Une fillette de 9 ans violée par son maître coranique, tombe enceinte et est sur le point d’accoucher par césarienne dans un peu plus d’un mois. La nouvelle choque toujours l’opinion au Sénégal. La population, surtout les défenseures des droits de la femme et de l’enfant, se remet à peine de ce choc, lorsqu’un autre cas se produit.
Mercredi, le premier jour de l’an, une autre fillette, 12 ans, a été retrouvée morte dans la salle de douche d’un voisin de la famille à Malika, une banlieue de Dakar. Le présumé meurtrier a été arrêté plus tard.
« C’est abominable, il n’y a pas de mot pour qualifier ça », rougit Ahmadou Makhtar Kanté, Imam à Dakar, qui a accepté de nous parler du phénomène.
« Aujourd’hui, il y a le cas de Awa, il y a aussi beaucoup d’autres cas. Je pense notamment à la jeune tétraplégique violée qui s’est retrouvée enceinte », confie à BBC Afrique la journaliste et formatrice en genre Diabou Bessane Diouf.
Les cas de violences sexuelles ou de viol sur les femmes, surtout sur des mineures, deviennent de plus en plus récurrents, selon les associations de défense des droits de la femme au Sénégal.
Selon l’Association des juristes sénégalaises (AJS) qui suit de près ce phénomène dans le pays, en 2023, les 9 boutiques de l’association présentes dans 7 régions du Sénégal, ont enregistré 166 cas de violences sexuelles. 87 % des cas concernent des femmes et des filles, selon Mme Coumba Gueye KA, la Secrétaire exécutive.
« Ces chiffres ne sont cependant pas exhaustifs, car ils ne concernent que 7 régions et 9 boutiques de droit. Il y a de nombreux cas qui ne sont pas dénoncés ».
Ces associations réclament de la flexibilité de la loi sur l’avortement en cas de violence sexuelle sur la femme et plus d’engagement des autorités du pays à protéger la femme et la jeune fille.
Des témoignages qui font froid dans le dos

Crédit photo, Mme Mona Chasserio
Entre Pikine et Guediawaye, deux banlieues de Dakar, se trouve la « Maison rose » qui accueille des jeunes femmes et des mineures victimes des violences sexuelles et de viol. Là, nous avons vu ce que certaines féministes appellent « la méchanceté des hommes au Sénégal ».
Des femmes, des mineures de 12 et 14 ans, certaines parmi elles sont enceintes. Et des enfants, des tout-petits qui s’amusent dans la cour, des produits du viol, nous confie-t-on.
Parmi ces jeunes femmes et mineures enceintes ou devenues précocement maman, il y en a qui sont encore sous le choc de ce qui leur est arrivé. D’autres semblent accepter « leur destin » et essaient de reconstruire leur vie dans ce centre grâce au travail de personnes qui ont pris sur elles de les écouter, les aider à se débarrasser de cet immense poids qu’elles ont sur le dos.
Le centre accepte et accueille toutes les jeunes femmes victimes des violences sexuelles et qui sont traumatisées par leur situation. « Nous avons des filles de 14 ans, violées à tour de rôle par des membres et proches de leur famille. J’ai aidé à accoucher une fille de 12 ans violée à plusieurs reprises par des marabouts. Et nous les aidons à aimer les bébés ».
« Toute la souffrance du Sénégal est là, ici », nous confie Mona Chasserio, Officier de la Légion d’honneur, présidente-fondatrice de la Maison rose.
Dans le lot des victimes des violences sexuelles, Anne (nom d’emprunt pour protéger son identité), 19 ans, mère d’une fille de 4 ans et d’un petit garçon, tous les deux enfants issus des viols qu’elle a subi, a accepté de nous parler. Un moment plein d’émotions, puisqu’elle n’a cessé de pleurer durant toute l’interview, se rappelant ces jours sombres.
L’entretien est entrecoupé par moment des pauses pour permettre à Anne de se vider, de retrouver son souffle. « Mon oncle m’a violée et a pris un couteau pour me menacer de ne rien dire à personne », confie-t-elle, en éclatant en sanglots à la suite de cette phrase qu’elle a difficilement prononcée.
