous organisons aussi des séances de self-défense pour les aider à anticiper les situations de violence. »

Cette année, à l’occasion des seize jours d’activisme, l’accent est mis sur la riposte et la reconstruction après les violences.

Avec notre correspondant à Abidjan, Abdoul Aziz Diallo

Source:https://www.rfi.fr/fr