« La propagation accélérée des discours de haine est une menace pour toutes les communautés. Notre meilleure défense est l’éducation, qui doit être au cœur de tout effort de paix », a déclaré Audrey Azoulay, Directrice générale de l’Organisation des Nations Unies pour l’éducation, la science et la culture (UNESCO).
Hausse sensible des actes antisémites et des discours islamophobes
L’UNESCO déplore une recrudescence des discours de haine partout dans le monde. Les messages de haine et les théories du complot qui ciblent des communautés et en font des boucs émissaires sont de plus en plus répandus sur les plateformes en ligne, a-t-elle regretté.
Selon une récente enquête menée par l’UNESCO et IPSOS dans 16 pays, 67% des utilisateurs d’Internet déclarent avoir été confrontés à des discours de haine en ligne et 85% se disent préoccupés par l’impact et l’influence de la désinformation sur leurs concitoyens, la considérant comme une menace réelle susceptible de déstabiliser les sociétés.
A la suite de l’attaque sanglante du Hamas le 7 octobre en Israël et des représailles israéliennes, l’Anti-Defamation League a constaté une augmentation de 337% des incidents antisémites aux États-Unis, de 320% en Allemagne et de 961% au Brésil par rapport à l’année précédente, ainsi qu’une augmentation de 818% aux Pays-Bas par rapport aux trois dernières années.
L’Institute for Strategic Dialogue (ISD), basé au Royaume-Uni, a également constaté que le volume des discours anti-musulmans sur YouTube avait été multiplié par 43 entre les quatre jours précédant et suivant l’attaque.
L’éducation, un outil de prévention des discours de haine
C’est dans ce contexte que l’UNESCO a décidé de dédier cette Journée internationale de l’éducation au rôle « crucial » du système éducatif et des enseignants pour lutter contre les discours de haine.
« Les discours de haine qui sont en pleine augmentation aujourd’hui constituent une menace pour la paix. On assiste à une prolifération des discours racistes, des discours xénophobes, des discours antisémites, en particulier sur les plateformes numériques ; ce qui a un impact sur les droits de l’homme des groupes concernés qui peuvent se retrouver discriminés, menacés physiquement, et plus généralement, ça a un effet sur la stabilité des sociétés concernées. L’éducation peut être un outil de prévention des discours de haine et de garantie de la paix en général », insiste Karel Fracapane, responsable du programme de lutte contre les discours de haine à l’UNESCO au micro d’ONU Info.
« Il est de notre devoir collectif de donner aux élèves les moyens de déconstruire les discours de haine. Nous devons établir par l’éducation les bases de sociétés solidaires, démocratiques et respectueuses des droits de l’homme. Pour y parvenir, il nous faut mieux former et soutenir les enseignants car ils sont en première ligne pour contrer ce phénomène », a souligné, de son côté, Audrey Azoulay.
L’UNESCO plaide pour que les Etats donnent aux élèves les moyens de déconstruire les discours de haine afin d’établir les bases de sociétés solidaires, démocratiques et respectueuses des droits de l’homme en formant et soutenant les enseignants, en première ligne pour contrer ce phénomène.
L’apprentissage pour une paix durable
De son côté, Yasmine Shérif, la Directrice général d’« Éducation sans délai », le Fonds mondial des Nations Unies pour l’éducation en situation d’urgence et de crise prolongée, a souligné, à l’occasion de cette Journée, l’importance de l’éducation en tant que condition de réalisation de la paix, de sociétés fortes et d’un monde meilleur.
Dans le monde, plus de 224 millions d’enfants touchés par des crises n’ont pas accès à l’éducation et leur quotidien est trop souvent un combat pour survivre
Mme Shérif dresse cependant un constat amer sur un monde « déchiré par l’injustice, l’oppression, le racisme, la xénophobie, la peur, l’avidité et les conflits violents » dont les enfants d’âge scolaire en sont les premières victimes.
« Aucun enfant à Gaza – soit 600.000 filles et garçons – n’a accès à l’éducation. En Afghanistan, 80% des filles et des femmes d’âge scolaire, soit 2,5 millions de filles et de femmes, ne sont pas scolarisées et voient leur droit fondamental à l’éducation systématiquement bafoué en raison de leur genre. En Ukraine, l’année scolaire de 300.000 enfants risque d’être compromise. Au Soudan, 19 millions d’enfants ne sont pas scolarisés en raison du conflit violent qui touche le pays. En Éthiopie, 7,6 millions d’enfants ne vont pas à l’école en raison d’une combinaison de crises, notamment les conflits armés, les répercussions du changement climatique et les déplacements forcés », a déploré la Directrice générale du Fonds.
Dans le monde, plus de 224 millions d’enfants touchés par des crises n’ont pas accès à l’éducation et leur quotidien est trop souvent un combat pour survivre, indique-t-elle.
« En donnant à tous les enfants et adolescents la possibilité de réaliser leur droit à l’éducation, en ne laissant aucun d’eux de côté grâce à une action positive en faveur des filles, des enfants handicapés et des réfugiés, et en leur permettant de garder espoir, de trouver un sens à leur vie malgré leur histoire, et de continuer à suivre leurs aspirations, nous investissons dans l’humanité et la coexistence pacifique sur la planète », conclut Mme Shérif.
Source:news.un.org