« Depuis qu’elle est arrivée ici (Ndlr, Maison Rose), on n’a pas parlé de sa mésaventure. C’est comme ça que nous fonctionnons chez nous. Nous n’abordons pas le sujet avec la victime, de peur de remuer le couteau dans la plaie. Jusqu’à ce qu’elle-même se sente capable d’en parler. Dans son accompagnement, on laisse le temps faire le grand travail de guérison », indique Mme Chasserio.
« Il m’a dit que si je dis ça à quelqu’un, il me tue. C’est pour cela que je me suis tue. Je n’ai rien dit à personne pendant 5 mois. Je ne savais même pas que j’étais enceinte. C’est ma tante qui me l’a dit quand elle voyait mon état », continue la jeune fille, toujours en larmes.
Anne a été donc violée la première fois par son oncle (le petit-frère de sa maman) lorsqu’elle avait 15 ans. Elle a fini par avouer le nom de son violeur à son père qui lui a mis la pression. Malheureusement, quand ce dernier a su qu’elle était enceinte à la suite de ce viol, « il m’a chassé de la maison ».
Elle a été recueillie par l’oncle paternel qui l’a aidée jusqu’à son accouchement, avant de rejoindre sa grand-mère en Casamance (une région au sud du Sénégal) où elle a travaillé comme femme de ménage pour nourrir sa fille.
Le malheur de la jeune femme ne s’est pas arrêté là. Elle a été violée une deuxième fois par un homme qui lui a promis de l’aide, et chez qui elle travaillait comme femme de ménage à Grand Yoff, une banlieue de Dakar.
« J’ai voulu avorter, mais quand je suis arrivée à la Maison rose, les accompagnatrices m’ont parlé de la relation entre mère et bébé et la nécessité pour moi de garder mon enfant. Aujourd’hui, j’ai une fille de 4 ans et un garçon de 2 mois. A 19 ans, je suis en même temps leur père et leur mère », dit-elle avec une voix tremblante.
« Au début, quand je suis arrivée ici, je ne parlais à personne. Je gardais et vivais seule ma douleur. Mais grâce à l’accompagnement, j’ai commencé à reprendre confiance en moi. Je partage aujourd’hui tout dans la solidarité avec les autres victimes dans la maison. Ici, on me donne de l’amour, j’ai où dormir, je mange et on s’occupe de mon enfant ».
Anne envisage aussi d’apprendre la restauration plus tard.
Le phénomène tend à être banalisé au Sénégal, selon les défenseurs des droits de la femme et autres féministes avec qui nous avons réussi à parler. Dans la plupart des cas, on tente d’imposer l’omerta aux victimes qui vivent recroquevillées sur elles-mêmes selon les féministes.
…Mais des voix s’élèvent au Sénégal

Crédit photo, Mme Diabou Bessane Diouf
Les défenseures des droits de la femme, notamment des associations de femme s’élèvent aujourd’hui contre les violences sexuelles qui se multiplient dans le pays. « Il a fallu du temps pour en arriver là, mais on va continuer à se battre », indique Mme Diabou Bessane Diouf.
Ces associations qui ont créé une plateforme des femmes au Sénégal, se font entendre ces derniers jours pour réclamer justice aux victimes des violences sexuelles. Elles réclament également des places dans les sphères décisionnelles pour participer à l’élaboration des politiques publiques qui puissent protéger les femmes et la jeune fille au Sénégal.
Elles invitent l’Etat du Sénégal à plus d’engagement afin de mettre fin à ce que les féministes considèrent comme un mutisme qui entoure phénomène.
Dans tous les cas, selon elle, les langues commencent à se délier. « Maintenant, cette omerta tend à diminuer parce que les femmes osent dénoncer et dire que c’est telle personne qui a commis ce forfait », ajoute-t-elle.
S’agissant du cas de la fillette de 9 ans, Awa, violée par son maître coranique, qui doit accoucher le mois prochain, Mme Diouf regrette que des gens fassent pression qu’on libère son « bourreau » et qu’on lui donne la fillette en mariage. « Ce serait très dommage, parce que subir tout cela et qu’on ne laisse pas la justice aller jusqu’au bout, qu’on la donne en mariage à son bourreau, je pense que c’est tout à fait inacceptable ».
