WILDAF-AO

En Guinée, s’ouvre ce mercredi 28 septembre 2022, le procès du massacre du 28 septembre 2009. 13 ans après les faits, les présumés auteurs de l’effroyable massacre commis au stade de Conakry, seront enfin jugés.

Le 28 septembre 2009 et les jours suivants, des soldats, des policiers et des miliciens avaient     réprimés dans le sang, un rassemblement de sympathisants de l’opposition réunis dans le stade de Conakry pour démontrer pacifiquement leur force et dissuader Moussa Dadis Camara de se présenter à la présidentielle de janvier 2010.

Lors de cette opération, les militaires ont tué au moins 157 personnes et violé 109 femmes. Ils ont commis leur besogne au couteau, à la machette et à la baïonnette, jonchant de cadavres la pelouse, les travées et les couloirs du stade et ses alentours. Et comme dans tous conflits, Ils ont abusé de dizaines de femmes et achevé nombre d’entre elles.

Nous vous proposons à cet effet, des extraits d’une interview de RFI faite aux victimes

« Au stade, j’ai été violée. J’ai été battue. J’ai des blessures graves au front, j’ai maintenant des cicatrices. À mon retour à la maison, mon mari m’a rejetée. Il m’a abandonnée avec mes enfants », confie-t-elle à RFI.

Une autre victime : « Ils m’ont pris ma virginité. Après ça, je vomissais, j’avais des maux de tête. Comme ça ne passait pas, on m’a emmenée à l’hôpital et les médecins ont découvert que j’étais enceinte ».

Oumar Diallo est chauffeur: « C’est un béret rouge qui m’a tapé sur la tête avec un fusil. J’ai toutes mes preuves, un certificat médical, j’ai les photos de mes mains plâtrées, à côté des victimes couchées dans la salle. »…

Des personnes sont mortes piétinées dans la panique. Les exactions ont continué les jours suivants, contre des femmes séquestrées et des détenus torturés.

Selon le rapport d’une commission d’enquête internationale mandatée par l’ONU, Cent-cinquante-sept personnes ont été tuées et des milliers de blessées avec une cruauté effrénée, au moins 109 femmes ont été violées.  Les chiffres réels sont probablement plus élevés. Les violences commises sont constitutives de crimes contre l’humanité, avait conclu la commission d’enquête internationale rapidement après les faits.

Pendant plusieurs années, Marietou et tant d’autres victimes, et leurs proches ont réclamé justice sans succès. 13 ans après les faits, 11 accusés comparaîtront au tribunal de Conakry parmi lesquels l’ex-dictateur guinéen Moussa Dadis Camara, auquel la commission internationale  a imputé  une « responsabilité criminelle personnelle et une responsabilité de commandement » ainsi que dix autres anciens responsables militaires et gouvernementaux.

Avec ce procès, des centaines de victimes et proches, constituées en parties civiles ou non, et les organisations de défense des droits humains et de défense de droits des femmes, voient enfin arriver le jour tant réclamé depuis 13 ans.  Comme l’a si bien dit Mariétou, « Si le procès commence, je me sentirais soulagée. C’est une libération. Si je vois celui qui m’a violée, je serais à l’aise. J’aurais obtenu justice et vérité. ».

Toute la communauté des défenseurs/es des droits humains et de droits des femmes et des filles se réjouit de la tenue de ce procès qui constitue une lueur d’espoir pour les nombreuses victimes qui attendent depuis 13 ans.

Comme toute la communauté, le WilDAF-AO apporte son soutien aux victimes et attend que justice soit faite. Le réseau compte suivre avec grande attention et un vif intérêt ce procès jusqu’à son dénouement et mobilise son réseau national à cet effet.