Au Sénégal, les manifestations du 1er et 2 juin qui ont suivi la condamnation de l’opposant politique Ousmane Sonko à deux ans de prison ferme pour corruption de la jeunesse ont provoqué la mort de 16 personnes officiellement, 23 selon Amnesty International, et plus de 350 personnes ont été blessées. Mais le réseau des féministes du Sénégal s’insurge que ne soient pas pris en compte les 8 cas d’agressions sexuelles qu’elles ont comptés en marge des manifestations.
Plusieurs cas de viols ou d’agressions sexuelles ont été signalés à Diamniadio, à Ziguinchor, ou à l’université cheikh Anta Diop de Dakar en marge des manifestations du 1er et du 2 juin…
Le réseau des féministes du Sénégal est encore en train d’essayer de contacter les victimes et a lancé un appel à témoignage sur les réseaux sociaux. Avec la condamnation d’Ousmane Sonko pour corruption de la jeunesse alors qu’il était accusé de viol, et que dix ans de réclusion criminelle avaient été requis. D’ailleurs Adji Sarr a interjeté appel après la condamnation de l’opposant à deux ans de prison. L’ancienne masseuse avait porté plainte il y a plus de deux ans contre l’opposant pour « viols répétés » et « menaces de mort ».
Ndeye Khady Babou, l’une des coordinatrices du réseau, craint que les prochaines victimes n’osent plus porter plainte.
« Plusieurs affaires (tendront), je dirais, à décourager les victimes parce que les victimes auront tendance à se demander que va désormais valoir leur parole. Nous, on a peur du message que la justice sénégalaise est en train de lancer à sa population féminine. »
Alors que le viol a été criminalisé en janvier 2020, Ndeye Khady Babou dénonce une banalisation de la culture du viol. « Que ce soit du côté de l’opposition ou du côté du pouvoir, ils ont réussi à fragiliser la parole et le corps des femmes. L’un comme l’autre n’ont pas vraiment joué leur rôle de défenseurs des droits des femmes. »
Près de 9 % des Sénégalaises de 20 à 24 ans affirment avoir été victimes de violence sexuelle, selon l’Agence nationale de la statistique et de la démographie (2019).
Source:rfi.fr