Mme Diabou Bessane Diouf indique que c’est sur ces genres de cas qu’on attend le plus l’Etat qui ne doit plus laisser les victimes à leur sort. Souvent, ce sont des femmes qui organisent des quêtes pour soutenir « les petites filles victimes de viol », selon elle.
« L’état actuel de cette fillette est très désolant, car il s’agit d’une enfant de 9 ans, encore en âge scolaire, victime de viol suivie d’une grossesse. En tant que défenseure des droits des femmes, mais aussi en tant que maman et grande sœur, je trouve cette situation profondément difficile », regrette Mme Coumba Gueye KA, juriste et Secrétaire exécutif de l’Association des juristes sénégalaises (AJS).
« Ces petites filles, qui ont été victimes du viol, font aussi partie de ce pays et ont besoin d’être appuyées et aidées. Mais à chaque fois, ce sont des bonnes volontés qui volent à leur secours et aux besoins des enfants qu’elles mettent au monde ».
La fillette est soutenue aujourd’hui par l’Association des juristes sénégalaises (AJS) et le Collectif des féministes du Sénégal. Une quête a été lancée pour demander aux bonnes volontés leur contribution pour permettre à la petite fille de couvrir les frais de la césarienne.
« Nous nous activons, avec le soutien d’associations et du ministère de la Famille, qui suit l’affaire à travers sa direction, notamment via une visite sur place. Nous suivons de près cette affaire avec notre avocate qui a été sollicitée pour assurer le suivi juridique », témoigne Mme KA.
Controverse dans le débat sur l’avortement et l’arsenal juridique du Sénégal

Crédit photo, Mme Mona Chasserio
En Afrique en général, et notamment au Sénégal, le débat sur l’avortement est houleux entre les associations de défense des droits de la femme et les décideurs politiques, surtout s’il s’agit des grossesses survenues à la suite d’un viol ou d’un inceste. Les femmes continuent de mener cette bataille farouchement.
Beaucoup d’Etats ont signé et ratifié le protocole de Maputo, adopté en 2003, mais dans la réalité, ils hésitent à mettre en œuvre les dispositions de cette loi qui constitue l’un des premiers cadres juridiques de protection des libertés des femmes et de la jeune fille en Afrique.
Le Sénégal a des lois qui sont en contradiction avec les dispositions de ce protocole, notent les défenseuses des droits de la femme. Les dispositions ne permettent pratiquement pas l’interruption volontaire de la grossesse, sauf uniquement pour sauver la vie de la femme. C’est-à-dire l’avortement est autorisé dans certaines circonstances, mais non dans toutes celles énumérées dans le protocole de Maputo.
Autrement, l’avortement est restreint. Les lois sur l’avortement sont vagues et sujettes à des interprétations, selon les féministes et autres associations de femme.
Le protocole de Maputo reconnaît l’accès à un avortement médicalisé dans certaines conditions, devenant ainsi un droit humain auquel les femmes doivent jouir sans restriction.
La Charte des droits de l’homme de l’Union africaine (UA) autorise l’interruption volontaire de la grossesse lorsque la vie ou la santé physique ou mentale de la femme est menacée. Il en est de même en cas de viol ou d’inceste ou encore de dysfonctionnement fœtal grave, selon un rapport de 2020 de l’institut Guttmacher intitulé « From Unsafe to Safe Abortion in Sub-Saharan Africa: Slow but Steady Progress ».
Le Sénégal a ratifié tous ces instruments juridiques. Il est signataire de la Convention contre l’élimination de toutes les formes de discriminations à l’égard des femmes (CEDEF) et son protocole facultatif. Selon Mme Diabou Bessane Diouf, la Constitution et les lois du Sénégal en général garantissent l’égalité entre les femmes et les hommes. Et il y a même une loi sur la pénalisation du viol.
« Le Sénégal doit prendre ses responsabilités »

Crédit photo, Mme Coumba Gueye KA
Aujourd’hui, il faut souligner les efforts déjà accomplis, notamment avec la loi de 2020 qui criminalise le viol et la pédophilie, et son application satisfaisante, selon Mme KA de l’AJS. Toutefois, il est essentiel de poursuivre la sensibilisation à l’échelle nationale pour informer la population sur ces lois.
Les associations de défense de la femme reconnaissent qu’elles ne peuvent pas exiger le droit à l’avortement, puisque le Code pénal du Sénégal dans son article 366 le proscrit. Mais « juridiquement, on peut dire qu’il y a un arsenal qui est là et qui peut être renforcé pour pouvoir protéger les femmes. Le problème qu’on a, c’est justement celui de l’application de ces lois. Il y a des résistances qui font que ces lois ne sont pas suffisamment appliquées pour mieux protéger ces femmes », dit Mme Bessane Diouf.
Et Mme Coumba Gueye KA, juriste et Secrétaire exécutive de l’Association des juristes sénégalaises (AJS) de renchérir : « Dès l’instant que le Sénégal a signé le Protocole de Maputo qui stipule qu’en cas de viol ou d’inceste, l’avortement doit être autorisé, conformément à l’article 14 du protocole, le Sénégal a l’obligation d’autoriser l’avortement dans les cas de viol ou d’inceste, conformément à ses engagements internationaux ».
La juriste appelle l’État à respecter ses engagements internationaux et à transposer les dispositions du protocole de Maputo « dans notre législation nationale ».
Aussi, elle invite le Sénégal à allouer davantage de moyens aux enquêteurs pour leur permettre de mener des investigations efficaces et établir les infractions de viol et d’inceste, et mettre en place un fonds d’assistance pour les victimes pour leur permettre une réhabilitation sociale.
« J’ai fait partie de l’équipe qui a organisé cette sensibilisation avec les officiers de police judiciaire. Ceux-ci ont montré une réelle volonté de poursuivre les enquêtes sur les cas de violences sexuelles. Leur principale préoccupation est d’être mieux équipés et formés, car ils sont souvent les premiers à recevoir les victimes », plaide la juriste.
Son association, AJS, travaille en étroite collaboration avec le gouvernement à travers le ministère de la Famille, pour prendre en charge les victimes des violences sexuelles. Mais il demeure toujours des résistances pour freiner les efforts qui sont faits.
Ces résistances, selon Mme Bessane Diouf, sont d’ordre social, religieux, de tout ce débat qu’il y a autour de l’avortement et de cette tentative de ne pas toucher à la sacralité de l’enfant à naître. Elle pense que la situation n’a pas été suffisamment expliquée à la population, surtout à ceux qui font de la résistance.
« Parce qu’on ne leur dit pas de faire des avortements à tout-va. Il s’agit des cas bien précis. Dans le cas d’inceste, il se pose l’identité de cet enfant qui va grandir dans une société. Imaginons l’état de la victime de viol ou d’inceste à qui on impose de garder cet enfant et de l’éduquer malgré les circonstances », explique la féministe qui ajoute qu’une alternative doit être donnée à la victime pour ne pas garder cet enfant.
Débat sur le protocole de Maputo : une relance envisagée ?
A la question de savoir pourquoi le Sénégal, qui a ratifié le protocole de Maputo, n’autorise pas dans ses textes les femmes victimes de viols et d’inceste à avorter.
Rokhaya Diakhaté, Directrice de la Famille et de la Protection des Groupes Vulnérables, nous renvoie la balle au peuple sénégalais.
« Je ne saurais me prononcer sur de potentielles modifications de la constitution dont la prérogative revient au Peuple sénégalais », affirme Mme Diakhaté.
« Le Ministère de la Famille est ouvert à toutes les actions favorisant la promotion des droits et la protection des femmes et des filles. En collaboration avec les autres départements ministériels concernés, notamment ceux en charge de la justice et de l’intérieur, nous sommes prêts à relancer le dialogue sur le protocole de Maputo », renchérit-elle.
Concernant le cas de la petite Awa, victime de viol suivi de grossesse dont l’auteur et son maitre coranique, la directrice de la Famille et de la Protection des Groupes Vulnérables précise : « le Ministère de la Famille et des Solidarités a immédiatement déployé une équipe spécialisée pour le suivi psychosocial de la jeune victime. Une délégation s’est rendue à Joal sur instructions de Maimouna Dieye, Ministre de la Famille et des Solidarités afin d’apporter un soutien à la famille, et de les accompagner durant cette période extrêmement difficile.»
Selon Rokhaya Diakhaté, le Gouvernement du Sénégal est en train de tout mettre en œuvre pour éliminer toutes actions pouvant paraître discriminatoires. Cependant, elle estime que cet objectif ne sera atteint que dans le cadre d’un dialogue et d’un consensus « afin de préserver notre stabilité et prendre en compte nos réalités sociales et culturelles. »
Point de vue des religieux

Crédit photo, Ahmadou Makkhtar Kanté
Bien évidemment, la religion, qu’elle soit musulmane ou chrétienne, est contre l’avortement. Cependant, elle condamne rigoureusement le viol et les autres formes de violences sexuelles exercés sur la femme ou la jeune fille.
Pour Ahmadou Makhtar Kanté, Imam et écrivain à Dakar, aucune société humaine ne peut accepter ces violences sexuelles, « qu’elles soient exercées sur une femme, une fille mineure ou sur un garçon ». « En tout cas du point de vue du droit islamique, il est interdit d’entretenir des relations sexuelles hors-mariage, la fornication. Le Coran dit : « Ne vous en approchez pas ! » Ce qui fait que c’est plus grave quand il s’agit de violence sexuelle, surtout sur une personne mineure ».
Dans le cas de la fillette de 9 ans violée par son maître coranique, M. Kanté souligne que le violeur sait très bien que les écritures saintes interdisent cela. « Il sait que si le droit islamique était appliqué, c’est la peine capitale ». Il ajoute que c’est la faute à l’organisation de la communauté africaine où les jeunes filles sont laissées aux maîtres coraniques.
S’agissant de la victime tombée enceinte à la suite du viol ou de l’inceste, l’imam évoque d’abord la loi sénégalaise qui interdit l’avortement sauf si la vie de la femme est en danger, surtout lorsque cela est certifié par un médecin assermenté. « Cette loi est conforme au droit islamique », indique-t-il.
En dehors de la loi, poursuit-il, la vie est sacrée et donc la femme qui porte la grossesse doit la protéger.
Le droit canon de l’Église catholique considère l’avortement comme un acte criminel, un délit, un acte peccamineux. Le législateur ecclésiastique condamne l’Avortement et le punit avec fermeté au même titre que l’homicide, selon le Code Canon 1397.
S’agissant d’une grossesse intervenue après le viol, l’Église catholique, tout en condamnant les violences sexuelles exercées sur la femme et les mineurs garçons comme filles), indique dans son document qu’ « On ne doit pas ajouter de la violence à la violence, dans la recherche de paix (intérieure ou extérieure) ».
« L’enfant, bien que conçu dans des circonstances si dramatiques, est tout de même innocent et sa vie est à défendre comme celle de toute autre créature innocente. La vie innocente ne tire pas sa valeur de l’intention de celui qui l’a engendrée, car il s’agit d’une valeur intrinsèque et non relative ou dépendante du libre-arbitre d’un autre ».
L’Imam Kanté revient pour pointer du doigt accusateur : la vie communautaire même au Sénégal, qui favorise le phénomène. « Cette façon de laisser les jeunes filles, au Sénégal et dans d’autres pays musulmans, d’apprendre le Coran, les expose à la promiscuité et à ce genre de crime. C’est tout cela qu’il faut revoir. Les maîtres coraniques doivent être mieux sensibilisés », dit l’Imam qui conseille qu’il faut recruter le personnel féminin pour l’enseignement du coran aux jeunes filles, avant de proposer une enquête de moralité sur la personne qui enseigne les écritures saintes et les lieux dédiés, le daara notamment, pour le faire.
L’imam demande en outre que les femmes victimes de violences sexuelles ou de viol soient correctement prises en charge pour éviter qu’elles ne commettent l’avortement. Il a surtout insisté sur le regard de la communauté qui souvent accuse la femme d’être responsable de ce qui lui est arrivé.
Source:https://www.bbc.com/afrique/articles/c8xj0yq52jgo